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Critique de Pecosa


Nous avions laissé le répugnant inspecteur Sadorski en mars 1943. Nous le retrouvons quelques mois plus tard. Un colonel SS, Julius Ritter, qui supervisait le STO, a été exécuté en septembre par des FTP-MOI. En représailles, 50 otages ont été fusillés au Mont Valérien.
Sur les dents, la Gestapo confie à Sadorski la direction d'une unité de policiers français gestapistes chargée de traquer les FTP-MOI. Ravi de l'opportunité -bouffer du juif et du métèque, sa raison de vivre- l'inspecteur veut de l'avancement pour gâter sa femme Yvette. Chez lui, la situation se complique. Julie Odwak, enceinte de ses oeuvres se cache toujours dans l'appartement, et Yvette simule une grossesse pour donner le change lorsque l'enfant viendra au monde.

C'est toujours un plaisir de retrouver cette flamboyante ordure de Sado, tant Romain Slocombe est un conteur hors pair.
Plonger dans la fosse à purin qui sert de cerveau à l'Inspecteur principal n'est pas une sinécure. Apte à toutes les bassesses et à toutes les violences pour parvenir à ses fins, il ne pense qu'à une chose, écraser les « terros », et démanteler les réseaux. Quand le nom de Rajman apparait au cours de l'enquête, le lecteur tressaille. On sait que Sadorski part sur les traces du groupe Manoukian, et on a beau connaître l'histoire par coeur, on ne peut s'empêcher de frémir. Qui plus est le flic court un autre lièvre, une jeune fille idéaliste sosie de Micheline Presle qu'il veut corrompre. « D'abord, le plaisir de faire souffrir,, qui provoque un accroissement de puissance; suivi du plaisir de faire le bien: la magnanimité étant elle aussi une forme de vengeance et donc un très grand plaisir ». Eh oui, les fantaisies masturbatoires de Sado sont tout aussi répugnantes que ses ambitions professionnelles.

La Gestapo Sadorski permet à Romain Slocombe d'ajouter une nouvelle pièce à son incroyable fresque de la France occupée. Via son personnage, il donne à voir dans la plus extrême crudité les agissements des Brigades Spéciales qui depuis la préfecture de police traquaient les résistants en étroite collaboration avec la police allemande. Fichage, indics, filatures, manipulation, scènes de torture, nous suivons les BS sur les traces des MOI.
Les arrestations succèdent aux arrestations, en une sorte de jeu de dominos mortel. Sadorski toujours à ses petits intérêts, pense mener sa barque et s'en mettre plein les poches, mais le destin est capricieux.
Romain Slocombe est aussi sadique que son héros, son roman s'achève sur un cliffhanger diabolique. 555 pages et c'est déjà fini, suite au prochain numéro… Encore un an pour lire la suite intitulée « L'Inspecteur Sadorski libère Paris. » Et un autre suivra en 2022. Il nous faudra donc patienter pour voir on l'espère, trépasser Sadorski dans d'atroces souffrances . Hélas, on sait que si les cimetières sont remplis de résistants exécutés, bon nombre de membres des Brigades Spéciales s'en sont sortis avec une tape sur les doigts à la Libération. Mais ne nous plaignons pas. Si James Ellroy a écrit le Quatuor de Los Angeles, Slocombe nous offre le Sextuor de l'Occupation, et à lire, c'est du nanan.
A l'année prochaine donc.
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