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Critique de Corboland78


Isaac Bashevis Singer (1902-1991) est un écrivain juif polonais naturalisé américain en 1943. Après avoir abandonné le rabbinat pour se consacrer à la littérature et au journalisme, il débute sa carrière en 1925 en publiant, sous divers pseudonymes, des nouvelles et en traduisant en yiddish des romans de Knut Hamsun ou de Thomas Mann. Auteur de dix-huit romans, quatorze livres pour enfants et plusieurs recueils de nouvelles, il a reçu le prix Nobel de littérature en 1978. Son roman, Ennemies, est paru en 1975.
New York, quartier de Brooklyn, au début des années cinquante. Herman Broder a fui sa Pologne natale pour échapper à la barbarie nazie. Seul survivant, après la mort de sa femme Tamara et de leurs deux enfants, il vit désormais marié avec Yadwiga, leur ancienne domestique, une petite paysanne inculte et ne parlant pas anglais, qui l'avait aidé à se cacher. Herman Broder a aussi une maîtresse, Masha, qui elle vit avec sa vieille mère Shifrah Puah et voudrait bien épouser son amant.
Si Woody Allen ne tournait pas des films basés uniquement sur ses propres scénarios, il pourrait fort bien adapter ce roman pour le cinéma. Car enfin, il y a là dans ce bouquin de Singer, tout ce qui fait le pain (azyme) des films du cinéaste binoclard. La preuve : le court résumé donné ci-avant, va bigrement se compliquer quand Tamara – finalement toujours vivante – va débarquer dans la vie d'Herman ! Un Broder devenu bigame et pourquoi pas polygame, vu l'insistance de sa maîtresse.
Nous nous retrouvons en terrain connu – si vous êtes amateurs des écrivains américains Juifs – c'est-à-dire que tout comme les polars ont leurs codes et repères, les romans de ces écrivains ont leurs propres points communs : un héros avec une sexualité envahissante, des vies compliquées par des mensonges et une difficulté à agir car paralysée par des tourments existentiels, tourments faits de souvenirs douloureux liés au nazisme et de l'emprise de leur judéité dans leur vie quotidienne. Ajoutons-y pour faire bonne mesure, un entourage féminin assez possessif, et vous avez là tous les ingrédients d'un bon roman.
Je vous laisse découvrir les multiples rebondissements de l'intrigue, grincer des dents devant l'incapacité de Broder à gérer sa vie, sourire des traits d'humour et d'ironie de l'écrivain, réfléchir avec lui quand il appelle en soutien Kant, Spinoza, Schopenhauer et d'autres. Un roman salé/sucré qui mêle humour et réflexion sur la nature humaine sans jamais la juger, le poids de la religion et cette constatation, les souffrances indicibles devraient anéantir tout espoir de futur et pourtant, la vie continue.
C'est bien écrit, bien mené et pas très long. Moi, j'appelle ça un bon roman.
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