Comment dire ? Les défauts de
Mont-Blanc-Winnipeg Express, en définitive, en font certainement sa principale qualité. Comment dire ? Les poèmes de Seream ne sont pas tous de la même intensité, ni de la même qualité. Pour le dire simplement, certains poèmes ont l'air d'avoir été écrits par un écolier fier d'associer myrtilles et papilles, fromage et paysage, rouleaux et châteaux (voir le poème en ouverture, vous serez servi!).
Mais, étrangement, c'est ce qui rend le poète, au fil de la lecture, attachant. On retrouve une sorte de candeur, détachée des enjeux littéraires, écriture-désinvolture, comme le vent qui nous pousse et qui nous mène (voir Et le vent souffle au Manitoba). Certains poèmes sont des pépites qui captent le quotidien avec une exactitude et une poésie qui nous font continuer la lecture, malgré les faiblesses. Il y aussi ce regard décalé, extérieur, de celui qui arrive, franchouillard, dans ce bled WInnipeg (sorte de Winnipeg mon amour de
Guy Maddin) et qui nous offre quelques trouvailles. C'est pendant ces quelques moments que l'on valide le clin d'oeil à Brautigan (Montana-Tokyo express), même si j'ai plutôt pensé à London, Jack, le vagabond des rails... Un côté juvénile, en marge, avec l'idée de raconter ce qu'il lui arrive, que ce soit intéressant, ou beaucoup moins, ça fait partie du voyage, ça fait partie de la vie.