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Critique de Thrinecis


Cette fois-ci, Dan Simmons ne m'a pas embarquée totalement comme ce fût le cas pour ses romans très noirs comme l'Échiquier du Mal ou sa fabuleuse tétralogie des Cantos d'Hypérion.

Non, comme lors de ma lecture d'Ilium, je suis restée un peu au bord de la route, partagée entre une réelle admiration pour la complexité et l'aspect fouillé de ce roman ambitieux qui mêle plusieurs genres (policier, historique, aventure et exploration littéraire) et un certain agacement pour le rythme déroutant du roman. Si les quelques passages d'action sont très réussis avec poursuite et bagarre, ils sont trop peu nombreux car le reste du roman m'a semblé n'être qu'une succession de longues scènes dialoguées lors d'interminables repas, fourmillant d'anecdotes sur de nombreux personnages célèbres, écrivains, aventuriers ou hommes politiques.

Eh oui, que de monde dans ce roman qui se déroule presque entièrement aux États-Unis à la fin du XIXème siècle ! On y croise une foultitude de personnages ayant vraiment existé comme Sam Clemens (alias Mark Twain), Rudyard Kipling mais aussi Clarence King (géologue et alpiniste américain), Henry Adams (historien), sa femme Marian Hooper Adams (socialiste et photographe) dont le suicide est le point de départ de l'enquête de Sherlock Holmes.

L'originalité du roman réside dans l'association du personnage fictionnel de Sherlock Holmes à de vrais personnages historiques comme l'écrivain Henry James qui va l'aider dans son enquête. D'ailleurs, Sherlock Holmes a quelques angoisses existentielles qu'il partage avec Henry James puisqu'il se demande s'il est réel, tout en affirmant que le personnage de Moriarty est une pure invention de sa part et que c'est Watson qui a embelli ses aventures dans les romans de A. Conan Doyle. Savoureuse mise en abyme, malheureusement insuffisamment exploitée...

Le duo Sherlock Holmes-Henry James ne fonctionne pas très bien ; l'écrivain joue son rôle de Watson à contrecoeur, il est souvent très choqué par les extravagances du détective qu'il prend pour un fou ou un imposteur. Alors quand Sherlock Holmes lui dévoile que leur discrète enquête sur le suicide de Marian Hooper Adams (rappelons qu'elle s'est vraiment suicidée) n'est pas la seule raison de sa venue aux États-Unis car un vaste complot contre les chefs d'état du monde entier serait en cours, c'est trop pour Henry James qui se refuse à y croire ! Ce fût un peu trop pour moi aussi d'ailleurs, car cette intrigue tire en longueur...

C'est touffu, très documenté, et la réalité se confond souvent avec la fiction : ainsi le monument mortuaire érigé sur le tombeau de Marian « Clover » Hooper Adams existe vraiment, mais bien sûr Dan Simmons en fait une utilisation bien singulière pour les besoins de son intrigue. On visite la maison de Marc Twain, l'exposition universelle de Chicago de 1893, avec ses pavillons et ses attractions comme la première Grande Roue etc... Mais justement, pour moi, cela prend des allures de guide touristique qui freine la lecture.

Enfin, je crains d'être passée à côté de tout ce qui fait le sel de ce roman : en effet, il faut avoir lu suffisamment l'oeuvre d'Henry James et celle d'Arthur Conan Doyle dédiée aux aventures de Sherlock Holmes pour goûter parfaitement les analyses littéraires auxquelles se livre l'auteur avec subtilité au travers des anecdotes et des réflexions intimes de ces personnages.
Bref, vous l'aurez compris, ce roman me laisse des sentiments très partagés.

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