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Critique de Krout


Je me sens moralement poussé à présenter des excuses à Françoise Houdart pour lui avoir fait perdre deux heures au fin d'une interview un peu exceptionelle sur son dernier livre Eclipse alors que naïvement j'imaginais pouvoir intéresser un maximum de passionnés de littérature. J'avais développé le secret espoir d'ainsi apporter la visibilité que mériterait son talent. Hélas, cette chronique est un flop et le constat amer que nombre de Babéliotes préfèrent les autoroutes d'auteurs déjà bien établis à s'aventurer sur les chemins de traverse qui mènent pourtant régulièrement à la découverte de petits bijoux comme l'est sans contestation Eclipse. C'est donc le coeur lourd que j'ai commencé la lecture de L'architecte du Sultan...

J'avais adoré mon premier Elif Shafak et m'étais promis alors que ce ne serait pas le dernier. Musardant dans une petite librairie de Perros Guirec L'Architecte du Sultan me tendit les bras, je n'hésitai pas une seconde. Quelle bonne inspiration ! Il me permet de m'évader de la banalité routinière de l'hôpital où je suis de retour pour traiter par intraveineuse une méchante infection urinaire multirésistante. Comme dans ce très beau roman d'Elif Shafak toute vie est faite de hauts et de bas, n'est-ce pas ? Me voici donc ébloui dans cet Istambul fantasmé au temps du Sultan Salomon le Magnifique, grand commandeur des croyants, sur les pas de Jahan tout droit venu d'Hindustan avec son éléphant blanc Chota, cadeau du Shah pour honorer le Sultan tout en affichant la puissance de l'Inde. Petits cadeaux entre grands de ce XVIe siècle où l'empire ottoman étale sa puissance.

Elif Shafak est une conteuse remarquable, une des toutes meilleures de notre époque. Sa prose hypnotique m'emporte totalement et je me retrouve enfant à qui l'on raconte une belle hisoire qui pourrait durer indéfiniment et se prolonger par les rêves les plus doux, alors que je dis encore, raconte encore... Et comme chez les véritables conteuses aucun des très nombreux personnages n'est manichéen, tous ont leur propre personalité riche, complexe,attachante avec leurs failles et contradictions.

Une ode à l'architecture, aux oeuvres laissées par l'architecte impérial Sinan, trésors de l'humanité, tout comme à Rome, à la même époque travaillait, lui aussi sans relâche, un certain Michel Ange ... Une lecture qui fait tout oublier, rien ne me fera bouder l'immense plaisir que j'ai pris pendant ces longues heures entrecoupées de rêverie.
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