Un jour en décembre

(...) Tu ressembles à la reine des fées.
Ses grands yeux vulnérables me sondent.
- Tu mens, Jack?
- Non. Si toutes les mariées te ressemblaient, il n'y aurait plus un seul homme célibataire dans le monde.

J’ouvre la bouche pour dire bonjour, et c’est à ce moment que je vois enfin son visage. Mon cœur bondit, ma gorge se serre, comme si on venait de me poser des électrodes sur la poitrine et les brancher à pleine puissance. Aucun mot ne parvient à passer mes lèvres.
Je le connais.

Avec sa queue-de-cheval et ses talons, Sarah a tout de la folle populaire du lycée. Laurie, en Converse et cheveux bouclés, est craquant, d'une manière plus discrète. Si on était vraiment au lycée, Sarah me terroriserait et Laurie serait la petite sœur de mon meilleur ami.

Mais je lui ai aussi dit que, parfois, même si c’est rare, certains chemins se croisent à nouveau. Et quand cela arrive, il faut garder l’autre dans sa vie pour toujours.

Il faut que je déracine Jack O’ Mara de ma vie. Il fait trop partie de moi, et moi de lui. Le problème avec le déracinement, c’est que ça peut tuer la plante. Mais c’est un risque que je dois prendre.

Je dois rentrer à la maison. Et peut-être que pendant le trajet, je pourrai me demander si on a une chance de pouvoir construire du parfait avec de l’imparfait.

Je saigne d’avoir perdu ceux que j’aime, et je ne sais pas comment panser ma blessure. Et si c’était juste ça, la vie? Devoir grandir et dire adieu à ses plus vieux amis pour faire de la place aux nouveaux?

Mais je lui ai aussi dit que, parfois, même si c’est rare, certains chemins se croisent à nouveau. Et quand cela arrive, il faut garder l’autre dans sa vie pour toujours.

Dans ma poitrine, mon cœur est aussi lourd que ma conscience.
Si seulement je n’avais jamais posé les yeux sur Jack O’Mara.

Je suis en pleine ligne de mire et j’attends une balle qui pourrait arriver à tout moment. Je cours, en regardant derrière moi, certaine que l’impact va avoir lieu.