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Critique de Musa_aka_Cthulie


Bon, ça commençait pas très bien. Déjà, je cherchais un bouquin sur le cinéma, sans thématique particulière. Celle-là me convenait bien, mais je me suis rendu compte après emprunt qu'il s'agissait d'un livre pour adolescents, ce qui m'a fait un peu déchanter. de toute façon, je n'ai pas trouvé d'équivalent pour adultes à la médiathèque.

C'est là qu'intervient un incident qui m'a fait pousser des hurlements d'indignation. Emmanuel Siety écrit, à propos d'Alien, que le film utilise les codes habituels du film d'horreur... dont un chat noir. Là, je dis non. Non ! Peut-être Emmanuel Siety est-il tellement convaincu qu'il y a un chat noir dans Alien qu'il n'a pas pris la peine de revoir le film, film qu'il doit penser connaître par coeur. de mon côté, j'ai peut-être vu Alien deux-trois fois (plutôt trois) en quelques années, et ce dont j'étais certaine, c'est que le chat n'était pas noir, mais tigré (je ne me souvenais pas de la couleur exacte). J'ai pris la peine de revoir des passages avec le chat, et boum ! Il est roux tigré. Alien étant un classique, je trouve inadmissible , intolérable, insupportable, de commettre une erreur pareille - c'est pas Jean-Baptiste Thoret qui se serait planté comme ça !

Problème également avec la comparaison de la peur suscité par le cinéma et les contes dits "de fées". Qui seraient rassurants pour les enfants et se termineraient toujours bien. Je pense que les parents d'Emmanuel Siety l'ont un peu trop gavé de versions expurgées. Les contes de fées n'ont pas été inventés pour les enfants, malgré ce qu'on en dit bien trop souvent (il y a là tout un sujet), et pour ce qui est de rassurer et de la fin heureuse, c'est à voir... Emmanuel Siety a une vision des contes de fées un peu trop réductrice, et on sent qu'il ne connaît pas bien le sujet. Cela posé, tout ce qu'il en dit n'est pas que sottises et billevesées, et, tout compte fait, le rapport aux contes de fées ne revêt qu'une importance toute relative dans cet essai.

Dernier point noir, Emmanuel Siety s'est consacré aux films qui font peur, et non aux films d'horreur. Pour lui, ça impliquait donc de trouver un terme adéquat pour l'ensemble du cinéma qui suscite la peur l'angoisse, le malaise. Il a trouvé "films de peur", ce que je trouve vraiment moche, même si je suis bien incapable de forger moi-même un terme plus élégant. On pourra aussi reprocher à l'auteur de parfois se consacrer à des séquences qui font peur plutôt qu'à des films entiers, mais on va considérer qu'il s'agit d'un détail.

Pour le reste - et il reste de quoi faire-, c'est véritablement bien construit. Les mécanismes de la peur, sous toutes ses formes, sont bien décryptées, ce qui fait de cet essai un bon outil pédagogique pour les adolescents ; un premier pas, et pas des moindres, pour aborder le cinéma sous un jour non pas uniquement divertissant, mais analytique, une bonne façon d'inciter un public jeune à réfléchir et à apprendre à comprendre comment fonctionne un film.

Les thématiques sont particulièrement intéressantes et bien vues : le rapport à l'enfance, la communauté, l'Autre, la transgression, les lieux, avec tout un chapitre consacré à la thématique de l'inquiétante étrangeté (où nous retrouvons, comme il se doit, David Lynch). Mais la question de la réalisation, fort heureusement, n'est pas en reste : comment créer la surprise, comment jouer avec le spectateur, comment travailler le hors-champ, comment renouveler les mécanismes de la peur. Certains réalisateurs reviennent souvent, comme Carpenter et Hitchcock, ou encore Tourneur, ainsi que des films qui sont des classiques du genre, tels Les Griffes de la nuit, Scream, le Village des damnés (les deux versions), Shining, Mulholland Drive, et j'en passe. Mais Emmanuel Siety ne s'interdit pas d'aller voir du côté de films beaucoup moins médiatiques, tels La Vallée de la peur.

Les cinéphiles adultes seront peut-être sur leur faim, mais, après tout, ce n'est pas à eux qu'est destiné ce livre, mais aux cinéphiles encore en friche, qui n'ont pas forcément suffisamment d'atouts en main pour apprendre à analyser un film. À partir de cette seule thématique, cet essai peut facilement pousser les lecteurs à aller plus loin dans leur volonté d'apprendre à décrypter les mécanismes propres au cinéma.

Le tout est complété par une courte liste de réalisateurs incontournables, une filmographie, et un glossaire (même si je doute que le public-cible ne connaisse pas le terme "flash-back").

Pour finir : j'avais évidemment prévu de sortir cette critique pour Halloween, à peu près en même temps que celle de la maison hantée de Shirley Jackson. J'ai été un peu débordée (notamment parce que j'ai regardé des films d'Halloween, forcément), et c'est raté. Sacrebleu !
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