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Citations sur Le Bourreau de Gaudi (67)

Milo arrêta le film. La neige envahit l’écran.

Temps total de l’opération : quatre minutes. Écœuré par le souvenir de l’image de la victime se tortillant dans les flammes, il jeta son sandwich sur la table. Il se balança sur sa chaise et, encore incrédule, se frotta les yeux.

C’était la troisième fois qu’il visionnait le film. Si l’on pouvait en conclure quelque chose, c’était que dans sa façon d’agir l’assassin faisait preuve d’une cruauté sans limites. Son indifférence devant les souffrances de sa victime, son incapacité à ressentir la moindre émotion, sa froideur et son manque de nervosité, ainsi que la précision de tous ses faits et gestes, l’amenèrent à conclure qu’ils avaient sans nul doute affaire à un psychopathe implacable.
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— Réfléchis. On ne peut pas laisser cinq lampadaires, les ampoules cassées dans cet endroit, que penseraient les touris­tes ? Ça deviendrait un vrai scandale. Des bouts de verre par terre, juste en face de La Pedrera, à deux pas de la Casa Batlló ? Non, l’assassin savait qu’on ne mettrait même pas une journée à donner l’ordre de réparer, et il comptait sur ça. Ça n’aurait pas été pareil si ça s’était passé dans les quartiers du Raval, de Sants ou de Pueblo Nuevo, ça c’est sûr. On ne les aurait toujours pas réparés à Noël.
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— Les affaires d’homicide qu’on ne parvient pas à résoudre sous quarante-huit heures, dit Bastos en reprenant place sur son siège, finissent en général aux archives. Mais cette fois, il faut que les choses se passent différemment.
D’accord avec son chef, Milo fit oui de la tête.
— Car moi, je me moque des statistiques, ajouta le commissaire-chef.
Milo acquiesça à nouveau en silence.
Bastos fit une longue pause, se pencha vers l’inspecteur et pointa son doigt sur lui.
— Ôtez-moi d’un doute, monsieur Malart. Vous êtes un clown qui veut se moquer de nous ou un inspecteur compétent, comme l’affirme la juge Cabot ? J’avoue que je ne sais que penser.

Milo soutint son regard sans se démonter.
— Je ne vous le reproche pas, moi non plus je ne sais que penser de moi, dit-il.
Le chef Bastos se frotta le menton d’une main. Puis il se balança un instant sur sa chaise.
— Votre mise à pied est gelée dans l’attente de vos futurs résultats et de leur évaluation, dit-il d’une voix rocailleuse. Profitez-en. Mais je ne veux plus de problèmes… compris ? J’ai des choses plus importantes à faire que de m’occuper de vos luttes intestines, de cours de récréation. Vous rendrez des comptes à l’inspecteur-chef Singla et j’espère que vos rapports seront désormais parfaitement cordiaux. Je ne veux plus entendre de plainte à votre propos. Pas une seule. Me suis-je clairement fait comprendre ?
— On ne peut plus clairement, chef.
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Il traversa la contre-allée et se planta devant la Casa Milà.

D’un seul coup d’œil, il put vérifier qu’il ne restait plus la moindre trace de l’événement. Ni bandes rouge et blanc de balisage, ni marques de la police scientifique, ni la moindre trace du feu sur le mur, sous le balcon du premier étage. Les touristes étaient une des principales sources de revenus de la ville et il fallait prendre soin d’eux, surtout ne pas les effrayer. Au milieu des rires et des exclamations admiratives, les gens défilaient sur les lieux mêmes où Eduard Pinto avait été brûlé vif. Certains prenaient des photos.

Milo haussa les épaules. Il n’était pas là pour juger autrui, mais pour travailler.
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Il se gara sur le passage clouté, juste à l’angle du paseo de Gracia et de la rue Provenza, puis descendit de voiture. À cette heure-là, les gens inondaient encore massivement les trottoirs. Il les examina un instant et s’aperçut, à la façon dont ils étaient vêtus, que la plupart d’entre eux étaient des touristes. Bermudas, chaussettes et sandales, ou jupes courtes et claquettes. Ils avaient tous l’appareil photo en bandoulière, ils badaient devant les boutiques luxueuses, pointaient du doigt les vitrines et esquivaient les différents mendiants qui venaient la main tendue à leur rencontre. En revanche, il était facile de repérer les résidents, très peu nombreux, à sa grande surprise. Sans prêter attention aux boutiques, ils regardaient fixement devant eux ou alors ils marchaient les yeux rivés au sol, comme honteux de leur extrême pâleur, presque maladive, contrastant avec la peau rouge, brûlée par le soleil, des visiteurs.
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— Quatre jours exactement, Milo. La nuit du samedi au dimanche 4 juillet. Quatre jours sont passés et personne, au Département des homicides, n’a la moindre piste, on ne sait pas qui a pu perpétrer une pareille atrocité. On est tous au point mort, et la ville entière est à la veille de s’embraser. Tu n’as aucune idée des pressions que je peux subir, mon vieux.
— De s’embraser ? Curieuse association d’idées.
— Inspecteur Malart, garde tes sarcasmes pour toi. Je te parle en tant que juge, en ce moment. Alors dis-moi ce que tu penses de cette affaire.
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Susana Cabot demeura un instant silencieuse. Au bout d’un moment, elle lâcha :
— Arrête de me prendre pour une andouille ! Ton neveu est enterré sous une rafale de vent, peut-être ?
Milo fit la grimace. Il n’était pas facile de raconter des bobards à la juge. Faisant écran avec sa main devant le micro du portable pour éviter le bruit de la tramontane, il reconnut :
— Gagné ! J’avais décidé d’aller à Montjuïc, mais j’ai fait une escapade à Port de la Selva. Je m’arrêterai au cimetière à mon retour à Barcelone, c’est prévu.
— Ça, c’est une excellente idée ! On doit toujours se réconcilier avec les morts.
— Et puisque j’ai ta permission à présent, on pourrait re­­mettre cette conversation à plus tard, non ? Ce n’est vraiment pas le bon moment pour m’appeler. Je te téléphone tout à l’heure… ou plutôt demain…
— Non, l’interrompit-elle, j’ai besoin de toi à Barcelone maintenant, tout de suite. Tu n’as pas lu la presse, tu n’as pas regardé la télé ?
— Malgré ma retraite, figure-toi que je suis les nouvelles, fit-il en se pinçant l’arête du nez. Tu veux parler de l’histoire de La Pedrera, je suppose, de ce qui s’est passé l’autre jour.
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Le portable sonna une nouvelle fois. Je ne supporte plus cette honte. Exaspéré, Milo répondit.

— Quoi ? hurla-t-il.

— Tu es où ? Je n’ai pas arrêté de t’appeler toute la journée ! s’exclama la voix de Susana Cabot, la juge d’instruction de Barcelone.

C’était une grande amie de Milo, une ancienne maîtresse. Au travail, c’était un vrai dragon. Elle demanda à nouveau :
— Alors… où est-ce que tu t’es fourré ?
— Au cimetière, sur la tombe de Marc. Mais depuis quand je dois te fournir des explications ? On m’a suspendu de mes fonctions, tu t’en souviens, j’espère ? Je suis en vacances forcées. Et je fais ce qui me plaît.
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Irene avait hurlé et Milo, conscient de l’absurdité de son action, avait tâté le pouls de Marc. J’en ai assez de me cacher. Sa tête était en bouillie et Milo lui tâtait le pouls. C’était une histoire de fou. Je ne supporte plus cette honte. Il y avait de quoi éclater de rire et ne plus arrêter de se marrer. Je ne suis rien. Irene ne cessait pas de hurler et Milo demeurait là, étrangement calme, agenouillé près du cadavre de Marc, incapable de réagir. Je vais vous donner une bonne leçon à tous. L’instant était éternel, grotesque.
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Milo prit son visage dans ses mains. Après avoir entendu le coup de feu, il était sorti de la chambre et avait découvert Marc, son neveu, étendu sur le sol, comme une poupée démantibulée. Mais son sang n’était pas celui d’un bon à rien. Sans espoir. Il était jeune, avait tout l’avenir devant lui. Pourquoi attendre ? Il avait tout pour lui, une famille, des opportunités, mais cela n’avait servi à rien. Peu m’importe d’avoir tout pour moi.
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