Citations sur L'empereur de toutes les maladies : Une biographie du.. (6)
Lorsque j’émergeai de l’étrange désespoir vécu lors de ces deux années, des questions liées à une histoire plus générale du cancer revinrent avec insistance : de quand date le cancer ? D’où vient notre combat contre cette maladie ? Ou, comme un patient me le demandait souvent, où en sommes-nous dans la guerre contre le cancer ? Comment avons-nous fait pour en arriver là ? Peut-on même envisager de gagner un jour cette guerre ?
Ce livre est une tentative pour répondre à ces questions.
Virchow avait commencé la médecine au début des années 1840 quand pratiquement toute maladie était attribuée à l’effet de forces invisibles, que ce soient des miasmes, des idées fixes, des mauvaises humeurs ou de l’hystérie.
Troublé par ce qu’il ne pouvait voir, Virchow se tourna avec un zèle révolutionnaire vers ce qu’il pouvait observer, les cellules sous un microscope. En 1838, Matthias Schleiden, un botaniste, et Theodor Schwann, un physiologiste, qui travaillaient tous deux en Allemagne, avaient annoncé que tous les êtres vivants étaient formés à partir d’éléments fondamentaux appelés cellules.
Reprenant et développant cette idée, Virchow entreprit de créer une « théorie cellulaire » de la biologie humaine et la fonda sur deux principes clés. D’abord, le corps humain, comme celui de tous les animaux et les plantes, était constitué de cellules. Ensuite, chaque cellule ne pouvait provenir que d’une autre cellule, ou encore pour reprendre ses termes, omnis cellula e cellula.
En 1928, une jeune médecin anglaise du nom de Lucy Wills, fraichement
diplomée de la London School of Medicine for Women, obtint un financement pour aller etudier l’anémie a Bombay. Wills d’aventure, mue par une forte curiosite sur le sang, prête a partir sur un coup de tête pour un pays lointain pour resoudre le mystère d’une anémie.
Elle connaissait le travail de Minot mais elle trouva que les breuvages de Minot ou la vitamine B12 ne pouvaient rien faire dans ce cas. Elle découvrit d’une manière surprenante qu’elle pouvait guérir ce type d’anémie avec une célèbre pâte à tartiner anglaise appelée Marmite. Ce produit fonce a base d’extraits de levure était alors très en vogue parmi les passionnés de santé d’Angleterre et d’Australie. Wills, ne pouvant déterminer l’ingrédient clé de la Marmite, le baptisa facteur Wills.
Guérissable. Carla acquiesça lorsque je prononçai cela, ses yeux devenant plus perçants. Les questions inévitables planaient dès lors.
Guérissable comment ? Avec quelles chances de survie ? Combien de temps prendrait le traitement ? Je déballai le tout. Une fois le diagnostic confirmé, la chimiothérapie serait immédiatement lancée et
durerait plus d’un an. Ses chances d’être guérie étaient d’environ 30 %, un petit peu moins d’une sur trois.
Nous parlâmes une heure, peut-être plus. Il était maintenant 9 h 30 du matin. La ville à nos pieds s’était complètement réveillée. La porte se referma sur moi lorsque je sortis, et une bouffée d’air me poussa dehors tandis que Carla restait seule dans la pièce.
La recherche fondamentale conduit à de nouvelles connaissances. Elle apporte un capital scientifique. Elle crée le fond à partir duquel des applications pratiques doivent être tirées... La recherche fondamentale est le pacemaker du progrès technologique.
Les scientifiques étudient souvent le passé d’une manière aussi obsessionnelle que des historiens parce qu’il y a peu d’autres professions qui en dépende autant. Chaque expérience est une conversation avec une expérience antérieure, chaque nouvelle théorie est la réfutation d’une plus ancienne.