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Critique de pat823


pat823
08 décembre 2023
Écrit en français, ce premier roman de Dai Sijie, « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » se déroule en 1971, en pleine révolution culturelle lancée par Mao Zedong.
Ma, le narrateur, et Luo sont deux jeunes garçons envoyés dans un camp de rééducation en pleine montagne. Coupables d'avoir étudiés au collège et d'avoir des parents « ennemis du peuple » représentant « de puantes autorités savantes », les jeunes gens sont censés être disciplinés et refaçonnés par les paysans. La vie est très rude dans ce village pauvre, perdu dans les hauteurs. le travail y est harassant et rebutant.
Ma joue du violon, ce qui lui permet de s'évader. Luo, lui, est un conteur hors pair. Il raconte des films qu'il a vus au chef du village, ce qui lui donnera un statut un peu particulier. On finit même par l'envoyer en ville, une sacrée expédition, pour voir d'autres films et les raconter à son retour, dans des séances de cinéma oral.

Il s'avère que l'âpre montagne recèle deux trésors.
Il y a une mystérieuse valise remplie de livres occidentaux interdits que cache Binoclard, un compagnon d'infortune.
Et il y a la fille du tailleur, surnommée « la Petite Tailleuse », dont les jeunes gens tombent amoureux. Il faut dire qu'elle a les plus beaux yeux de toute la région.
Luo et la Petite Tailleuse finissent par devenir amants.

Suite à un marché, Binoclard prête un livre De Balzac, « Ursule Mirouët. »
C'est une révélation. Ce livre parle « de l'éveil, des élans, des pulsions, de l'amour, de toutes ces choses sur lesquelles le monde était. »
Luo part conter Balzac à la Petite Tailleuse qui en est métamorphosée.
« Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »
Luo se promet alors de jouer le pygmalion de sa jeune amoureuse. Mais tout ne se déroulera pas tout à fait comme prévu.

Un récit écrit comme un conte, sans accent mélodramatique, tout en finesse et en émotion. Un hymne merveilleux à la lecture, à la littérature, à l'espoir et à la liberté de pensée. Dai Sijie explore la rencontre entre la culture chinoise et la culture occidentale. Évidemment, c'est une critique implicite de la Révolution culturelle qui en montre les conséquences destructrices.
Et ce livre magnifique prend encore une autre dimension quand on sait que l'auteur lui-même avait été envoyé en 1971 dans un camp de rééducation perdu dans les montagnes de la province du Sichuan. Ses parents médecins avaient été jetés en prison.

Ce livre est un petit joyau. La trame du récit, l'intonation et la poésie font de ce roman largement autobiographique un chef-d'oeuvre. Et c'est la littérature française qui offre un nouveau regard sur le monde.
Brillant !
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