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Critique de JIEMDE


Aspirine, c'est un peu Orangina rouge : mais pourquoi est-elle aussi méchante ?

Et le rouge ça lui va plutôt bien à Aspirine, vampire rousse depuis près de 300 ans, enfermée dans une vie sans fin qui se répète d'époque en époque, éternelle ado qui saigne chaque jour quelques victimes pour se refaire les niveaux en sang humain et qui se suicide à ses heures de désespoir pour immédiatement ressusciter.

Elle pourrait faire comme sa soeur, Josacine, et s'envoyer en l'air chaque jour avec des inconnus de passage ; mais son corps n'est pas aussi attirant que celui de son ainée. Alors elle suit sans intérêt des cours de philo en Sorbonne, hurlant sa révolte à la face du prof qui enseigne une histoire de l'humanité qu'elle-même a déjà en partie vécue. Quel sens donner à tout cela ?

C'est là qu'intervient Yidgor, attard-nerd-no life féru de jeux de rôles : pas ceux avec lesquels les ados des beaux quartiers jouent à s'inventer leur quart d'heure de rebelle, mais ceux des passionnés, capables de passer plusieurs jours et nuits de suite à combattre sur les traces de la légende de Cthulhu. Mais ces parties sont loin d'être la vraie aventure qu'Yidgor aspire à vivre enfin. Quel sens donner à tout cela ?

Sous sa patte graphique si particulière et singulière, Joann Sfar nous embarque dans l'épopée de deux solitudes en quête de sens, en mal de vie. Alors bien sûr, ça part un peu dans tous les sens, les digressions réfléchies côtoyant le portnawak maîtrisé. Et assumé, car comme Sfar le fait dire à Yidgor, « c'est mon histoire, et j'en fais ce que je veux ». Mais Aspirine est aussi un livre attachant, truffé de clins d'oeil de l'auteur à ses références cinématographiques (Carrie, Godard, Sutherland, Belmondo…), musicales (Zappa, Gainsbourg et Mélody Nelson bien sûr), philosophiques (Sartre, Beauvoir, Nietzsche…).

Selon que l'on sera disposé à suivre Joann Sfar dans ses délires ou que l'on préfèrera rester dans son univers cartésien, on prendra ou on ne prendra Aspirine. Moi je prends.

PS : un grand merci à Rue de Sèvres et à Babelio pour cette lecture en avant-première, comme pour la chouette rencontre d'hier soir avec Joann.
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