« Être au bord de ce qui est à venir, tourné vers l’avenir est-il une situation compatible avec la photographie ? Cela existe-t-il en photographie ? Non. Rien ne vient jamais, pas de hors champ. Tout est dans le cadre et dans l’imaginaire du cadre. Bien suffisant. »
Photographie 11
10h58. Soleil. Explosion solaire. Un chantier, à l'heure de la pause, quelque part en Chine. L'homme est accroupi à l'intérieur d'un élément de collecteur de fort diamètre, ou bien d'une locomotive dont il ne subsiste que le corps cylindrique vide de la chaudière. La vue frontale favorise l'illusion et l'on croit voir le gros plan d'un objectif photographique ; la folie cinétique qui anime ce type d'objet contrariée par la paille de cet homme au repos, tête tournée vers sa droite, appuyés sur les genoux, ses bras où pendent les mains... Il y a un tas de briques, deux ouvriers déjeunent en retrait, une rangée d'arbres, la route de terre, son remblai – oui, il y a quelque chose de déréglé dans la circulation incessante de l'énergie. Un homme dans l'accélérateur de particules, bougerait-il ? … Ses bras où pendent les mains, très claires, parce que les seules dans la pleine lumière.
« La photographie est innocente. L’appareil de prise de vue n’est de plus qu’un monocle que la coquetterie manipule, c’est l’objet d’un dandy, inutile et beau comme lui. »
« C’est tout un art, aujourd’hui presque clandestin, que la décréation du monde. »