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Un grand merci à Babelio pour l'envoi de ce roman...

Abbaye de Sean Cross en Irlande. C'est par un jour orageux de juillet 1952 que naquit le petit Anthony Lee, fils de Philomena Lee. Malheureusement pour elle, parce qu'elle a péché aux yeux de l'église, elle a été rejetée par sa famille et vit recluse dans cette abbaye. Etre fille-mère en Irlande à cette époque était très mal vu, ainsi l'état s'occupait de ces enfants nés hors mariage et les plaçait dans des familles, la plupart étrangères. Philomena restera trois ans aux côtés de son fils, dans cet établissement. A l'instar de ses amies, elle participera au bon fonctionnement de l'abbaye, à savoir travailler à la cantine ou à la blanchisserie. Elle vivra dans des conditions précaires, de façon à lui faire comprendre qu'elle a fauté et qu'elle doit en payer le prix. de plus, elle n'aura le droit de passer qu'une heure par jour avec son fils. La jeune femme se liera d'amitié avec Margaret, maman d'une petite Mary, âgée seulement de quelques mois de moins qu'Anthony. Les deux bambins ne se quittent pas, jouent très souvent ensemble et semblent ainsi être comme frères et soeurs.
Aux Etats-Unis, à la même époque, Marge Hess, déjà maman de trois garçons, voudrait tant faire plaisir à son mari, Doc, en lui offrant une petite fille mais malheureusement, elle ne peut pas lui en donner. Aussi, décident-ils tous les deux d'en adopter une. Parce que cela semble bien plus compliqué aux Etats-Unis, ils se tournent vers l'Irlande, un pays très peu regardant sur les conditions d'adoption. Moyennant finance, les couples Américains pouvaient ainsi librement disposer des enfants nés dans le péché. C'est ainsi qu'elle se rend dans ce pays et plus précisément à l'abbaye de Sean Cross où elle est reçue par Mère Barbara et Soeur Hildegarde. Son regard se porte aussitôt sur la petite Mary et elle n'en doute pas un instant: c'est elle qu'elle désire. le petit Anthony étant souvent avec la petite fille, Marge craque pour lui et convainc son mari d'adopter les deux enfants qui semblent inséparables. Sous la contrainte et parce qu'elles n'ont pas d'autre choix, Philomena et Margaret signent les papiers d'adoption et font le serment de renoncer à leurs droits de mère. C'est ainsi qu'en 1955, Anthony et Mary quittent l'Irlande et leurs mamans pour une toute autre vie...

Voici une bien triste histoire que nous livre le journaliste Martin Sixsmith. Contacté par Philomena qui veut à tout prix savoir ce qu'il est advenu de son fils, le journaliste a enquêté, farfouillé, s'est documenté sur les pratiques d'adoption alors en vigueur dans l'Irlande des années 50 et au prix d'efforts mérités, il a retrouvé ce petit garçon devenu Mickael Hess. C'est ainsi toute la vie de cet homme qui nous est conté, une vie à la fois tragique, éprouvante, émouvante, dramatique, riche et hors norme aussi bien professionnellement qu'intimement. Mais c'est aussi la vie politique qui est décrite dans ce roman. En effet, alors que les démocrates et les républicains se chamaillent pour le découpage électoral, le sida fait son apparition dans les années 80, essentiellement dans le milieu gay. Se sentant très peu concerné par le problème, le gouvernement, quelque peu homophobe, mettra du temps à se rendre compte de la teneur de cette maladie. Evidemment, l'on ressort de cette lecture avec beaucoup d'émotion, de tristesse, de rancoeur, d'admiration, d'amertume, de désarroi ou de sympathie. Martin Sixsmith a, d'une certaine manière, su rendre un bel hommage à cet homme. D'une écriture prenante et entraînante, l'on ressent que l'auteur y a mis tout son coeur. Seul petit bémol: une quatrième de couverture trompeuse et des photos trop explicites au milieu du roman qu'il est préférable de regarder une fois la lecture terminée.

Philomena... un destin incroyable...
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Ça commençait TELLEMENT bien !!

Pourquoi ? Mais pourquoi cette lente descente vers l'ennui et ce mélange inextricable des thématiques quand une seule, celle de l'adoption, suffisait amplement ?

Oui, tout commençait très bien avec « Philomena », l'histoire vraie d'une jeune fille ayant conçu un enfant hors mariage. En 1952, en Irlande, ça ne le faisait pas du tout, mais alors pas du tout ! Ainsi, pendant les 150 premières pages de ce pavé qui en compte 500, nous suivons la descente aux enfers de Philomena Lee, dans un contexte digne de l'excellent film « The Magdalene Sisters » de Peter Mullan.

Philomena, rejetée par sa famille sur laquelle retombe sa honte d'avoir péché, rejoint ainsi la cohorte des mères célibataires à la destinée similaire enfermées entre les murs des abbayes irlandaises. Pendant trois ans, Philomena ne sera parmi elles rien de plus qu'une prisonnière, incarcérée avec son fils Anthony qu'elle peut voir une heure par jour. Les soeurs, profitant de sa détresse sociale et convaincues de sauver l'âme d'une pécheresse en agissant de la sorte, lui feront renoncer à ses droits sur sa progéniture qui sera confiée, en adoption, à une famille américaine conservatrice.

Pendant ces 150 premières pages, j'ai été emballée. Ce roman aux allures de documentaire sonnait juste, le style de son auteur me plaisait car ce n'était pas celui d'un romancier mais bien celui d'un journaliste. Je me disais : « En voilà un qui n'a pas cherché à étirer la guimauve ! C'est factuel, c'est saisissant, c'est un beau témoignage ». Et, puis, tout à coup… patatra ! le fameux coup du « soufflet au fromage » ; je n'ai rien vu venir, rien compris sur le moment mais, page après page, j'ai bien dû me rendre à l'évidence : Martin Sixsmith, emporté par son sujet, se prenait non plus pour un journaliste qui a déniché un os particulièrement difficile à atteindre mais bien pour un romancier et là, hélas, son talent ne va pas jusque là, à chacun son métier.

Les deux tiers du roman versent donc illico dans une narration larmoyante qui a rapidement fait naître l'ennui. de Philomena, cette femme qui m'a tellement émue au commencement, ne subsiste plus une trace. A la place, voici retracée la vie de son fils adopté, rebaptisé Mike, année après année, dans une succession sans joie de faits et gestes qui pour moi n'ont présenté qu'un intérêt mineur. Et puis, là, la guimauve elle est étirée, pas de doute ! Dans un joyeux mélange, l'auteur touille les problèmes liés au sentiment de rejet et au sentiment d'appartenance de Mike en tant qu'enfant adopté, son homosexualité et sa séropositivité, ses rapports sociaux, son ascension professionnelle, ses opinions politiques… C'est un peu comme si on vous racontait année après année l'existence d'un citoyen américain lambda avec pour objectif de témoigner des changements survenus dans la société américaine, dans ses moeurs, dans son rapport au monde, etc.

J'aurais tellement préféré que l'auteur tisse son roman autour du seul thème de l'adoption mais ses tentatives sont maladroites et donnent à penser qu'il généralise le comportement de tous les enfants adoptés par le prisme d'un seul exemple, celui de Mike. On sent que Mike s'est interrogé sur ses origines et a envie d'en apprendre plus mais comme il n'a pu concrétiser ses recherches que sur la fin de sa vie, il a bien fallu que l'auteur comble le « vide » même si son existence a été bien remplie. La mienne aussi d'ailleurs a été bien remplie, peut-être que je devrais me préoccuper de la coucher sur le papier ?

Côté psychologie (car avec un sujet tel que l'adoption comment se passer de psychologie ?), Martin Sixsmith opte pour les « gros sabots » ; l'approche est convenue, prévisible et généraliste. Là où j'attendais du spécifique, j'obtiens de la globalisation voire de la banalité.

*** ALERT SPOILER***
Ah, si, pour être honnête on retrouvera Philomena en fin de livre, l'espace de quelques pages vite écrites, en un chapitre couvrant presque 40 ans quand on a eu le droit à un voire plusieurs chapitres par année pour son fils. Piètre consolation, l'émotion a eu amplement le temps de retomber.

Bref, « Philomena » n'est pas le phénomène que j'étais en droit d'attendre au vu du titre et du résumé proposés par l'éditeur.

Je remercie Babelio pour cette nouvelle découverte dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Pour ma dernière contribution de 2013, j'ai décidé de finir l'année sur une note d'émotion avec un roman certainement voué à un joli succès quand il va sortir en librairie le 2 janvier 2014. J'ai reçu Philomena dans le cadre d'une opération Masse Critique "privilège", c'est bien tombé car j'avais vraiment envie de découvrir ce live donc je remercie mille fois Babelio de m'avoir sélectionnée ainsi que les Presses de la Cité pour cet envoi.

En 1952, Philomena Lee, une jeune Irlandaise, se retrouve enceinte par accident. Dans un pays où les filles mères sont très mal-vues par la société, la jeune femme, abandonnée par sa famille, est placée au couvent de Roscrea, où elle donnera naissance à un beau bébé, le petit Anthony. Comme les autres pensionnaires du couvent, Philomena est considérée comme une pécheresse par les soeurs qui vont lui mener la vie dure. Contrainte à demeurer trois ans dans cet endroit sordide, Philomena se verra dans l'obligation de travailler dur à la blanchisserie du couvent pour expier sa faute, quand à son petit Anthony, elle aura à peine le droit de le voir une heure par jour. Des femmes comme Philomena, il y en a des centaines en Irlande, réparties dans différents couvents et l'Eglise, qui a le monopole dans les démarches d'adoption, n'hésite pas à profiter de la détresse de ces jeunes femmes placées contre leur gré afin de leur prendre leurs enfants qui seront envoyés dans de riches familles américaines en l'échange d'une généreuse contribution financière.
La pauvre Philomena n'échappera pas à cette triste règle, quand Marge Hess arrive à Roscrea pour adopter une petite fille, elle jette également son dévolu sur Anthony. Les soeurs voyant là une bonne affaire vont cruellement arracher Anthony à sa mère, Anthony qui deviendra Michael A. Hess une fois arrivé aux Etats-Unis... Cette séparation douloureuse, changera alors ces deux êtres à jamais...

Âmes sensibles préparez les mouchoirs !
Martin Sixsmith retrace avec exactitude cette histoire bouleversante que l'on ne peut pas lâcher avant de savoir la fin. le titre et le résumé en quatrième de couverture sont susceptibles d'induire le lecteur en erreur car l'histoire n'est pas centrée sur Philomena mais sur Anthony/Michael. Nous assistons à la vie de ce dernier de 1955 à 1995. de son enfance à sa vie d'adulte, j'ai été touchée par ce garçon qui a toujours réussi tout ce qu'il a entrepris et en même temps n'a pas pu s'empêcher de se détruire car tourmenté par les démons et les doutes qui l'ont toujours habité concernant sa mère biologique, signant lui-même son arrêt de mort...
En plus d'être envoûtant, le récit est également une triste fresque qui nous montre les dessous de l'Eglise en Irlande. Je n'ai déjà pas une grande estime pour les membres du clergé mais là j'ai été vraiment écoeurée de voir à quel point ces hommes et femmes de Dieu peuvent être pourris et corrompus. Avec leurs principes moyenâgeux, leurs oeillères, ils ont détruit des vies pour de l'argent, vraiment minable !
L'auteur nous emmène aussi dans les coulisses du pouvoir aux Etats-Unis où l'homophobie est omniprésente et quasi-obligatoire pour survivre au milieu des requins. Nous sommes aux premières loges pour constater le laxisme dont les politiques ont fait preuve quand le Sida a commencé à se propager dans les années 80...
Le contexte général du livre m'a révoltée, tant de connerie humaine ça me rend malade(d'où les quatre étoiles de notation). Néanmoins je tire mon chapeau à l'auteur qui a su rendre ce récit vivant, j'ai failli en pleurer tellement cette lecture m'a touchée et je suis curieuse de savoir ce que l'adaptation cinématographique va donner, réponse le 8 janvier dans les salles obscures !
A lire !
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C'est un bien triste visage de l'Irlande que dévoile Martin Sixsmith dans cette poignante reconstitution. Sous couvert de morale religieuse, l'opprobre jeté sur les filles-mères par l'Eglise catholique jusque dans les années 60 servait un lucratif trafic d'enfants. Rejetées par leur famille, ces femmes — très jeunes pour la plupart, parfois victimes d'inceste — étaient enfermées dans un couvent spécialisé, exploitées et forcées de renoncer à tout droit sur leur enfant. Celui-ci pouvait alors être adopté, en échange d'une généreuse donation, par des couples d'Américains.

C'est ainsi que la jeune Philomena Lee, pour avoir approché de trop près un séduisant postier de Limerick, se retrouva enfermée à Roscrea pour 3 ans. Suant sang et eau à la blanchisserie de l'abbaye, elle paya son tribut pour la naissance du petit Anthony, qu'elle pouvait voir un peu moins d'une heure chaque soir. Contrainte d'abandonner son enfant, elle ne fut même pas informée de son adoption, si ce n'est par sa disparition soudaine du couvent en décembre 1955. Adopté par un couple aisé du Missouri en même temps que la petite Mary, Anthony devint Michael A. Hess et connut une brillante carrière d'avocat au Parti républicain. Malgré ses recherches, il ne revit jamais sa mère biologique. Quant à Philomena, après 50 ans de silence, elle finit par charger un journaliste de l'aider à retrouver son fils. Voilà comment Martin Sixsmith se lança sur sa piste.

Le titre anglais "The Lost Child of Philomena Lee" est plus juste que sa traduction écourtée, car "Philomena" couvre en réalité la biographie de Michael et non celle de sa mère qui n'intervient que dans la première partie et dans l'épilogue. Hanté par l'abandon, Michael éprouve un besoin compulsif de plaire, d'abord à ses parents adoptifs, puis à ses supérieurs, servant les républicains alors que sa sympathie va aux démocrates. Homosexuel, il ne peut se satisfaire de partenaires stables et s'avilit dans des relations à risque, jusqu'à contracter le sida. Alcool, drogue et sexe extrême : les virées de Michael dans les bars gays SM sont à réserver à un public averti.

Pour reconstituer le parcours de Michael et celui de sa soeur Mary, l'auteur s'efface devant son sujet, donnant juste quelques indications sur les documents et entretiens nécessaires à l'élaboration de chaque partie. Tous les personnages prennent vie avec intensité et leurs sentiments sont exprimés au plus juste. Les photographies au milieu du livre sont très bien choisies pour illustrer cette histoire tragique qui se lit d'une traite. En toile de fond, on trouve une analyse politique de l'Irlande au temps de la promulgation de la loi mère-enfant, et surtout des Etats-unis sur les questions de société, pointant les lacunes du gouvernement dans la gestion de l'épidémie de sida des années 80.

Rompant le silence coupable entretenu par l'Église, cet hommage littéraire est une façon de rendre Anthony à sa mère. Un lien posthume qui redonnera, je l'espère, un peu d'espoir à tant de vies brisées au nom d'une morale d'un autre temps.

Un grand merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour la découverte de ce livre en avant-première, en attendant la sortie du film éponyme de Stephen Frears.
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Merci à Babelio et aux Presses de la Cité …pour l'envoi de ce récit très prenant…et bouleversant, en sachant que ce livre enquête sur un drame humain, sujet délicat, qui n'a pas fini ses ravages… Des enfants, largement adultes aujourd'hui n'ont toujours pas réussi à retrouver leurs mères biologiques et à prendre connaissance de leur filiation.

En découvrant le parcours de cet enfant adopté, Anthony-Mickael, arraché à sa terre natale d'Irlande pour partir dans une autre vie , en Amérique… nous sommes interpellés par tout le déchirement d'un homme qui réussira socialement, au-delà de toutes les espérances (proche collaborateur au sein du gouvernement de Ronald Reagan) mais qui trainera avec lui une douleur de vivre intense, qu'il jugulera par des excès, des périodes de dépression intense, des séparations provoquées, etc.

Cela fait plusieurs jours que j'ai rédigé ma critique de ce livre… mais j'en suis profondément mécontente…J'ai fini par la détruire, pour la reformuler… Déjà plus de 20 critiques de ce récit-enquête ont été rédigées sur BABELIO. Ce livre me pose quelques problèmes… car il soulève plusieurs réalités politiques et humaines, inacceptables…découvertes au fil de ce récit-enquête…

Que mettre en avant ?? il y a de nombreux sujets graves,qui méritent ,chacun, que nous les soulignions...

Réalités scandaleuses tant en Irlande qu'en Amérique, couvrant les années 1952-2004, qui mettent à mal et la toute puissance de l'Eglise Irlandaise, mercantile, et puritaine… et les coulisses très sombres du monde politique américain…

Je parlerai donc un peu plus des mes impressions sur ces informations découvertes, en sus du parcours douloureux de cet « enfant perdu »..…

Comme plusieurs babéliens, je suis d'accord, avec le fait que retranscrire fidèlement le titre original de ce texte aurait été plus explicite et plus conforme à son contenu : « L'Enfant perdu de Philomena »…Alors que l'adaptation cinématographique de Stefan Frears, offre un regard différent mais très complémentaire du récit du journaliste, Martin Sixmith, mettant au centre du long-métrage, la vie, le portrait et les recherches de la mère, Philomena, le livre narre le destin fulgurant de « cet enfant perdu », brillant avocat… mais être humain brisé à l'intérieur, à qui le silence de ses origines… a laissé une hantise de l'opinion , du regard des autres, de l'abandon et d'une solitude infinie, inguérissable…

En juillet 1952 Philomena accouche seule d'un petit garçon, Anthony…mise à l'écart par sa famille, qui s'en remet aux religieuses du comté, pour cacher cette honte. Etre fille-mère en Irlande à cette époque est un véritable crime….où la « fille-mère » [aujourd'hui appellation plus respectueuse,de « mère célibataire »] se retrouvait exclue de la société, devant payer seule « sa faute »… Les plus zélés en la matière étaient les instances religieuses. Nous lisons avec effarement comment ces religieuses et la supérieure de l'institution, en question, font travailler ces jeunes filles « perdues », en les exploitant, et en faisant constamment pression sur elles. Quelques rares figures de religieuses bienveillantes, dont cette jeune soeur qui aidera Philomena à accoucher de son petit garçon… et qui en cachette, le prendra en photographie… pour que la maman puisse avoir un souvenir…

Cette histoire bouleversante que le journaliste Martin Sixsmith narre est celle de Philomena, mais surtout de son fils, avec en arrière-plan le très grand nombre de femmes qui n'ont pas eu la possibilité comme Philomena d'aller au bout de recherches complexes que le journaliste a pu faire aboutir, avec une ténacité incroyable, vu les résistances et mensonges perpétrés par L'Eglise irlandaise…
Celle-ci ayant posé l'interdiction absolue que les mères et les enfants renouent contact…

Cet ouvrage très vivant et détaillé, retrace aussi la vie politique aux Etats-Unis, dans les années 1980, alors que les démocrates et les républicains se battent pour le découpage électoral, les éternelles compromissions liées aux milieux politiques…Au nom du pouvoir et des ambitions individuelles, on constate que les républicains pour flatter leur électorat, agissent comme l'Eglise Irlandaise, dans un puritanisme et une morale extrêmes . Ainsi un rapport initial signale un véritable drame médical et sanitaire… On cache, on oublie…on fait l'autruche…Le sida a fait son apparition essentiellement dans le milieu gay, mais pas uniquement, et le gouvernement ignore l'étendue de cette maladie…Les gouvernants se contentent d'accentuer dans leurs discours et programmes, leur homophobie, et de fustiger la population homosexuelle… dans son ensemble.

Notre protagoniste, Michael Hess, doit louvoyer entre ses fonctions prestigieuses, ses responsabilités au sein du Parti républicain, avec lequel, personnellement il n'est pas en accord… louvoyer avec ses amis… et au fond de lui, trainer son besoin lancinant et récurrent de savoir d'où il vient… l'histoire est bouleversante, tant par le destin exceptionnel de Michael, foudroyé par le sida, à 41 ans….et Philomena, la maman, de son côté, dans la même quête et le même besoin de retrouver son fils…
Intriguée par la toute puissance de l'Eglise irlandaise, et de celle d'un archevêque qui fit pression un grand nombre d'années sur le gouvernement de son pays, John Charles McQuaid, je me suis mise en quête de faire quelques recherches sur ce personnage-clef. Ce dernier a sévi au sein de l'Eglise irlandaise de 1940 à 1971…a été mis en cause plus tardivement dans un autre scandale que les enfants « du péché », vendus » aux riches américains…celui de la dissimulation de délits graves concernant des prêtres…

Entre les méfaits, les mensonges de l'Eglise irlandaise, et les ignominies des politiques américains, tout cela au nom soit disant de la « Morale »…nous ne ressortons pas indemnes de ce récit-enquête très dense et bouleversant… Systèmes clérical et politique ayant broyé , ou du moins fortement amputé les destins d'une mère et d'un fils… ; sans oublier tous ceux, encore vivants… qui ne sauront jamais d'où ils viennent.
Le récit de cette recherche d'un fils « faussement abandonné » a le grand mérite d'avoir été publié et d'exister …
Le style de Martin Sixsmith, ou du moins ce que nous en percevons par cette traduction, est très vivant, enrichi de nombreux dialogues… Sans omettre la présentation des résultats de ses recherches, en Irlande comme en Amérique…qui nous apprennent un grand nombre de choses sur les coulisses de la vie politique, en Amérique, ainsi que les coulisses et les stratégies ecclésiastiques irlandaises

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C'est un roman intense qui laisse sur les genoux époustouflé, mal à l'aise.
Philomena, jeune irlandaise se retrouvant enceinte est envoyée au couvent où elle doit, pour expier sa faute, offrir trois ans de travail pénible. En contrepartie, elle peut voir son fils une heure par jour. Elle se voit contrainte de signer un acte d'abandon pour qu'Anthony soit adopté par un couple d'américains.
Cinquante ans plus tard, un journaliste l'aide à retrouver son fils.
Partant d'enquêtes et de documents, ce livre est superbement monté.
Martin Sixsmith a su faire de cette histoire vraie qu'il a reconstituée, un magnifique roman dans lequel on est emporté. Il a su retracer la vie d'Anthony, devenu Michael, nous faisant tourner les pages avec avidité, avec révolte.
Quoi ? En 1952, en Irlande, on en était encore là ?
Ce n'est pas si loin pourtant.
La religion catholique était-elle ainsi toute puissante ? Aussi dévastatrice ? A t-elle pu briser autant de destins ?
Et plus tard, dans les années 80/90, aux Etats-Unis, comment la religion toujours, représentée par la droite religieuse conservatrice, a-t-elle pu laisser mourir tant de gens du sida en refusant de débloquer des fonds pour la recherche, en stigmatisant la société homosexuelle ?
C'est une histoire vraie, c'est un roman, c'est un cri de révolte qui nous laisse sans voix, avec un goût de gâchis dans la gorge.
Le style est simple, les mots coulent tout seuls, l'écriture est presque orale.
Un tour de force, à partir de quelques documents et de nombreux témoignages, d'avoir su reconstituer avec autant de crédibilité une vie d'homme, une vie très particulière.
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J'ai lu Philomena dans le cadre d'une masse critique organisée par Babelio. Cette histoire d'adoption m'intriguait beaucoup, d'autant plus qu'il s'agit d'une histoire vraie. Ah, et il me permet également de participer à la session bleue du challenge Bookineurs en couleurs organisé par Liyah.

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette histoire : elle est aussi horrible que fascinante. Ce qui m'a le plus dérangée en la lisant, c'est de me dire que tout ça a été vrai pour des milliers de famille...
J'ai été outrée par certains évènements dès le début de l'histoire : certaines choses me semblent inconcevable dans le monde d'aujourd'hui et du coup, j'ai vraiment été horrifiée par l'histoire de Philomena et celle de Mike. Je n'en revient pas de la manière dont ces mères-filles ont pu être traitées dans le couvent : je conçois totalement que la religion prédominait en Irlande dans les années 50 et qu'elles étaient donc vu comme des pécheresses, mais le pardon n'est-il pas sensé être un point clef de celle-ci ? Ces femmes n'ont pas le droit à l'expression et la plupart d'entre elles ne comprenaient même pas comment elles avaient pu tomber enceinte ! Je me suis vraiment sentie mal en lisant les passages du couvent, ils m'ont vraiment révoltée. Surtout quand l'auteur nous explique la façon dont on forçait la main à ces jeunes filles pour leur prendre leur enfant...
La partie se déroulant aux USA a mit mes nerfs à moins rude épreuve : bien sur, les passages sur l'homophobie et le SIDA m'ont touchée, mais ça existe malheureusement toujours aujourd'hui. du coup, quelque part, ils m'ont moins marquée parce que, ça fait encore parti de notre quotidien, ce que je déplore... Mais bon, je ne perds pas espoir que cela change dans les années à venir ;)

J'ai beaucoup aimé la façon dont Martin Sixsmith raconte cette histoire : on rentre réellement dans celle-ci, comme si on en faisait parti. C'est d'autant plus agréable que les personnages ne nous sont pas vraiment sympathiques : je pense notamment à Mike et à son rythme de vie assez autodestructeur qui le rend assez difficile à comprendre. du coup, même si en soit, on ne l'apprécie pas, il nous touche tout de même. On vit vraiment cette histoire de l'intérieur ce qui la rend d'autant plus forte.

Sans oublier que l'auteur à vraiment une écriture très agréable et fluide. Il a vraiment su trouver les mots justes pour éveiller mon intérêt ou au contraire me mettre mal à l'aise...
Il est difficile de rester de marbre devant l'histoire de Philomena ;)
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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C'est un roman bouleversant, une biographie romancée du politicien Michael Hess, qui a été un des principaux conseillers du Parti Républicain américain.
Un conseil: lisez-le en anglais, l'édition anglaise est moins chère et le style tout à fait abordable.
Ce récit nous fait voyager sur plusieurs époques et sur deux continents: l'Europe et l'Amérique (Etats-Unis).
Anthony est le fils d'une jeune mère célibataire "recueillie" au couvent Sean Ross en Irlande en 1952. A cette époque en Irlande, les jeunes mères célibataires étaient chassées de leur famille et confiées "de force" aux bons soins des religieuses qui les faisaient travailler durement pendant 3 ans et remettaient l'enfant de ces "pécheresses" à l'adoption.
Un grand trafic d'enfants a ainsi eu lieu, largement favorisé par l'attitude de l'Eglise à l'époque.
La mère du jeune Anthony sera donc amenée à signer un acte de renonciation à son enfant, sous la pression de la mère supérieure du couvent et en l'absence d'informations sur ses droits.
C'est ainsi une tragédie qui commence: le jeune Anthony a été confié à un médecin et sa famille, dans l'Iowa; Il va avoir une éducation religieuse et va faire de brillantes études juridiques.
Très vite un fossé va se creuser entre lui et sa famille adoptive: Anthony, rebaptisé "Michael" va porter toute sa vie la culpabilité, le sentiment d'abandon.
Il a quitté sa mère biologique à l'âge de 3 ans; et il garde de vagues souvenirs d'elle. Il va grandir dans un milieu conservateur et il va se sentir isolé de part sa sexualité (il est homosexuel à une époque très peu tolérante à cet égard).

De brillantes études vont faire de lui un as dans le domaine du droit politique et de ce que les Américains appellent le "gerrymandering" (l'art du découpage électoral). le voici donc admis dans les plus hautes sphères du pouvoir, et conseiller du Parti Républicain.
Un enfant "abandonné" devient ainsi un des proches de Ronald Reagan, alors Président des USA. Une position peu facile à assumer pour un homosexuel, même "discret" sur sa vie privée, en effet de nombreux conservateurs "intolérants" étaient aux commandes de ce parti dans les années 80.
Michael-Anthony va rechercher sa mère biologique mais.. je ne vous dis pas la suite; J'ai été absolument bouleversée par ce livre qui m'a fait penser aux romans "d'apprentissage" de Dickens.
Le portrait de Michael- Anthony enfant et adolescent, la découverte de sa sexualité, ses rapports difficiles avec son père adoptif très "conservateur", tout cela est saisissant.
De même nous avons un panorama assez complet sur la vie politique américaine dans les années 70 et 80.
La fin est tragique et ce livre m'a vraiment marquée.
C'est le premier livre de Martin Sixsmith que je lisais.
Je suis impressionnée par son style direct et efficace. Je le conseille aux étudiants en anglais et ceux qui veulent parfaire leur anglais.
L'auteur est un spécialiste de la politique: il a été longtemps correspondant de la BBC, notamment en Russie (il parle russe) ; il a travaillé aux USA en tant que professeur de littérature russe.
Il a travaillé longtemps comme conseiller du Parti Travailliste anglais et est actuellement présentateur de télé et journaliste.. et écrivain.
Quel parcours!!!
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"Le livre qui a inspiré le film de Stephen Frears" annonce la couverture, mais pour ce que j'en sais, le film n'a pas du tout pris l'histoire par le même bout. Parlons donc uniquement du livre, annoncé comme "Document", puisqu'il raconte une histoire vraie.

Irlande, années 50, sous la coupe de la puissante Église catholique, très très influente en politique. Quand Philomena tombe enceinte, elle est vite envoyée au couvent de Roscrea pour y accoucher. Elle y passera trois années de dur labeur, s'attachant à son petit Anthony, jusqu'à ce qu'il soit adopté par une riche famille américaine. Fortement influencée, elle a signé l'autorisation!

Anthony, rebaptisé Mike, va avoir une destinée remarquable, devenant avocat de droit constitutionnel, travaillant pour le parti républicain de l'époque Reagan et Bush, peu connus pour leurs sympathies à l'égard des homosexuels. Mike, qui justement a découvert ses goûts pour les hommes, doit mener une double vie...

Très tôt il désire retrouver sa mère, se rend en Irlande plusieurs fois, mais hélas, rien à faire, les soeurs gardent le silence. de son côté, sa mère cherche à le retrouver, contactant justement le journaliste Martin Sixsmith, l'auteur du livre.

Une telle histoire pourrait tomber dans un effroyable pathos, mais sait rester sobre. Finalement, le livre est centré à 90% sur l'histoire d'Anthony/Mike, son enfance, ses études, et surtout sa vie professionnelle et personnelle. J'ai retrouvé avec un effroi rétrospectif les débuts de l'épidémie de sida, encore plus ignorée aux États-Unis par les gouvernements républicains qu'en France à la même époque, semble-t-il.

(Le lecteur ne retrouvera Philomena qu'à la toute fin du livre, ce qui est frustrant tout de même. J'aurais aussi aimé avoir plus de détails sur les recherches du journaliste, qui les évoque bien rapidement : sans doute le film répondra à mes questions?)

Un document vraiment intéressant à découvrir. Et comme il paraît que l'actrice du film (qui a écrit la préface du livre) est formidable, je peux me laisser tenter par un doublé.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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J'ai un problème avec ce livre, est-ce un roman, un documentaire, un journal, un récit?

Lorsque j'ai reçu le livre, aimablement offert par les Presses de la Cité dans le cadre de l'opération Masse critique de Babelio (merci à eux deux) je me suis dit, lisant la quatrième de couverture que cela devait être un livre tiré à partir du film « The Magdalene sisters » de Peter Mullan qui m'avait tant impressionné il y a bientôt 10 ans.
Bon, eh bien je n'y étais pas tout à fait, ce livre fait part d'une autre histoire, toujours en Irlande, de nouveau à propos des couvents Irlandais prompts à punir les péchés de chair commis par ses ouailles surtout féminines, encore à propos du scandale quant au traitement des naissances hors mariage.
Martin Sixsmith nous raconte l'histoire de Philomena Lee, mais surtout celle de son fils, né hors mariage, adopté par une famille Etats-Unienne.
Histoire qui aurait pu être émouvante, déchirante, d'une mère qu'on oblige au nom des pseudos-valeurs Catholiques à abandonner son enfant pour mieux expier son péché.
Seulement, l'histoire de cette mère, de cette Irlande, de ces couvents, de l'Eglise, est vite expédiée.
Il s'agit surtout de nous parler de Mike Hess (né Anthony Lee, fils de Philomena) enfant né Irlandais puis Américain par son adoption, de son parcours, de son homosexualité, de sa vie, de sa mort.
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L'histoire de Philomena l'Irlandaise est surtout le prétexte pour nous parler de l'homosexualité de Mike l'Américain, des Etats-Unis de la période Républicaine (Nixon) et de leur puritanisme.
La plume de Martin Sixsmith est fade, tout lyrisme totalement absent, on ne s'attache jamais vraiment à ses personnages, trop caricaturaux, probablement un excellent journaliste, mais certainement pas un grand écrivain.
Le sujet était pourtant très fort, l'auteur est passé à coté, Stephen Frears est un grand cinéaste, il saura probablement tirer un meilleur parti de cette histoire, mais il lui faudra alors s'écarter de ce scénario !

Petite note à l'intention de l'éditeur: Sont-ce des raisons mercantiles qui vous ont poussé à intituler le livre « Philomena » (titre du film de Stephen Frears) et non « l'enfant perdu de Philimena Lee » (titre original du livre) et à insérer quelques photos, comme pour bien nous dire « il s'agit d'une histoire vraie » ?
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