Il n’y a plus que Duke et moi, qui nous tournons autour au ralenti, l’espace entre nous saturé des choses tues et des fantômes de nos erreurs.
Will s’est toujours mieux exprimé sans mots. Il dépose un baiser sur ma bouche, qui contient tout ce qu’il veut dire. Avant qu’il recule, son message silencieux se répand sur mes lèvres.
Ils sont partis tous les deux désormais. Maman est partie depuis si longtemps que c’est devenu naturel, une souffrance qui mijote et ne se met à bouillonner que très occasionnellement. Mais Duke…
Et je le vois dans ses yeux, le moment où il se rend compte qu’il est foutu.
Qu’il n’est rien. Qu’il n’y a rien de plus fort qu’une femme qui s’est relevée des cendres du feu allumé par un homme.
Il donne, pensant que c’est le début.
Je prends, sachant que c’est la fin.
Parfois, c'est d'eux-mêmes qu'il faut sauver les gens. Même s'ils ne le savent ni ne le veulent.
" T'as grandi", fait Bobby, et ses yeux se posent sur ma poitrine. Ma peau me picote, cette sensation affreuse que connaissent toutes les femmes, sous son regard insistant.
Seize ans, dans notre famille, c'est aussi important que dix-huit chez les gens qui respectent la loi.
Ça veut dire que c'est fini, l'école.
Ça veut dire que je suis adulte.
Ça veut dire que le temps est venu pour moi de commencer à travailler pour papa.
Je ne lui inspirerai jamais ce genre de crainte, parce que je suis une femme. C'est une bénédiction et une malédiction. Mais c'est la raison principale pour laquelle je crois que mon plan va fonctionner. Ils me sous-estiment tous.
J'allume la lumière, une ampoule nue pendue au plafond, qui dispense une faible lueur dans la pièce. Chaque centimètre du mur est occupé par des rangées d'armes à feu dans des vitrines en acier protégées par des cadenas. Fusil de chasse, fusils de sniper, fusils d'assaut, armes de poing, mitrailleuses, pistolets, revolvers.
Je connais chaque modèle, chaque marque. Je peux tous les démonter et les remonter avec un bandeau sur les yeux. Cet endroit était ma salle de classe, quand j'étais petite (...).