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Critique de Allantvers


La complémentarité des frères Singer est aussi enrichissante que leur ténacité à témoigner fut admirable : chacun à sa manière, tous deux en langue yiddish, ils ont creusé leur sillon livre après livre pour garder vivante la mémoire de la culture juive polonaise aujourd'hui disparue. Les deux frères sont de formidables conteurs, mais il me semble d'après ce que j'ai lu que là où Isaac Bashevis Singer s'attarde à hauteur d'homme pour incarner son sujet, le grand frère Israel Joshua Singer inscrit ses histoires dans une perspective historique plus large, sur trois générations au 20ème siècle dans La famille Karnovski ou ici au tournant du siècle avec Les frères Ashkenazi.

Ces deux frères-là, bien que brillants chacun à leur manière, tout les oppose : là où le sémillant Yakhov traverse la vie avec panache et facilité, Simha le besogneux austère, tourne le dos à sa communauté et construit son empire industriel pas à pas par le travail et la rouerie, dans la ville de Lodz où se développe une industrie textile florissante en pleine mutation.
Entre eux, une femme, Dinélé, à l'origine d'un trio amoureux perdant.
Autour d'eux, le grand vent des idées nouvelles et la marche de l'histoire dans une Pologne peinant à affirmer son indépendance entre empires russe et allemand, rejetant à chaque déconvenue la faute sur la communauté juive.

Un formidable page turner qui restitue cette communauté dans toute sa singularité et sa diversité, entre traditionalisme et volonté d'émancipation, pauvreté et fortunes, plombée et magnifiée par un déterminisme qui fait d'elle l'éternelle victime des ressentiments de ses pays hôtes.

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