Jeune et séduisante. Elle était d’autant plus séduisante aux yeux de Harry Stanford qu’elle refusait de coucher avec lui. Ça le rendait fou. Il n’était pas habitué à ce qu’on le repousse. Mais quand Harry Stanford faisait du charme, il était irrésistible. Il réussit finalement à se gagner les faveurs de Rosemary. Elle se retrouva enceinte de lui et alla voir un médecin.
Il y a des gens dont on dit qu’ils sont plus grands que nature. Eh bien, Harry Stanford était plus grand que nature. S’il n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. C’était un colosse. Il avait une énergie et une ambition incroyables. C’était un grand sportif. À l’université, il faisait de la boxe et jouait au polo. Mais même dans sa jeunesse, Harry Stanford était impossible. Je n’ai jamais vu d’homme aussi totalement dépourvu de compassion. Il était sadique et rancunier, il avait des instincts de charognard. Il aimait acculer ses concurrents à la banqueroute. On racontait qu’il était responsable de plus d’un suicide.
C’était un séducteur capable de se transformer en serpent à sonnettes. Il avait une personnalité double – il était à la fois le charmeur de serpents et le serpent.
La famille – y a que ça. Sans les valeurs familiales, le pays serait dans un pétrin encore pire. Tous ces jeunes qui vivent ensemble sans être mariés et qui font des enfants. C’est scandaleux. Pas étonnant qu’il y ait une telle criminalité.
Harry Stanford était un amant protéiforme, passionné et compétent. Son égocentrisme énorme l’incitait davantage à satisfaire les femmes qu’à prendre son propre plaisir. Sachant exciter les zones érogènes féminines, il orchestrait ses caresses en une symphonie sensuelle qui amenait ses partenaires à des sommets jamais atteints par elles auparavant.
Prince, le chien berger allemand, s’étendit à ses pieds, comme toujours aux aguets. Ce chien était le signe de reconnaissance de Harry Stanford : où qu’il allât Prince l’accompagnait. On racontait que cette bête sautait à la gorge de quiconque au moindre commandement de Stanford. Rumeur dont personne ne tenait à vérifier le bien-fondé.
Toutes s’accordaient à lui reconnaître une énergie presque palpable, voire pathologique. Il était infatigable. Sa philosophie était simple : un jour sans une affaire juteuse était une journée perdue. Il usait ses concurrents, son personnel, quiconque entrait en contact avec lui. Harry Stanford était un phénomène hors du commun. Il considérait être animé de sentiments religieux. Il croyait en Dieu : en un Dieu qui voulait sa fortune, sa réussite et… la mort de ses ennemis.