J’ai deux vies en ce moment : celle de la mémoire, de l’intérieur, du gout de ce plat que je ne peux pas partager avec personne, et celle du présent en France ou j’essaie d’exister
C'est une autre France, où Hassan el Banna remplace André Malraux, où un islamologue peut être considéré comme quelqu'un de plus modéré qu'un philosophe et où le burkini fait plus parler que l'art. Le racisme et la religion prennent la place de la Rennaissance (...)
C'est ainsi que je me suis réfugié dans l'écriture. Ce n'était pas un loisir, mais un pays, une façon unique de résister, d'exister, d'être en harmonie avec le monde.
Je me suis inscrit en littérature arabe à l'université, j'ai annoncé à tout le monde que je ne croyais plus en leur dieu, en leur Coran et qu'un poème d'Eluard avait beaucoup plus de valeur à mes yeux que tous les propos de Mahomet. Ce poète est devenu l'exemple qui m'a permis de ne pas emprunter le chemin de la radicalisation, du salafisme, comme mes parents.