Deux semaines après la catastrophe du 11 mars 2011.
Yoshida a 40 ans, il est l'un des rares à être resté dans son village natal, dévasté après l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima.
Il refuse l'évacuation pour veiller sur sa mère infirme et inconsciente, qui n'a pas eu conscience du drame.
Il avance seul dans le village, croise aux détours des rues des chats et des chiens errants.
“Il me semblait que je me dépouillait de toutes sortes de choses, et l'épouvante m'a saisit à l'idée que moi aussi j'allais me retrouver complètement vide.”
Lorsqu'on lui demande si la radioactivité ne l'éffraie pas, il répond qu'en trois jours il en a pris l'habitude et qu'il est bien plus effrayant de vivre sans savoir ce que l'on a devant soi.
Puis il entre en sautant par la grille dans le jardin qui appartenait au directeur de la clinique, il y rencontre Henry, un chien, et une femme Reiko, qui s'occupe de la protection des chats errants.
Ce jardin fait ressurgir des pans heureux de son enfance. “Les souvenirs que j'avais oubliés se bousculaient dans ma mémoire. Cependant, ils ne se recoupaient pas avec le paysage qui s'offrait à mes yeux. Ils flottaient dans le cosmos, je ne savais plus moi-même où je me trouvais. En fait de nostalgie, mon coeur se serrait jusqu'à éclater. Les larmes m'ont assailli. Il n'y avait personne pour me voir mais je me suis accroupi pour cacher mon visage en larmes, j'ai mis ma main sur mes yeux. Un long moment, je suis resté à sangloter sans bruit, à cause du paysage disparu à jamais.” Il se remémore sa rencontre avec le paon qu'il nourrissait de grenouilles vivantes alors qu'il était en sixième année de primaire et les souvenirs douloureux de la jeune Misuzu tapis en lui. Misuzu, la fillette à l'air hautain qui était arrivée de Tokyo, son premier amour. Des moments déterminants de sa vie remontent à la surface, et le secret que sa mère lui a demandé de conserver et qui a terni son amour pour elle toute sa vie, alors qu'elle voulait protéger son enfant, lui pensait qu'elle ne voulait sauver que son salon de coiffure.
Yoshida est un homme meurtri, alors que le nucléaire était pour lui et pour les japonais un symbole d'espoir, tout a volé en éclat. “La nuit je suis réveillé par mes propres cris. Toutes les nuits. L'obscurité garde l'écho de mes cris, je me redresse en sursaut. J'ai sans doute fait un cauchemar, et mes veines qui battent, ces battements précipités résonnent dans tout mon corps.”
Yoshida tient bon et prend soin de sa mère.
Les thèmes principaux de ce superbe roman sont la survie, la culpabilité, le deuil, l'impermanence des êtres, la mémoire des lieux, l'inconscience des hommes et l'espoir.
L'écriture est souvent poétique lorsque l'auteur nous fait par des émotions, des sensations de son héros et le parlé authentique lorsque le héros s'adresse au peu de personnes qu'il rencontre. A lire en écoutant Hotel california des Eagles, qui est la chanson phare du roman.
“Vous pouvez quitter l'hôtel quand bon vous semble. Mais vous ne pourrez jamais vous en échapper.”