AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krout


La vache, il m'émeut grave ce chef-d'oeuvre de 150 pages et je me pris à téter tel un jeune veau aux plantureuses mamelles métaphoriques des vers de Pablo Neruda parsemant ce roman de coco coquelicots. Je n'en ferai pas un fromage mais tiens à ouvrir largement mon bec, alors renards soyez prêts et je vous regarderai passer.


J'ai vu à sa sortie le film franco-belgo-italien réalisé par Michael Radford (avec Philippe Noiret dans le rôle de Neruda) adapté du roman d'Antonio Skármeta, en 1994. Hormis les paysages enchanteurs et la fulgurante beauté de quelques répliques, un peu déçu je m'étais alors dit que le lire … 1994-2020 : Une ardente patiente. Quelle récompense ! Magique l'écriture de Skarmeta. Aussi plutôt que vous raconter par le menu comment ce facteur amoureux transi de la fille de l'aubergiste fit la rencontre et entra en amitié avec le grand poète chilien voici quelques effluves pour par l'odeur vous allécher.


D'abord il y a la mer :
« Innombrables étaient les vagues, pur le soleil de midi, voluptueux le sable et légère la brise, mais aucune métaphore ne germa. Tout ce que la mer portait en elle d'éloquence n'était chez lui que mutisme. » p.32

Ensuite il y a la mère :
« - Et alors, don Pablo, avec ces métaphores, il a rendu ma fille plus chaude qu'un radiateur.
- Mais, madame Rosa, nous sommes en hiver. » p.75

Puis le facteur amoureux :
« - Et ensuite tu retournes chez toi pour dormir un peu. Tu as des orbites plus creuses que des assiettes à soupe.
- Ca fait une semaine que je n'ai pas fermé l'oeil. Les pêcheurs m'appellent le hibou. » p.80

Le discours du poète à la réception de son prix Nobel :
« A l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes. » « Je crois en cette prophétie de Rimbaud, le voyant. […] Je n'ai jamais perdu l'espérance. » p.125

Enfin ce poème :
« Je retourne à la mer qu'enveloppe le ciel
le silence entre une vague et l'autre
instaure une attente dangereuse :
que meure la vie, que se calme le sang
et que déferle le mouvement nouveau
pour que résonne la voix de l'infini. » p.151


Et soudain un twist final ou toute poésie se trouve anéantie non par la mort du poète mais celle même de l'amour et ce par la méchanceté des hommes. C'est ainsi que je laisse tomber mon mouchoir suite à cette fin déchirante qui rend ces éclats de vie d'autant plus brillants. Un bijou.
Commenter  J’apprécie          4211



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}