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sur 321 notes
Elif Shafak rend hommage à travers ce roman à l’architecte en chef de l’empire ottoman, Sinan, né dans une famille chrétienne d’origine arménienne ou grecque, qui aura servi trois sultans : Soliman le Magnifique, Selim II et Mourad et permis, par l’ampleur des travaux qu’il aura dirigés, l’assainissement et l‘embellissement d’Istanbul au cours du 16e siècle.
« L’architecte du sultan » se déroule entre 1546 et 1632, sur un fond historique avec des personnages qui ont réellement existé. Sinan a eu une longue existence, il est décédé en 1588 à l’âge de 99 ans. On est étonné devant une telle longévité et surtout qu’il ait pu occuper ce poste élevé si longtemps car les intrigues, les jalousies au sein du sérail de Topkapi rendaient souvent le maintien à de telles fonctions très précaire.

Mais c’est aussi un conte oriental, plein de péripéties, de cruauté, d’amour et de sagesse, centré sur le jeune Jahan, personnage fictif, qui va, au cours d’un voyage mouvementé qui le conduira de L’Hindoustan où il est né à Istanbul, suivre Chota un éléphant blanc offert par l’empereur Moghol Humayun au Sultan Soliman le magnifique. Car Chota est pour lui comme un frère de lait. Il a participé à sa naissance, l’a nourri. Il ne veut en être séparé à aucun prix et réussira à rester auprès de lui comme cornac.

C’est l’éléphant blanc qui en attisant la curiosité de la princesse Mihrimah fille unique de Soliman et Roxelane provoquera la rencontre de Jahan et de celle à laquelle il vouera un amour absolu.
« Outre son sourire, elle apportait des friandises pour l’éléphant —  non pas des poires et des pommes mais des confiseries royales : figues fourrées de crème épaisse, sorbet à la violette, massepains à la confiture de rose ou ces châtaignes cuites dans le miel… Chaque fois que les moeurs du sérail lui déplaisaient ou la décourageaient, elle venait rendre visite à l’animal blanc. Emerveillée, elle observait Chota avec l’air de se demander comment une créature aussi puissante pouvait se montrer si docile. L’éléphant était le sultan de la ménagerie, pourtant il ne ressemblait en rien à son père. »

C’est encore l’éléphant qui permettra à Jahan de devenir l’apprenti de celui qui n’est pas à cette époque le maître des travaux publics de l’empire. L’aide de Chota fera gagner du temps lors d’une campagne militaire en Moldavie pour édifier en dix jours un pont sur la rivière Prut. La construction proposée par Sinan ayant été une réussite sera pour lui le début de sa longue carrière au service su sultan.

Jahan est curieux et fait confiance trop facilement, ce qui dans une ville comme Istanbul et au sein du palais va lui amener bien des ennuis. Heureusement pour lui, associée à la protection pleine de sagesse, de douceur et de fermeté de Siman qui le forme, il aura aussi celle du chef des gitans, Balaban, qui l’aidera à sortir de bien des traquenards dans lesquels il tombe souvent par manque de méfiance mais aussi par orgueil.
Sinan lui dira : « Quand je t’ai vu, je me suis dit que tu avais une excellente tête sur les épaules, et que tu apprendrais vite, si seulement je pouvais te détourner des mauvaises habitudes, du passé, et te diriger vers le futur »
Et Balaban au terme de son séjour à Istanbul lui dira en soupirant : « Désolé que tu partes. Soulagé que tu partes. Tu es trop confiant pour survivre à Istanbul, frère. »

J’ai lu ce roman presque d’une traite. Il est d’une grande richesse à la fois par l’attachement qu’il fait naître entre le lecteur et les différents personnages : Jahan, Chota, Mihrimah, Sinan, Balaban le chef gitan mais aussi par un habile dosage de mystères tout au long du récit (dont il faudra attendre presque la fin pour qu’ils soient révélés).
Ajouté à cela, la fascination pour Istanbul où tous les sens sont sollicités, où les rumeurs courent régulièrement, où la peste vient faire par deux fois des ravages. Istanbul raffinée et sordide, ville de savants où la superstition règne, riche par son cosmopolitisme et le mélange bigarré de religions et de peuples qui s’y croisent et y demeurent ; richesse et grouillement de vie d’une ville, pont entre orient et occident.

Un grand merci pour ce beau moment de lecture aux éditions Flammarion et à Babelio.

A lire en complément un guide littéraire qu’Elif Shafak a accepté de faire pour l’exposition qui se déroule à Bruxelles jusqu’au 31 mai 2015 « L’empire du sultan, le monde ottoman dans l’art de la Renaissance » où figure une gravure qui a été à l’origine de ce livre recoupant cette exposition que malheureusement je ne pourrai pas voir.
La plaquette composée par Elif Shafak est téléchargeable ainsi que le guide du visiteur à ce lien :
http://www.bozar.com/activity.php?id=11618
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Au risque de passer pour la grincheuse de service, je m'en vais remonter le courant des critiques élogieuses publiées jusqu'à présent.
Autant « Soufi mon amour » m'avait emportée et emballée, autant « L'architecte du sultan » m'a laissée de marbre, aussi insensible que la pierre de tous les palais et mosquées érigés par Sinan, l'architecte du sultan. Ou plutôt des sultans, puisque, ayant commencé sa carrière, presque par hasard, au service de Soliman le Magnifique, il survivra à celui-ci et continuera à servir la dynastie ottomane sous le règne des successeurs de Soliman, jusqu'à sa mort en 1588, à l'âge canonique de 99 ans.
Mais Sinan n'est pas le personnage central de ce roman. Celui-ci raconte les aventures de Jahan, jeune garçon fraîchement arrivé d'Inde (Hindoustan), en tant que cornac (là aussi, presque malgré lui) de Chota, le bel éléphant blanc offert en cadeau au sultan. Non content d'être la seule personne capable de maîtriser Chota, Jahan a un autre don : le dessin. Cela lui vaudra de devenir l'un des apprentis de Sinan et de participer avec lui à la construction des bâtiments les plus prestigieux de l'empire ottoman.
Cette trame principale est évidemment saupoudrée d'intrigues de palais, de haines féroces et de jalousies mortelles, d'amours contrariées et d'amitiés indéfectibles, de guerres absurdes et d'épidémies ravageuses, de petites victoires et de grandes défaites, ou l'inverse. Mais tout cela est conté avec une platitude désolante, une succession d'anecdotes et de mésaventures énoncées dans un style plus documentaire que romanesque. Une foultitude de choses se passent dans ce livre, pourtant aucune n'est approfondie, aucune n'est traitée avec le souffle épique que j'attends de ce genre d'ouvrage. Toutes sont esquissées puis aussitôt abandonnées, ou bâclées, pour passer à autre chose. Certes il y a quelques fils conducteurs, comme les gitans ou la princesse Mihrimah, mais ces fils sont bien lâches, aucune tension qui donne envie de tourner les pages. D'ailleurs ce qui aurait pu être rendu comme une grande histoire d'amour impossible et tragique entre Jahan et la princesse ne m'est apparu que comme une bluette sans intérêt, qui resurgit épisodiquement pour « meubler » entre deux autres péripéties. J'ai également trouvé d'un goût douteux l'épisode initial qui relate l'assassinat sanglant de plusieurs enfants au palais, placé là artificiellement (puisque hors chronologie) pour appâter le lecteur, et qui, lui aussi, ne sera plus qu'effleuré par la suite, alors qu'il aurait mérité davantage d'explications, ne serait-ce que sur le plan historique.
Bref : ennuyeux, décevant, inabouti, personnages ne suscitant pas réellement d'empathie, tout juste Chota l'éléphant. Ce livre ne m'a pas transportée dans un conte ottoman digne des Mille et une nuits.
Merci néanmoins aux éditions Flammarion et à Masse Critique de Babelio.
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C'est le coeur plein d'appréhension que Jahan accoste à Istanbul un jour de 1546. Il a laissé sa pauvre mère entre les mains d'un époux violent mais la tentation était trop forte de suivre Chota, l'éléphanteau blanc dans son voyage vers Topkapi et la ménagerie du sultan Souleymane. Après un voyage mouvementé auquel le cornac officiel n'a pas survécu, Jahan et Chota rejoignent donc le palais où le garçon se fait passer pour un cornac et affirme venir d'Hindoustan.
Topkapi est un panier de crabes, parcouru de rumeurs, de trahisons, de crimes de sang et Jahan est un garçon gentil et naïf. Pourtant, il s'adapte, sait se faire apprécier et attire même l'attention de la princesse Mihrimah, fille unique du sultan. Sous prétexte de venir voir Chota, elle multiplie leurs rencontres et charme Jahan qui tombe irrémédiablement amoureux. Souleymane, lui, ignore l'éléphant et il faudra une campagne militaire dans les Balkans et l'aide de Chota pour construire un pont pour que Jahan et son animal soient remarqués, à la fois par leur maître et par Sinan, le chef des travaux. Promu architecte impérial, Sinan prend Jahan sous son aile et il devient son apprenti. Il restera auprès de lui jusqu'à sa mort, participant à la construction des plus belles mosquées d'Istanbul mais aussi aux travaux de rénovation et d'assainissement de la ville.

Quel magnifique roman ! Elif Shafak y convoque une Istanbul de légende où se côtoient les pauvres et les puissants. Elle décrit Topkapi et ses secrets d'alcôve, son luxe, son harem, le zoo personnel du sultan.
Au fil des années, les sultans passent et trépassent, Souleymane, Selim, Mourad, les caractères changent, les méthodes de gouverner aussi, et l'indéboulonnable Sinan continue de faire émerger ponts, mausolées et mosquées. Avec lui, Jahan grandit, prend de l'assurance, connait les tourments de l'amour et reste fidèle à son maître et à son éléphant blanc.
L'architecte du sultan est un roman d'apprentissage, une histoire d'amour, un conte oriental, une magnifique fresque historique où personnages réels et inventés s'associent pour faire revivre les beaux jours de l'Empire byzantin. On y croise aussi des gitans, des favorites, des religieux, et bien sûr, Chota, l'éléphant blanc, le meilleur ami de Jahan, le compagnon des joies et des peines.
Un roman à l'image d'Istanbul, bouillonnant de vie, d'intrigues, de mystères, de magie. Un livre qui se dévore.
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J'avais apprécié Soufi mon amour et La Bâtarde d'Istanbul, et j'étais impatiente de me plonger dans le dernier roman d'Elif Shafak. J'ignorais tout de Sinan, architecte impérial du XVI siècle, infatigable bâtisseur de l'architecture ottomane avant de lire L'architecte du sultan.
J'ai retrouvé les talents de conteuse d'Elif Shafak qui entraîne le lecteur sur les traces d'un jeune indien orphelin, Jahan, venu offrir un éléphant blanc au sultan Suleiman le Magnifique. le jeune cornac, entré clandestinement sur le bateau qui transportait l'animal, va vivre d'incessantes aventures, tombé amoureux de la belle Mihrimah, subir les intrigues de cour mais surtout il va devenir l'apprenti de Sinan…
De manière assez classique, l'auteure introduit un jeune personnage imaginaire au long parcours initiatique auprès de personnalités historiques. Mais l'intrigue s'essouffle un peu, manque de relief et surtout, Elif Shafak a modifié les faits et les dates, ce qui m'a déçue et frustrée car j'apprécie les romans historiques qui permettent de se plonger agréablement dans une période et de s'instruire de manière distrayante. Mais après des recherches sur internet, j'ai pu contempler les oeuvres du génial architecte et approfondir mes connaissances sur cette période, dommage qu'Elif Shafak n'ait pas réussi le même tour de force que Ken Follet avec son magnifique roman Les Piliers de la terre.
L'architecte du sultan permet néanmoins de passer un agréable moment de lecture et je remercie les éditions Flammarion et Babelio pour cette découverte. Laissez-vous conduire par Jahan, perché sur son éléphant blanc et vous allez bientôt apercevoir Istambul, au XVIème siècle, avec ses odeurs, ses coutumes et ses constructions.




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Je me sens moralement poussé à présenter des excuses à Françoise Houdart pour lui avoir fait perdre deux heures au fin d'une interview un peu exceptionelle sur son dernier livre Eclipse alors que naïvement j'imaginais pouvoir intéresser un maximum de passionnés de littérature. J'avais développé le secret espoir d'ainsi apporter la visibilité que mériterait son talent. Hélas, cette chronique est un flop et le constat amer que nombre de Babéliotes préfèrent les autoroutes d'auteurs déjà bien établis à s'aventurer sur les chemins de traverse qui mènent pourtant régulièrement à la découverte de petits bijoux comme l'est sans contestation Eclipse. C'est donc le coeur lourd que j'ai commencé la lecture de L'architecte du Sultan...

J'avais adoré mon premier Elif Shafak et m'étais promis alors que ce ne serait pas le dernier. Musardant dans une petite librairie de Perros Guirec L'Architecte du Sultan me tendit les bras, je n'hésitai pas une seconde. Quelle bonne inspiration ! Il me permet de m'évader de la banalité routinière de l'hôpital où je suis de retour pour traiter par intraveineuse une méchante infection urinaire multirésistante. Comme dans ce très beau roman d'Elif Shafak toute vie est faite de hauts et de bas, n'est-ce pas ? Me voici donc ébloui dans cet Istambul fantasmé au temps du Sultan Salomon le Magnifique, grand commandeur des croyants, sur les pas de Jahan tout droit venu d'Hindustan avec son éléphant blanc Chota, cadeau du Shah pour honorer le Sultan tout en affichant la puissance de l'Inde. Petits cadeaux entre grands de ce XVIe siècle où l'empire ottoman étale sa puissance.

Elif Shafak est une conteuse remarquable, une des toutes meilleures de notre époque. Sa prose hypnotique m'emporte totalement et je me retrouve enfant à qui l'on raconte une belle hisoire qui pourrait durer indéfiniment et se prolonger par les rêves les plus doux, alors que je dis encore, raconte encore... Et comme chez les véritables conteuses aucun des très nombreux personnages n'est manichéen, tous ont leur propre personalité riche, complexe,attachante avec leurs failles et contradictions.

Une ode à l'architecture, aux oeuvres laissées par l'architecte impérial Sinan, trésors de l'humanité, tout comme à Rome, à la même époque travaillait, lui aussi sans relâche, un certain Michel Ange ... Une lecture qui fait tout oublier, rien ne me fera bouder l'immense plaisir que j'ai pris pendant ces longues heures entrecoupées de rêverie.
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Istanbul, la ville aux Sept collines, du temps de la splendeur de l'Empire ottoman au XVI eme siècle, est l'un des principaux personnages de ce roman que l'on lit comme un conte.
Où l'on suit avec un bonheur d'enfant les aventures de Jahan débarqué à douze ans dans cette Constantinople en compagnie de Chota, un éléphanteau blanc.
Il découvre une cité effervescente et bigarrée où se côtoient en bonne intelligence musulmans, juifs, chrétiens, Grecs, Circassiens, Tatars...J'arrête ici la liste car il y avait alors «soixante douze tribus et demie», la demie désigant les Gitans dont on recommande d'emblée à Jahan de se tenir à l'écart.
Débutant comme cornac du Sultan Soliman le Magnifique (car oui, il faut savoir que tout sultan qui se respecte possède une véritable ménagerie avec dompteurs et soigneurs adaptés), notre jeune héros que l'on va suivre de nombreuses années va également rapidement être pris sous l'aile du grand et bon Sinan, architecte du Sultan, qui le choisit comme apprenti. (Il faut d'ailleurs noter ici que le titre en français désigne donc Sinan alors que le titre original en anglais est «l'apprenti de l'architecte» qui désigne vraiment notre héros mais bon, c'est vrai , ça «sonnait» moins bien....)
Tout sultan digne de ce nom a également engendré, vous n'en doutez point, une ravissante fille dont on ne peut que tomber raide amoureux.
En l'espèce, elle est incarnée par la princesse qui répond au doux prénom de Mirhimah et qui ne laissera pas insensible le coeur de notre Jahan.
Même si elle feint de n'avoir d'intérêt que pour Chota l'éléphant, elle sera séduite par les récits imaginés par Jahan sur son enfance en Hindoustan avec son son frère de lait l'éléphant. (Et on la comprend, parce qu'il les raconte bien ses histoires).
Ainsi, le décor est posé et Jahan est prêt pour moultes aventures: il participera entre autres choses, à la construction de mosquées, aqueducs, ponts, harems et à la rénovation aquifère d'Istanbul qui voit sa population augmenter à grands pas.
Il affrontera de nombreuses épreuves à commencer par de sinistres individus comme le capitaine Gareth ou un grand vizir qui l'enverra dans une infâme prison, «la forteresse aux sept tours».
Il sera également contraint de faire la guerre avec son éléphant, affrontera des incendies ravageurs et passera au travers de nombreuses épidémies comme la peste.
Il faudra compter aussi avec la religion obscurantiste qui s'accommode mal des progrès de la science en matière d'astronomie. Ainsi ,«Qui étaient ils pour oser surveiller Dieu?» Les calamités comme la sécheresse, les tremblements de terre ou les guerres perdues qui s'abattent sur Istanbul ne peuvent être que la faute d'un magnifique laboratoire d'astronomie bâti par Sinan et ses apprentis qu'ils devront malheureusement détruire de leurs propres mains.
Heureusement, Chota est un excellent compagnon et il est aussi beaucoup question d'amitié en particulier avec le gitan Balaban qui sauvera la vie de notre héros à de nombreuses reprises (pas si mauvais finalement ces bougres de gitans...). La relation avec le Maître Sinan est également très belle même si l'on ne peut pas en dire autant entre apprentis où la jalousie rôde...
Jahan aura également la chance de rencontrer le grand Michel-Ange, «Il Divino», lors d'un voyage à Rome. D'ailleurs, l'épisode de la vie de ce dernier dont fait l'objet «Parle leur de de batailles de rois et d'éléphants» de Mathias Enard (décidément, le pachyderme est de rigueur!) est brièvement évoqué.
Ce conte initiatique est construit en courts chapitres inclus dans quatre parties principales, entrecoupés d'agréables petits dessins (à l'image de la couverture) rendant la lecture très fluide et tout le vocabulaire relatif à l'univers oriental et en particulier, sa sensualité, imprègne le récit.
Ekif Shafak qui m'avait séduite avec «La Bâtarde d'Istanbul», moins avec «Lait noir», signe ici un grand roman dont je ne serais pas étonnée qu'il soit adapté au cinéma et dont la magie opère longtemps après avoir tourné la dernière page.

Merci aux editions Flammarion et à Babelio pour cette lecture.
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Nous voilà plongés dans Istanboul, au temps de Soliman le magnifique et de la splendeur de l'empire Ottoman. Nous suivons le parcours, semé d'embûches, de Jahan parti de l'Hindoustan à l'âge de 12 ans pour accompagner Cheta, un majestueux éléphant, cadeau destiné à Soliman. Carnac de cet éléphant, Jahan se révèle très intéressé par Sinan, l'architecte impérial, qui le prend parmi ses élèves, Jahan en deviendra un des quatre apprentis.
Roman très oriental, avec de nombreuses péripéties de toutes sortes, construction des principales mosquées d'Istanboul, trahisons, amour caché pour la belle princesse Mirhimah, ce roman nous révèle la capitale ottomane.
J'avoue avoir préféré La bátarde d'Istanboul mais ce livre fut agréable à lire et j'en ai aimé le contexte historique.
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A travers l'histoire du jeune Jahan arrivé par hasard à Istanbul en tant que cornac d'un magnifique éléphant blanc -cadeau destine au sultan Soliman- c'est l'histoire des rapports entre une ville, ses sultans et ses architectes qui nous est raconté avec beaucoup de talent par Elif Shafak. Ville fascinante aux multiples facettes Istanbul s'est faite au fil de l'histoire selon la personnalité de ses maîtres, et quelquefois au détriment du peuple. Sinan le grand architecte qui prend sous son aile le jeune Jahan, dont il perçoit les talents et cherche à le former, le sait bien qui, entre présent et avenir choisira l'avenir. Mais Istanbul n'est pas une ville facile, et ne peut y survivre que le plus fort et le plus habile, ce en quoi le rival de Jahan, Darvout, excelle. Mais lorsque Jahan doit quitter la ville il est loin d'imaginer ce que l'avenir lui réserve.
Cette belle histoire doit beaucoup au style magnifique de Shafak qui la construit un peu comme un conte, un conte où l'imaginaire révèle les secrets d'un passé porté par la mémoire et la tradition. J'ai regretté toutefois que le récit se dilue quelquefois dans des détails ou des situations qui le rallongent sans nécessité, alors que des moments clés semblent un peu bâclés. J'ai cependant beaucoup aime ce livre, ( moins toutefois que Soufi mon amour ou Bonbon palace) lu dans le cadre de Masse critique et je remercie infiniment Babelio et les éditions Flammarion pour cet excellent moment de lecture.
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Ce roman nous raconte l'histoire de Jahan , un gamin qui, par amour d'un éléphant, va traverser la mer, faire la guerre et devenir le disciple de l'architecte du sultan, l'illustre Mimar Sinan.

Et puis il ne faut pas oublier sa rencontre avec la princesse, un envoûtement !
"Quel âge as-tu?
-Douze ans.
-J'ai un an de plus, dit-elle. J'en sais plus long que toi."
Toujours incliné, Jahan ne put s'empêcher de sourire. Elle n'avait pas dit le plus évident: qu'elle était de naissance noble et lui un moins que rien. Lui rappeler qu'elle était plus âgée, c'était faire comme s'ils étaient ou pourraient un jour devenir égaux

Un roman qui vous transporte en Turquie, Istanbul pour être plus précis, courant XVI siècle. Un voyage dans le temps, dans une époque où le Sultan avait tout pouvoir, où son palais était une ville à part entière avec sa ménagerie, son harem, ses courtisans etc..... où Istanbul était une mégapole qui brassait un mélange ethnique incroyable.

A travers l'histoire de ce gosse, nous touchons de prêt l'histoire d'un sérail, de la vie à cette époque que ce soit des musulmans, juifs ou chrétiens, des épidémies et des divers complots de la cour.

"A quelle allure les choses changeaient, jusqu'où les gens pouvaient tomber, et de quelle hauteur ! Y compris ceux qu'il aurait crus hors d'atteinte. Ou peut-être, justement ceux-là. Comme s'il existait deux arcs invisibles : avec nos paroles et nos actes nous montons; avec nos paroles et nos actes nous descendons."
Elif Shafak est une conteuse. Elle nous berce dans ce monde de milles paillettes, de soie et de senteurs épicées. Entre fiction et réalité, elle nous élève à la magie d'une époque oubliée. le temps ralenti, les minutes s'égrainent tel un sablier de poudre d'or fin, vous êtes au diapason avec ses mots et vous n'avez aucune envie de lutter .

J'avais lu "Bonbon Palace" qui ne m'avait pas vraiment emballé (plu par sa plume mais pas vraiment pour son histoire), là il n'y a rien à redire, ce roman est une merveilleuse découverte !

Une lecture enrichissante qui, pour les amoureux de la Turquie et de son histoire ou les petits curieux, devrait vous ravir !

Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Après « Soufi, mon amour », « l'architecte du sultan » est la deuxième merveille à passer entre mes mains, et Elif Shafak fait désormais partie de mes auteurs favoris !

J'aurais tellement de choses à dire sur ce roman que je ne saurais même pas par où commencer.

Je viens tout juste d'en terminer la lecture, et mon coeur est lourd d'émotions. Ce livre m'aura apporté joie, tristesse, enchantement, rêve, magie ….
Rien que la couverture est une invitation au dépaysement exotique, et sitôt la première page tournée nous voilà transporté au 16ième siècle, au coeur de l'empire ottoman.

Istanbul, la ville aux sept collines m'a happée, envoutée, emprisonnée dans ses filets, tantôt ornés de richesse, exubérance, finesse, et tantôt entachés de malheurs, pauvreté, calamités et deuils.

C'est un magnifique conte oriental que l'auteure a truffé de faits et personnages ayant vraiment existé.
Le titre du livre incarne à mon sens deux hommes : l'architecte impérial Sinan, figure historique qui aura marqué Istanbul et ses environs d'innombrables constructions (Mosquées, ponts, hôpitaux, ..) et qui ont traversé les siècles jusqu'à nos jours. Et puis il y a Jahan, le héros de notre roman, un personnage fictif qui endossera le rôle d'un des quatre apprentis de maître Sinan. En fin de compte, il sera lui aussi un grand architecte.

Jahan arrivera dans le joyau de l'empire ottoman à l'âge de 12ans en compagnie de Chota, un éléphanteau blanc. Ensemble ils grandiront comme deux frères et seront confrontés aux turbulences de la vie.
A travers l'histoire de Jahan, Elif Shafak nous plonge dans ce siècle de magnificences et de cruautés.

Je suis enchantée par ce roman. Je ne me suis jamais ennuyée, à aucun moment, tant l'écriture est rythmée, fluide et prenante. Difficile également de quitter tous les personnages, aussi attachants les uns que les autres…

Excellente lecture.

Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
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