AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de lafilledupecheur


Ces dernières années j'ai commencé à me constituer une sorte de bibliothèque idéale d'oeuvres que je voudrais transmettre, histoire que mes lectures et tout ce qu'elles me procurent traversent et touchent (éventuellement) quelques générations. J'ai aussi appris à comprendre ce que je recherchais le plus en littérature : certaines émotions, certains regards, certaines rencontres – des instants (l'empreinte de Baricco, ça).
Depuis, j'ai une meilleure idée de ce que j'espère trouver quand j'ouvre un livre : les fragments de clairvoyance et de conscience de celles et ceux que j'appelle des sorciers de l'âme humaine – qui ont su creuser si profond qu'ils en ont atteint la secrète surface.

On le sait quand une lecture va compter, nous marquer – on referme le livre puis on y revient sans cesse, c'est là. C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de Wagamese, de Gide, de Mishima et de Baricco par exemple (pour ne citer que ces derniers mois) et plus récemment de Sôseki – celui-ci en particulier.

Kokoro c'est l'histoire d'une rencontre pleine de mystère entre un vieux misanthrope résigné et un étudiant. Tout comme dans sanshirô (lu l'été dernier) on observe les choses du point de vue d'un narrateur un peu fade, en quête de (re)pères, dont la naïve perplexité face à des attitudes qu'il ne comprend pas – doublée d'une admiration sans borne pour ce vieillard qu'il appelle "Maître" – finit par faire tomber les masques.
Les deux premières parties sont très calmes, reposées (bien qu'étranges), puis survient le tranchant de la troisième – le coup d'éclat magistral. La patience paie chez Sôseki et la vérité finit par se dévoiler, s'imposer : elle frappe et tétanise.

J'ai refermé ce livre assez troublée, je dirais même hypnotisée. On tient entre les mains quelque chose de complet et d'unique, un coeur, le sien mais aussi un peu du nôtre. J'ajoute que l'écriture de Sôseki (et sa traduction) est d'une élégance et d'une humilité folle.
C'est vraiment un texte magnifique que je suis certaine de relire, il rejoint illico ma bibliothèque de future ancêtre. 🦋

Petite note sur le choix de traduction du titre : en japonais, 'kokoro' signifie tout simplement "coeur" (pas l'organe, l'autre!)... Je trouve dommage que le titre soit si explicite en français. le coeur et ses battements, c'est l'homme. le coeur c'est l'impulsion, la vitalité, le courage, une force qui décide plus que – et malgré – le reste. le coeur c'est la faute, l'ombre, le péché qui pèse sur l'homme. Mais le coeur c'est aussi la bienveillance et le pardon.
Alors voilà, moi, perso, j'aurais tout simplement laissé "Coeur".
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}