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Critique de grm-uzik


1942 : un juif du nom de Saul est arrêté par la Gestapo, puis enfermé dans un camp de concentration. Un Oberst (sorte de général nazi) s'introduit dans sa cellule et prend le contrôle de son esprit pour l'obliger à jouer à un jeu cruel, partie d'échec ou les pions sont humains et où une défaillance
du Maître signifie la mort. Grâce à l'aide de ce nazi qui a pris son petit "pion" en affection, Saul parviendra à s'échapper, pour vivre jusqu'en 1980 dans la solitude, à la recherche de son tortionnaire qu'il hait pour lui avoir fait subir la torture épouvantable du viol psychique. Toutes ses tentatives semblent avoir échoué quand, cette année-là, il est contacté par la police : une folie meurtrière a conduit à la mort de neuf personnes qui se sont entretués sans aucune raison. La vraie coupable est un autre vampire psychique nommée Mélanie, qui a sombré dans la folie et qui, devenue paranoïaque, tente d'éliminer ses anciens "compagnons de jeux".
Alors s'engage une formidable lutte pour le pouvoir, dont le vainqueur décidera du sort de l'humanité. D'innombrables personnes seront engagées
de gré ou de force dans la bataille, mêlant les sous humains manipulateurs, l'ex-Oberst en quête d'un nouveau jeu, des jeunes d'un quartier défavorisé, notre vieux juif, les services secrets israéliens, un shérif et plusieurs centaines d'autres personnes, marionnettes inconscientes d'un théâtre dont l'enjeu les dépasse.

Mais qui sont ces personnages ? Selon Dan Simmons, ce sont les niveaux 0 de la conscience, des rebuts de l'humanité qui n'obéissent qu'à leurs
pulsions les plus profondes, qu'ils sont incapables de contrôler et qu'ils satisfont en manipulant leurs consorts. Sans eux la seconde guerre
mondiale serait de la science-fiction et les déchaînements de violence inexpliquée ne seraient pas aussi nombreux.
Pourtant, l'avenir leur appartient puisqu'il sont maîtres dans l'art de la manipulation psychique. Que peuvent faire quelques personnes (même
pleine de bonne volonté) pour gagner une partie dont ils ne connaissent pas les règles ?
Petit à petit, tous les personnages rentrent dans la partie et y trouvent leur place naturellement, au fur à mesure que les camps se précisent et que le dénouement approche. Et attention, autant de moyens mis en jeu, cela ne peut que faire un vacarme épouvantable.
L'auteur nous livre ici un chef d'oeuvre passionnant à mi-chemin entre l'horreur pure, la réflexion philosophique et l'exercice de style destiné à prouver son génie. Ce roman est d'une étonnante complexité. L'histoire est tellement parfaite que l'on peut aisément attribuer un rôle précis à chaque personnages au fur et à mesure que la partie d'échec (car ceci en est bien une) avance ; par exemple, le gamin haineux des banlieues est un fou ; à vous de trouver les autres. Lisez-le une première fois pour le plaisir et pour l'émotion (la description des tortures infligées dans les camps de concentration est absolument abominable) et au moins une autre fois pour comprendre le sens caché des mots et le symbolisme de l'histoire.
Cependant, ce bouquin n'est pas à recommander à tout le monde à cause de sa violence inouïe et de son côté "perturbateur". Il dépeint tout, mais
sans aucune complaisance, plutôt avec une froideur qui renforce le tragique. Mais surtout, si vous le lisez, n'oubliez jamais que la plupart
des horreurs décrites ont été inspirées par des atrocités réelles, et que nous sommes tous les pions d'un jeu d'échec dont personne ne connaît
les enjeux : manipulés par nos proches, par les politiques, la télévision... Cette petite perle vous aidera peut-être à découvrir les règles du jeu de
la vie et à passer de l'état de marionnette à celui de joueur (pour le meilleur ou pour le pire).
Pour tout vous dire, "L'échiquier du mal" est une pure merveille, un véritable chef-d'oeuvre grandiose que je vous recommande hautement et fortement.
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