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Critique de Arakasi


J'ai profité du prolongement de ma phase « Il est trooop cool, Marc-Antoine » consécutive à mon quatrième visionnage de la série « Rome » (à moins que ce ne soit le cinquième ?) pour me lancer dans « Antoine et Cléopâtre ». Pas la pièce de théâtre la plus renommée, ni la plus jouée de Shakespeare et, dès la première lecture, on comprend facilement pourquoi. L'amatrice peu éclairée que je suis a, bien sûr, quelques scrupules à pinailler sur l'oeuvre d'un maître aussi internationalement reconnu. Oui, Shakespeare, c'est beau. Oui, Shakespeare, c'est génial. Brillant. Splendide. Poétique. Etc. Mais, bon, faut bien admettre que toutes ses pièces ne se valent pas et « Antoine et Cléopâtre » fait clairement partie pour moi du bas du panier.

Pourtant, Jupiter sait que le sujet m'intéresse beaucoup et que j'ai déjà réuni une petite somme de connaissances dessus – on est une fangirl ou on ne l'est pas. Là se situe le premier problème d'ailleurs, dans l'absence d'innovation apportée par Shakespeare. Celui-ci a assurément bien lu son Plutarque. Il l'a tellement bien lu qu'il le paraphrase presque à la phrase près, reprenant chaque scène de la fin de « La vie d'Antoine » avec une scrupulosité presque fastidieuse. Aucune véritable invention, ni morceau de bravoure ne viennent pimenter sa pièce et on finit par se dire que, quitte à lire du Plutarque, autant s'attaquer directement à l'oeuvre originelle plutôt qu'à une relecture plus ou moins inspirée. Shakespeare part d'ailleurs du principe que tout le monde, à son instar, doit connaître l'oeuvre de l'auteur antique et sa pièce, très riche en ellipses narratives, doit être bien difficile à suivre pour qui ne connaît pas déjà son Marc-Antoine sur le bout des doigts. Et ceci sans compter les nombreux changements de lieux qui alourdissement la pièce : une seconde on est dans le palais de Cléopâtre, la suivante sous la tente d'Agrippa, et puis hop, à Rome ! Hop, à Athènes ! Hop, Alexandrie ! C'est à y perdre son latin…

Un autre gros problème se pose, mais celui-ci de nature plus subjective, au sujet de la caractérisation des personnages principaux. Soyons francs, ceux-ci m'agacent profondément. J'ai peine à reconnaître dans l'Antoine de « Antoine et Cléopâtre » la canaille brillante et hâbleuse du « Jules César » de Shakespeare qui subjuguait les foules en trois coups de cuillère à pot et signait des exécutions à tour de bras. le voici transformé en mollusque pleurnichard, passant son temps à osciller entre la vantardise et l'indécision chronique. Et que je te quitte Cléopâtre pour Octavie, Octavie pour Cléopâtre et puis rebelote sous les jupes d'Octavie… Mais décide-toi, mon gars, à la fin ! Cléopâtre est tout aussi énervante, n'ayant pas même assez de caractère pour être une honnête garce, elle passe sans cesse de la harpie jalouse à l'amante dégoulinante de guimauve. Elle frôle franchement la schizophrénie.

On aurait pu au moins espérer un peu d'érotisme et de sensualité pour épicer l'affaire – on parle d'Antoine et Cléopâtre, bon sang ! Mais là aussi, je suis restée le bec dans l'eau et la mièvrerie étouffe rapidement toute velléité de passion dans ce drame amoureux et politique finalement assez plan-plan. Alors, ouais, Shakespeare, c'est beau. Shakespeare, c'est brillant. Mais Shakespeare comme tous les grands auteurs de son siècle et des suivants, faisait parfois du travail alimentaire et cette « petite » pièce en faisait clairement parie. Oubliable donc et je vais de ce pas faire comme Marc-Antoine et retourner à mes bergères.
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