Merci à Babelio et aux éditions Libella pour ce livre, reçu dans le cadre de Masse Critique. Ceci dit, je ne pensai pas m'infliger un tel pensum en choisissant de lire ce livre. Non pas que l'histoire ne soit pas intéressante et aurait pu être prenante :
Ea Sola nous raconte l'histoire d'une jeune française qui épouse un Viet-Cong et part vivre dans son pays. Elle sera rejettée par sa belle-mère, une maîtresse femme qui dirige la plantation de thé, subira la guerre et aura une fille, Xa, avant de fuir et de repartir pour Paris. Xa, adulte, reviendra voir sa famille, mais le riche domaine aura été morcelé et partagé entre les communistes et le Viet-nam aura bien changé. Belle histoire, à laquelle s'ajoute un conflit politique entre deux frères aux idées opposées. Mais l'écriture est alambiquée, à la fois agressive et abrupte, et elliptique jusqu'à l'incompréhension. Elle vire au jargon infantilisant, à la limite parfois de l'illettrisme ou tout au moins d'un massacre en règle de la langue française. Trop de style tue le style, et l'histoire, évoquée par petites touches, entre souvenirs et descriptions, avec parfois de jolis moments, sombre dans un salmigondis de propos tout justes cohérents et l'effet de puissance du récit meurt dans l'oeuf. En fait d'atmosphère mystérieuse on a affaire au cahos (qui ne correspond même pas à l'atmosphère d'un pays en guerre) et si la dame a mis dix ans à peaufiner son écriture, elle aurait incontestablement mieux fait de moins travailler. Comme l'a dit Pascal dans sa neuvième Provinciale " quand un pauvre esprit travaille beaucoup pour ne rien faire qui vaille, Dieu lui en donne une satisfaction personnelle qu'on ne peur lui envier sans une injustice plus que barbare. C'est ainsi, que Dieu, qui est juste, donne aux grenouilles de la satisfaction de leur chant."
Bienvenue aux grenouilles dans le doux chant de la littérature,
La Fontaine les aimait déjà.