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4,24

sur 156 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Génocide... Rwanda - Avril 1994, dans l'indifférence mondiale une etnie en exterminait une autre.
Ici le parti pris est de le faire à travers deux témoignages : celui d'une journaliste, Sacha, et d'un tutsi, Rose et pour cette dernière grâce à un carnet.
Nul ne peut rester indifférent à un tel récit car même si la forme employée est le roman, il s'appuie sur une réalité qui est désormais connue et qui reste un des massacres les plus sombres et sauvages perpétré.
Entre le style journalistique des faits, l'émotion d'une femme face à l'indifférence, l'inhumanité parfois et la douceur d'une mère et épouse privée de la parole mais non des mots, le lecteur est au coeur du drame et de ses conséquences.
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CE CRI MUET, JE L'ENTENDS ENCORE ...
Bouleversant
- C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer -
Un jeu subtil de dialogues. Un tambour, celui de la guerre, celui de la poésie, celui des images et des odeurs. Sarah et Rose. Récit bicéphale sur l'horreur du génocide au Rwanda. Sans pathos sans sensiblerie. Dévoré en une soirée. A essayer ce 1er roman de Yoan Smadja

"Printemps 1994. le pays des mille collines s'embrase. Il faut s'occuper des Tutsi avant qu'ils ne s'occupent de nous.
Rose, jeune Tutsi muette, écrit tous les jours à Daniel, son mari médecin, souvent absent. Elle lui raconte ses journées avec leur fils Joseph, lui adresse des lettres d'amour... Jusqu'au jour où écrire devient une nécessité pour se retrouver. Obligée de fuir leur maison, Rose continue de noircir les pages de son cahier dans l'espoir que Daniel puisse suivre sa trace.
Sacha est une journaliste française envoyée en Afrique du Sud pour couvrir les premières élections démocratiques post-apartheid. Par instinct, elle suit les nombreux convois de machettes qui se rendent au Rwanda. Plongée dans l'horreur et l'indicible, pour la première fois de sa vie de reporter de guerre, Sacha va poser son carnet et cesser d'écrire"
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Un roman plein de finesse sur un sujet d'une cruauté rare, c'est ce qu'a réussi à faire l'auteur, pour qui ce livre est le premier ! Les tragédies vécues par le Rwanda sont abordées ici à la fois de l'intérieur, par la famille de Rose, et de l'extérieur, par la journaliste Sacha, qui en a vu d'autres. Mais dès lors que les protagonistes franchissent les limites du regard "objectif" et se trouvent pris dans des interactions entre assassins et victimes, les évènements prennent une autre dimension et il devient difficile de ne pas prendre parti, de ne pas tendre la main, de ne pas saigner intérieurement des blessures physiques ou morales de ceux que l'on ne peut plus considérer comme des personnes extérieures. Les vies s 'entremêlent et le journalisme passe au second plan. J'ai eu quelques difficultés à plonger dans cette histoire au début du roman (la partie où on nous présente Sacha et où les carnets de Rose ne prennent pas encore toute leur importance) puis je fus d'un coup emportée par le tourbillon des drames qui s'accélèrent et qui entrainent chaque personnage au bout de lui-même. Un très beau roman.
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Un livre très fort qui nous plonge en pleine guerre du Rwanda en 1994. Face à toute cette violence, une bulle d'amour très touchante et bouleversante.
Un livre très bien écrit qui nous transmet tout un tas d'émotion à la fois. Un livre dur mais très touchant.

Une histoire saisissante à lire absolument !
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1994. Sacha est reporter de guerre et se rend au Rwanda au moment où le pays s'embrase dans la guerre ethnique entre Hutus et Tutsi. Elle y fait la connaissance de Daniel, un médecin tutsi qui cherche à retrouver sa femme Rose et leur fils Joseph.
Tandis que Sacha découvre l'ampleur de la tragédie avec son oeil de journaliste, au milieu du récit de l'horreur les pages d'un carnet retrouvé sont comme des pauses de douceur ; dans ces extraits au parfum de vanille, Rose raconte son enfance de petite fille muette, ayant grandi bercée par l'amour de ses parents qui vivaient et travaillaient pour l'ambassade de France, elle y raconte aussi sa rencontre avec Daniel et la naissance de leur enfant. Et puis, brutal, le basculement dans la terreur.
Alors que Sacha et Rose ne se connaissent pas, elles éprouvent le même besoin de raconter, alors même qu'il n'y a pas de mots assez puissants pour exprimer leur ressenti et leur peur, l'une pour crier au monde ce qu'il se passe dans un pays qui semble abandonné de tous, l'autre comme un message qui la lie encore au mari dont elle a été séparée, de la même façon que lui grave des fleurs sur les pans des murs. Laisser des traces, témoigner qu'on a vécu là, qu'aucune guerre ne pourra jamais complètement effacer un témoignage d'amour ou d'humanité. Deux femmes, deux points de vue différents sur le génocide, deux personnages forts dont les routes finiront par se croiser. Un roman bref et vraiment très marquant.
Lien : https://cestquoicebazar.word..
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Après avoir lu en 2015 «  Souveraine magnifique » d'Eugène Ébodé ( auteur que j'ai rencontré lors d'une conférence) à propos du pays aux mille collines et le conflit du Rwanda, j'ai acheté cet ouvrage aux récits entremêlés :

Deux regards portés sur cet événement traumatisant, le Génocide des Tutsi du printemps 1994: période où « L’humanité s'est simplement évaporée » .
«  La terre s'était mise à brûler » .

Sacha , reporter de guerre française est envoyée au Cap pour rendre compte à son journal , des élections post- Apartheid..

Lorsqu'elle débarque au Rwanda, parcourt ses mille collines au volant d'une jeep De La Croix Rouge, aux côtés de Daniel , médecin Tutsi, à la recherche de sa femme Rose muette, ( elle lui écrit tous les jours ) .....elle cesse de croire en Dieu....

Le récit journalistique dédié à Sacha, sans temps morts, factuel, basé sur des faits politiques réels s'entremêle , alterne avec le côté épistolaire, nostalgique , romantique de la prose douce et tendre de Rose....

Deux femmes exceptionnelles , remarquables d'humanité et de sensibilité , courageuses , volontaires...
Entre les Hutus et les Tutsis , la déchirure est celle du quotidien.
On dénonce ses voisins, on leur en veut .
Des miliciens armés de machettes violent, pillent , brûlent les églises, les maisons, massacrent .....
Une espèce de folie s'empare des miliciens : les blessures causées à la tête, aux membres étaient terribles ,les actes crapuleux et règlements de compte se multiplient , une fureur méthodique , des centaines de personnes se réfugient dans les hôpitaux , les dispensaires, les organisations humanitaires , l'ONU étaient impuissantes ...

Les journalistes assistaient à la rupture d'un pays qu'ils ne connaissaient pas .Une fureur animale incontrôlée !

C'est un roman bouleversant qui prend aux tripes à la dimension émotionnelle intense , au sujet douloureux et grave , tout en tension.

Le suspense angoissant rend bien la situation confuse, le climat tendu, la liberté de circulation dans le pays entravée, la tourmente , la folie meurtrière ....
Cet ouvrage historique ne laisse pas indifférent——aidé par une plume sensible et généreuse ——pour ce «  Pays tout de vert , de terre et d'affliction vêtu » se lit aisément sans tomber dans le pathétique ni le sensationnalisme ,malgré les atrocités décrites ...

A ne pas lire si l'on est déprimé ....

Un premier roman précieux qui a reçu le Prix «  Honoré de Balzac » et le «  Prix de la ville de Tours » , ( clin d'oeil à une amie chère qui se reconnaîtra ....)
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L'évocation du génocide de 1994 au Rwanda m'a toujours ravagée, de sa découverte lors de mon adolescence aux successives révélations et prises de conscience qui ont suivi.
Avec ce roman (un premier, un coup de maître), Yoan Smadja met des mots sur l'indicible, même s' "il n'y a pas de mots", comme le répète telle une litanie Sacha, le personnage de son roman qui se retrouve aux premières loges pour découvrir l'horreur.
Ce livre dépeint avec justesse et émotion ce moment inconcevable de l'histoire du Rwanda.

L'émotion vient majoritairement de Rose, toute jeune rwandaise muette qui écrit à son mari Daniel des lettres pleines de tendresse et de tranches de vie sur le Rwanda "d'avant", pleines de souvenirs d'un quotidien coloré et parfumé. Des lettres sur leur fils Joseph également, et sur toute la joie qui l'entoure. Des lettres d'une incroyable poésie.
Rose a déjà connu un drame avec la mort de son père, assassiné parce que Tutsi. Mais sa famille va véritablement baculer dans l'horreur, à l'image de tout le pays.

La justesse vient de Sacha, journaliste française, et de son collègue Benjamin, photographe - même si l'histoire de Rose sonne tout aussi juste, elle est dans l'affectif.
Envoyés en Afrique du Sud, les journalistes sentent que quelque chose se trame dans la région des grands lacs. Direction Kigali, où l'horreur les dépasse, mais les pousse également à s'impliquer.
Sacha analyse parfaitement les origines du drame : les blessures laissées par la colonisation allemande puis belge, la déshumanisation de l'autre (appelé "inyenzi", "cafard"), le mantra du gouvernement "tuer avant d'être tué". Pourtant rien ne peut aider à tolérer l'inexplicable, et c'est pleine d'une douleur impuissante qu'elle livre une analyse qui, à elle seule, justifierait la lecture de ce livre. En voici de brefs extraits :

"C'est avant avril 1994 que nous aurions dû poser les yeux sur le Rwanda. [...]
Un pays ne se déchaine pas ainsi, en vingt-quatre heures. Des milliers de personnes ne se convertissent pas en une meute de tueurs du jour au lendemain.
[...]
À quel point faut-il avoir oublié que ces Tutsi sont des hommes?
Entre les Hutu et les Tutsi, la déchirure est celle du quotidien, elle est intime. On dénonce ses voisins.
[…]
On glisse dans l'absurde. "

Après ce désastre Sacha renonce à être journaliste de guerre et se reconvertit avec succès dans la critique gastronomique.
Mais son destin reste lié au Rwanda et à Rose grâce à une promesse.

La fin de ce roman aide d'ailleurs à le refermer empli d'une émotion positive, incroyablement régénérante, ce qui qui est salutaire après la lecture de tant d'atrocités.
Mais je n'oublierai jamais le Rwanda.

Merci à babelio, aux éditions Belfond et surtout à Yoan Smadja pour ce roman magnifique et profondément bouleversant.
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Reporter de guerre, Sacha Alona couvre les premières élections multiraciales sud-africaines en avril 1994. Alertée par les convois de machettes qui croisent sa route, elle décide, contre l'avis de sa rédaction, de se rendre au Rwanda tout proche (« Les gens se foutent de votre conflit. […] Personne ne sait où se trouve le Rwanda… »). de son oeil de pro, elle repère les changements de climat politique et les appels à la haine. Sur place, elle fait la connaissance de Daniel, médecin tutsi, et membre actif du FPR (Front Patriotique Rwandais), qui tente de mettre à l'abri sa femme Rose et leur fils Joseph. Rose, qui est muette, va faire entendre sa voix de femme recluse, attendant dans l'angoisse des ennemis qui lui donnent le nom de Inyenzi, « cafard ». Un carnet retrouvé permet au lecteur de suivre en parallèle l'histoire de Rose et de son fils, ainsi que la quête de Daniel, sillonnant le pays à leur recherche, dans un climat de terreur indescriptible : « Nos mots de journalistes n'ont plus de sens » déplore la reporter dont la vie s'en trouvera bouleversée. Fruit d'un travail de recherche fouillé et précis, ce roman généreux, sensible et d'une grande humanité, met en scène l'avant-génocide et décrit de façon minutieuse comment l'horreur s'installe au pays des mille collines.
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J'ai lu ce roman dans le cadre des 68 premières fois.
Il y a des romans dans lesquels il est compliqué de rentrer, mais on persister...Et finalement on se dit que ça valait le coup.
C'est exactement le sentiment que j'ai eu ici.
Au début du roman, j'étais perdue. Je ne comprenais pas les personnages, je ne comprenais pas où on allait. Une fois arrivée au Rwanda, j'ai compris.
J'avais un peu étudié ce pays en cours. Ce qui est horrible, c'est de voir à quel point cette guerre est tue. On n'en parle pas, on ne comprend pas forcément.
Yoan Smadja arrive à expliquer cette guerre de la meilleure des manières. La romance, l'histoire de famille mise en place n'est pas mièvre et là pour attendrir le lecteur au détriment de la guerre.
C'est une romance pendant la guerre, et pas une guerre romancée.
Passés les débuts compliqués, on est dans l'histoire, et il est difficile d'en sortir une fois le roman terminé.
Plus qu'une histoire, c'est un cri, un témoignage de toutes ces horreurs.
Et pour dire...J'aurais aimé en avoir plus, en savoir plus sur l'enfance et l'adolescence de Joseph...
Mais là, c'est le coeur qui aurait pris le devant sur le sujet principal.
C'était une excellente lecture que je ne regrette pas ! Merci.
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Il est toujours difficile de romancer l'indicible, l'impensable. romancer, créer des personnages, des scènes, des dialogue pour narrer l'indicible, l'irracontable. Ce livre s'attaque aux premiers jours de la guerre et du génocide rwandais, de l'attentat visant le président, aux massacres à la machette dans les rues, dans les églises, dans les ambassades, hôpitaux de Kigali et des villages du pays. A travers le portrait de Sacha, journaliste, reporter de guerre qui d'un "simple" reportage sur les élections en Afrique du Sud a l'intuition qu'il va se passer quelque chose au Rwanda, pays voisin. Elle va alors partir avec un photographe à Kigali et va alors assister en direct aux massacres et à l'engrenage de ce génocide. Il y a aussi en écho, les lettres laissées par Rose, jeune rwandaise, jeune femme tsutsi, qui a été élevé dans le sein de l'ambassade française, car son père était cuisinier. Elle est muette et va alors écrire des lettres pour son mari. Des pages terribles, des pages sur le métier de reporter, de photographe de guerre. Sur ce rôle si difficile de raconter, de relater et la difficulté de relater l'indicible et faut il intervenir. de façon romanesque (un peu trop à mon goût pour certaines situations), l'auteur nous parle de ce génocide avec des personnages touchants, des situations dramatiques et des pages restent en mémoire après cette lecture. Un premier roman courageux.
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