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Critique de GribouilleChat


Retour aux fondamentaux : L'écluse n°1 de Simenon.
Les organisateurs de l'opération « Masse critique » sur Babelio m'ont offert un livre au format numérique réalisé par les éditions Omnibus, un bon vieux Maigret de derrière les fagots et je les en remercie !
Un grand malentendu m'a longtemps éloignée de Simenon. J'étais adolescente et, pour moi, c'était un auteur de polars, écrits vite. Je sortais d'Agatha Christie et j'attendais des énigmes, des rebondissements, une lecture facile et rapide. Je croyais que Maigret, c'était Gabin dans L'Affaire Saint-Fiacre, ou Jean Richard – dont je ne connaissais pas la carrière comique. Grosse déception donc !
Me voici donc plongée dans ce roman court mais terriblement dense. Un soir, à l'écluse n°1 de Charenton, le vieil ivrogne Gassin tombe à l'eau et se croit happé par un noyé ; l'homme – Ducrau le « patron » d'une véritable flotte de péniches – et de divers chantiers n'est pas mort : poignardé, il est tombé à l'eau mais sa blessure n'est que légère. Maigret, qui se prépare à tirer sa révérence de la PJ, est chargé de l'enquête. Selon ses bonnes vieilles habitudes, il flâne au bord de l'eau, rencontre la fille de Gassin, un peu simplette qui élève seule le bébé qu'elle a eu d'on ne sait qui ; il visite Ducrau, un vrai nabab qui parle haut, qui entretient sa maîtresse dans la maison familiale, qui méprise ses enfants... mais qui cache aussi bien des fêlures. le personnage intrigue le commissaire au point qu'il se met à l'accompagner ici et là, tout en découvrant un monde et un mode de vie nouveaux pour lui…
Comme souvent dans les Maigret, l'histoire policière n'est qu'un prétexte à une plongée dans un milieu – ici celui des bateliers – et dans un univers mental, bien plus complexes qu'on n'aurait pu le croire à première vue. Ce qui distingue les romans policiers de Simenon – mais dire cela c'est enfoncer des portes ouvertes – c'est la manière dont Maigret s'imprègne des atmosphères. Finalement, il arrive trop souvent quand arrive à la fin d'un polar qu'on se sente frustré par la solution, par son côté boiteux, par cette impression que la fin a été bricolée à la dernière minute.
Rien de tout cela chez Simenon : la construction est impeccable, la logique implacable et Maigret joue toujours ce rôle de Deus ex macchina qui décidé finalement ce qu'on fera du coupable. Mais qu'importe, même si on n'adhérait pas à la solution qu'il nous propose comme le fait Bayard dans plusieurs de ses essais, on ne serait pas tenté de contredire l'auteur parce que culpabilité ou innocence importent peu : c'est l'humanité qui compte.
Quant à l'écriture, là aussi quel travail ! J'ai vu les enveloppes de Simenon sur lesquelles il griffonnait ses notes dans les deux expositions que sa ville de Liège lui a consacrées et pourtant rien n'est bâclé ni laissé au hasard.
Du grand art vraiment !

Lien : http://artetlitterature.blog..
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