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Citations sur Les enfants des rues étroites (11)

La liberté coutait cher. Mais rien ne pouvait faire reculer ces hommes [les Marocains] qui avaient cessé de penser à eux le jour où leur décision avait été prise. Leur espoir? Permettre à leurs enfants de voir le jour dans un monde où le soleil se lèverait pour eux, où les oiseaux chanteraient, où les étoiles vrilleraient pour eux. Avec leur foi et leur courage, ils avaient dit «ça suffit» au Pouvoir colonialiste. Et le pouvoir avait répondu par un des crimes les plus sanglants de toute l'histoire coloniale. «Ce n'était pas aussi grave qu'en Algérie, répétaient des voix. Il ne fallait tout de même pas exagérer.» Et moi, je demande : centaines ou milliers de morts, où est la différence?
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Ton père avait onze ans à l'époque et aucune possibilité de penser à son avenir. Anticiper est d'ailleurs un blasphème. L'avenir appartient à Dieu seul. "Tu n'iras que là où Allah voudras bien que tu ailles."
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- Il est des jours où je ne sais pas parler, où je ne sais pas penser non plus. Je ne suis qu'une parole, pas un faiseur de miracles. J'ai, au fond de moi, des mots pour dire l'exil et la nostalgie, pour raconter les blessures dites ou non dites d'une histoire sombre, sans visage. La mort n'est pas mon domaine. Votre problème est compliqué, car c'est le problème de tout le monde. Et vous refusez de ressembler au commun des mortels. La peur bleue du lendemain hante les esprits fermés au sourire. Je suis une parole dans un corps multiple, à la mémoire absente et à l'histoire déchirée. Votre problème! Supprimez tout le monde : comme ça, il n'y aura personne pour vous rappeler votre propre mort. Rester seul. Oublier la mort puisqu'il n'y aura plus de morts à attendre. Resteront l'angoisse, la solitude et la culpabilité! Je suis une blessure dans les mémoires, le regard chargé de haine et de quelques images flottantes. Mon corps usé, enfermé dans une peau étroite, devine l'avenir tracé en pointillés sur une terre sans visage, sans nom et sans histoire...
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Dans les spéculations théologiques et arithmétiques du père directeur, l'Intelligence suprême qui gouverne l'univers au moyen de l'harmonie des nombres ne renonce pas, elle non plus, à sa fureur vengeresse. Tout comme Darwin, abattu par la mort de sa petite fille, ou Nietzsche pourri par la syphilis et la folie, ou l'empereur Dioclétien dévoré par des ulcères pestilentiels, Gagarine l'impie attendait lui aussi son châtiment : lui qui avec un tel orgueil se vantait d'avoir piloté un vaisseau spatial depuis lequel il n'avait pas vu Dieu est mort l'an passé dans un accident d'aviation, brûlé vif entre les tôles ardentes de son avion de chasse.
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Quand l'espoir naît de la misère, le rêve fait perdre la tête.
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Ma valeur d'Homme, ma valeur d'Arabe, ma valeur de Musulman, je l'avais entre les jambes. Quant à mes sœurs, c'était "l'honneur de la famille" qu'elles portaient entre les jambes. La virilité pour les uns, l'honneur pour les autres. Nous avions chacun une tâche précise à accomplir, une limite à respecter, un engagement à remplir, une corvée à trimbaler toute notre vie comme une dette, une vertu, un privilège, une servitude, une corvée de honte et de fierté mélangées.
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L'histoire garde encore des noms qui font hurler les morts et trembler les vivants. Des mots forgés dans la misère, dans la peur et dans la bêtise de ceux qui ne peuvent contrôler leur instinct sanguinaire. La parole faisait des miracles. Et l'histoire ne cesse de reproduire des monstres.
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Décidément la sensibilité, comme la misère, est l’apanage des petites gens.
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Comme nous n'avons pas de droits et ne connaissons pas nos devoirs, nous faisons parler l'argent à notre place. Vous savez, notre terre ressemble à un échiquier et aucun pion n'est à sa place. Malgré tout, la partie continue...vers l'échec.
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Fais tourner ta roue, ma fille. La rue offre le meilleur des spectacles. Fais-la tourner puisque tu n’as pas de parents capables d’assurer ton éducation. Il n’y a plus de honte, plus de pudeur, plus de respect. Et on s’étonne que la prostitution batte son plein, qu’il ne pleuve plus, que les mosquées soient vides, que le père abandonne ses enfants, qu’Agadir soit entièrement rasée par le tremblement de terre, que les enfants s’adonnent à la drogue et à la boisson. Fais tourner ta roue, ma fille! Et demain, les tiens s’étonneront qu’aucun homme ne se présente pour demander ta main. Tu deviendras alors vielle fille et tu donneras ton cul pour un sou au premier venu. Tu découvres aujourd’hui tes fesses et ton visage à la rue, demain Dieu fera brûler toutes ces parties que les hommes ont vues. Et peut-être, ton père est-il présent dans la foule. Il assiste à l’orgie. Les Anges d’Allah sont en train de le maudire. Et il ira en enfer. Vous irez tous en enfer car vous blessez notre regard et notre conscience. Vous précipitez le monde dans la folie. Quelle époque, Yalatif! Bientôt, les gens s’accoupleront dans la rue comme les chiens. Qu’avons-nous fait à Dieu pour mériter une jeunesse pareille? Plus de pudeur, mon Dieu! Et il n’y a même pas de Makhzen pour arrêter ça. Quelle honte!...
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