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Critique de Malavella


Prix Goncourt de la nouvelle
Et voilà, encore un Goncourt pour une femme ! Ces dernières années, il y en a régulièrement, pas encore énormément, mais les femmes sont tout de même devenues / en train de devenir des autrices que les jurys de prix littéraires commencent à apprécier autant que les maisons d'éditions et le public.
Et en plus, quel Goncourt ! Une nouvelle remarquable.


Je trouve très difficile d'écrire une critique sur ce livre, car il incite à songer, rêver éveillé à ce que sont la conscience, l'égo, beaucoup d'aspects de la vie, la vie et la mort, la création. En plus, il laisse tellement d'espace, d'ouverture au lecteur pour penser, songer soi-même qu'on se demande si on parle encore de ce livre quand on s'aventure bien loin dans ces explorations. Chacun ira son propre chemin avec les textes de Anne Serre. Je ne sais pas non plus ce qu'elle-même a vu dans son texte ou a voulu écrire.
Mais sur Babelio, on écrit ce qu'on voit soi-même dans un livre, cela peut être très subjectif.


Le style
est absolument magnifique. Très poétique, sa beauté même exprime surtout un amour pour la vie. Il peut exister grâce aux mots et tournures de phrases superbes et chaleureux, mais également grâce à ce qui n'est pas écrit. L'absence d'opnions diverses est un grand soulagement, une nécessité même si on veut faire une recherche philosophique en toute liberté. Ce qui n'est pas écrit est aussi merveilleux, car en lisant les mots écrits, on a aussi l'impression de se promener dans un tout autre domaine, qui ne fait pas partie du monde des mots, du cerveau. Et pourtant c'est décrit avec les mots.
Anne Serre observe et décrit avec une grande affection, au lieu d'analyser et de juger. Au lieu de cela, elle pense, elle tâtonne, avec beaucoup d'attention.


L'image de soi
Comment le cerveau fait-il pour fabriquer une image de soi cohérente ?
Pour commencer la recherche sur l'égo, l'auteure a déjà jeté par-dessus bord certains thèmes qui mèneraient tout de suite à des opinions, des discussions, des conflits : tous les thèmes des actualités, la politique, le changement climatique, les religions, les croyances, les guerres, les migrants sont éradiqués, avec toutes les opinions que nous avons là-dessus. Sans ces milliers d'opinions, commence une observation déjà bien différente.


L'auteure ne nous donne pas des règles strictes, mais tout le livre tourne autour de ce sujet. Tous les aspects que le cerveau utilise pour constamment se (re)fabriquer une image de soi cohérente, sont approchés. Tâche bien difficile, pour ce cerveau (pourtant malin), car bien vite on se rend compte que la ‘personne' est constituée de fragments différents, que l'unité n'est qu'apparance.


Conclusion
Un livre peut-être agaçant, mystérieux ou même cryptique pour les personnes qui ne se sont jamais intéressées à l'image de soi et n'ont pas d'ouverture pour approcher l'identité, la vie, la mort.
Sinon, une découverte, un petit joyau, tellement il est beau.
Mais aussi un livre qui rend heureux, tout simplement parce qu'on se rend compte qu'il y a encore des personnes intéressées dans cet égo superflu, les mécanismes du cerveau pour se construire, et qui peuvent découvrir ainsi, peut-être, une forme de vie où l'égo avec ses croyances et ses tracas, n'est plus nécessaire, ne présente plus aucun intérêt, qu'il se manifeste ou non. Alors le temps qui ne fait plus partie du temps, la vie et la mort (qui ne peuvent exister l'un sans l'autre), ainsi que la création, sont là.


En prime...
Comme je l'ai déjà mentionné, ce livre laisse au lecteur un si grande ouverture, tant d'espace, qu'on va son propre chemin avec ce qu'on a lu.
Voici un exemple d'une interprétation sans doute très personnelle du livre - mais qui sait, peut-être juste ?
Quand on arrive à la fin d'une nouvelle, elle s'achève totalement. Après suivra une autre. Mais même si ces autres nouvelle parlent de la même personne, de la même famille, etc., jamais Anne Serre ne reviendra sur quoi que ce soit qui a été écrit avant. Une fois une nouvelle finie, elle est entièrement terminée - la mort, et quelque chose de totalement nouveau surgit - la vie. Avec les deux, il y a création.
Et puis, il y a cette toute dernière nouvelle, .
Rien de cela n'est écrit en toutes lettres, ou très peu. Mais à la lecture de ce livre, l'auteure m'a emmenée dans un domaine que j'explore déjà. J'ai lu son monde, ses histoires, comme des pensées, une façon de vivre qui concorde beaucoup avec ma vie, mes explorations, et donc je l'ai ressenti ainsi.
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