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Critique de fanfanouche24


Merci à Babelio et aux Presses de la Cité …pour l'envoi de ce récit très prenant…et bouleversant, en sachant que ce livre enquête sur un drame humain, sujet délicat, qui n'a pas fini ses ravages… Des enfants, largement adultes aujourd'hui n'ont toujours pas réussi à retrouver leurs mères biologiques et à prendre connaissance de leur filiation.

En découvrant le parcours de cet enfant adopté, Anthony-Mickael, arraché à sa terre natale d'Irlande pour partir dans une autre vie , en Amérique… nous sommes interpellés par tout le déchirement d'un homme qui réussira socialement, au-delà de toutes les espérances (proche collaborateur au sein du gouvernement de Ronald Reagan) mais qui trainera avec lui une douleur de vivre intense, qu'il jugulera par des excès, des périodes de dépression intense, des séparations provoquées, etc.

Cela fait plusieurs jours que j'ai rédigé ma critique de ce livre… mais j'en suis profondément mécontente…J'ai fini par la détruire, pour la reformuler… Déjà plus de 20 critiques de ce récit-enquête ont été rédigées sur BABELIO. Ce livre me pose quelques problèmes… car il soulève plusieurs réalités politiques et humaines, inacceptables…découvertes au fil de ce récit-enquête…

Que mettre en avant ?? il y a de nombreux sujets graves,qui méritent ,chacun, que nous les soulignions...

Réalités scandaleuses tant en Irlande qu'en Amérique, couvrant les années 1952-2004, qui mettent à mal et la toute puissance de l'Eglise Irlandaise, mercantile, et puritaine… et les coulisses très sombres du monde politique américain…

Je parlerai donc un peu plus des mes impressions sur ces informations découvertes, en sus du parcours douloureux de cet « enfant perdu »..…

Comme plusieurs babéliens, je suis d'accord, avec le fait que retranscrire fidèlement le titre original de ce texte aurait été plus explicite et plus conforme à son contenu : « L'Enfant perdu de Philomena »…Alors que l'adaptation cinématographique de Stefan Frears, offre un regard différent mais très complémentaire du récit du journaliste, Martin Sixmith, mettant au centre du long-métrage, la vie, le portrait et les recherches de la mère, Philomena, le livre narre le destin fulgurant de « cet enfant perdu », brillant avocat… mais être humain brisé à l'intérieur, à qui le silence de ses origines… a laissé une hantise de l'opinion , du regard des autres, de l'abandon et d'une solitude infinie, inguérissable…

En juillet 1952 Philomena accouche seule d'un petit garçon, Anthony…mise à l'écart par sa famille, qui s'en remet aux religieuses du comté, pour cacher cette honte. Etre fille-mère en Irlande à cette époque est un véritable crime….où la « fille-mère » [aujourd'hui appellation plus respectueuse,de « mère célibataire »] se retrouvait exclue de la société, devant payer seule « sa faute »… Les plus zélés en la matière étaient les instances religieuses. Nous lisons avec effarement comment ces religieuses et la supérieure de l'institution, en question, font travailler ces jeunes filles « perdues », en les exploitant, et en faisant constamment pression sur elles. Quelques rares figures de religieuses bienveillantes, dont cette jeune soeur qui aidera Philomena à accoucher de son petit garçon… et qui en cachette, le prendra en photographie… pour que la maman puisse avoir un souvenir…

Cette histoire bouleversante que le journaliste Martin Sixsmith narre est celle de Philomena, mais surtout de son fils, avec en arrière-plan le très grand nombre de femmes qui n'ont pas eu la possibilité comme Philomena d'aller au bout de recherches complexes que le journaliste a pu faire aboutir, avec une ténacité incroyable, vu les résistances et mensonges perpétrés par L'Eglise irlandaise…
Celle-ci ayant posé l'interdiction absolue que les mères et les enfants renouent contact…

Cet ouvrage très vivant et détaillé, retrace aussi la vie politique aux Etats-Unis, dans les années 1980, alors que les démocrates et les républicains se battent pour le découpage électoral, les éternelles compromissions liées aux milieux politiques…Au nom du pouvoir et des ambitions individuelles, on constate que les républicains pour flatter leur électorat, agissent comme l'Eglise Irlandaise, dans un puritanisme et une morale extrêmes . Ainsi un rapport initial signale un véritable drame médical et sanitaire… On cache, on oublie…on fait l'autruche…Le sida a fait son apparition essentiellement dans le milieu gay, mais pas uniquement, et le gouvernement ignore l'étendue de cette maladie…Les gouvernants se contentent d'accentuer dans leurs discours et programmes, leur homophobie, et de fustiger la population homosexuelle… dans son ensemble.

Notre protagoniste, Michael Hess, doit louvoyer entre ses fonctions prestigieuses, ses responsabilités au sein du Parti républicain, avec lequel, personnellement il n'est pas en accord… louvoyer avec ses amis… et au fond de lui, trainer son besoin lancinant et récurrent de savoir d'où il vient… l'histoire est bouleversante, tant par le destin exceptionnel de Michael, foudroyé par le sida, à 41 ans….et Philomena, la maman, de son côté, dans la même quête et le même besoin de retrouver son fils…
Intriguée par la toute puissance de l'Eglise irlandaise, et de celle d'un archevêque qui fit pression un grand nombre d'années sur le gouvernement de son pays, John Charles McQuaid, je me suis mise en quête de faire quelques recherches sur ce personnage-clef. Ce dernier a sévi au sein de l'Eglise irlandaise de 1940 à 1971…a été mis en cause plus tardivement dans un autre scandale que les enfants « du péché », vendus » aux riches américains…celui de la dissimulation de délits graves concernant des prêtres…

Entre les méfaits, les mensonges de l'Eglise irlandaise, et les ignominies des politiques américains, tout cela au nom soit disant de la « Morale »…nous ne ressortons pas indemnes de ce récit-enquête très dense et bouleversant… Systèmes clérical et politique ayant broyé , ou du moins fortement amputé les destins d'une mère et d'un fils… ; sans oublier tous ceux, encore vivants… qui ne sauront jamais d'où ils viennent.
Le récit de cette recherche d'un fils « faussement abandonné » a le grand mérite d'avoir été publié et d'exister …
Le style de Martin Sixsmith, ou du moins ce que nous en percevons par cette traduction, est très vivant, enrichi de nombreux dialogues… Sans omettre la présentation des résultats de ses recherches, en Irlande comme en Amérique…qui nous apprennent un grand nombre de choses sur les coulisses de la vie politique, en Amérique, ainsi que les coulisses et les stratégies ecclésiastiques irlandaises

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