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Critique de dannso


J'avais déjà lu plusieurs livres sur l'assimilation forcée des enfants indiens au Canada, par leur internement dans des pensionnats où les procédés utilisés tenaient plus du redressement que de l'éducation, aucun sur cette même histoire aux États-Unis.

Alma est fille unique. Elle est arrivée il y a peu avec ses parents à la Stover School. Elle y attend avec impatience les autres élèves dont elle espère bien se faire des amis. Ces élèves attendus sont indiens. Originaires de plusieurs tribus, ils ont été enlevés à leurs familles pour devenir de bons petits américains, pour profiter de tous les bienfaits de la civilisation, celle des blancs évidemment. Ils y resteront de nombreuses années, sans revoir leur famille et en sortiront pour soi-disant mener une vie meilleure que leurs parents, mais en fait amputés de leurs racines et de leurs traditions et rejetés par le monde des blancs.

L'histoire alterne entre les années passées à la Stover School, qui voient grandir Alma et les jeunes indiens et quelques jours, des années plus tard, où Alma maintenant mariée, va essayer de sauver un des ses anciens amis, élève indien ayant réussi à intégrer l'université et que l'on pensait promis à un brillant avenir. Il est soupçonné de meurtre et risque la pendaison.

Ce roman, habilement construit, qui maintient pendant tout le récit, le suspense sur les évènements qui ont conduit Alma à quitter l'école et ses parents, aborde un certain nombre de questions.
Bien sûr, il y est question de l'assimilation forcée des indiens, de l'étroitesse d'esprit des hommes blancs, incapables de concevoir qu'une autre civilisation puisse valoir la leur, de leur racisme, qui après avoir enseigné à tous ses indiens comment se comporter en parfait hommes blancs les rejette au nom de leur couleur de peau, ne leur laissant aucune possibilité d'une vie heureuse. Comme le dit un de ces anciens élèves :
« le temps ne changera pas la couleur de ma peau ! [ …] A Brown, j'étais trop indien pour m'intégrer. Quand je suis rentré à la maison, je ressemblais trop, à l'homme blanc. »

Il y est question aussi de l'influence parfois pernicieuse des parents sur leurs enfants. J'ai trouvé à ce titre intéressant le personnage d'Alma. Petite fille, elle est prise entre deux mondes. Soumise à l'influence de son père, à ses discours vantant l'avenir radieux qui s"ouvrira pour les élèves, débarrassés de leurs traditions, elle croit à la campagne d'assimilation menée par son père directeur de l'école, elle pense sincèrement que cette éducation améliorera la vie de ces jeunes, mais elle veut aussi être leur amie et aime découvrir leurs langues, leurs jeux, leurs coutumes, même si elle reste persuadée que l'homme blanc est supérieur. Et c'est le plus horrible en fait, c'est que son père au moins, elle aussi sont sincèrement convaincus d'oeuvrer pour le bien des jeunes indiens. C'est toujours sans fin cette impossibilité pour beaucoup d'admettre la différence, d'admettre que différent ne veut pas dire inférieur.

Un livre poignant sur un sujet hélas toujours d'actualité.
Un grand merci à Magielivres qui avait attiré mon attention sur ce livre.
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