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Pourquoi avoir décidé de lire ce livre? Simplement car je l'avais en stock et que j'avais besoin pour un challenge de lire des mémoires... Mais bon, franchement, si j'étais intriguée par la teneur de cette autobiographie, j'ai eu beaucoup de peine à la terminer... Non pas qu'elle soit mal écrite ou pas intéressante, je n'ai tout simplement pas réussi à me faire à la personnalité autocentrée et arriviste de Albert Speer...

Cet ouvrage amène des éléments intéressants sur ce qu'il se passait au sein du pouvoir au coeur du Troisième Reich, mais avoir Albert Speer comme narrateur a été pour moi un supplice. Déjà moi et l'architecture cela fait deux, donc bon je me suis vite lassée des descriptions à rallonge des commandes qui lui sont passées et des lieux qu'il visite ou construit... Ensuite, si ces descriptions prennent beaucoup de place, les relations et les discussions entre les personnages sont mises clairement au second plan, pour n'avoir que les réflexions et les théories de notre narrateur... Autant vous dire qu'il sait ce qu'il veut et que seule sa réussite compte, le reste n'étant que secondaire.

Alors bon avoir l'archétype même des gens que j'ai de la peine à supporter m'a rendu ce livre difficilement lisible et j'ai clairement ramé pour arriver au bout. le côté historique n'en reste pas moins intéressant, car vivre de l'intérieur certaines scènes ou décisions s'avère très intéressant. Albert Speer a quand même fermé les yeux sur bien des événements pour orienter sa carrière comme il le souhaitait et cet élément amène une réflexion et une analyse différenciée de certains faits. Finalement nous nous rendons vite compte que tous poursuivaient leurs propres objectifs, pour leur propre gloire, de quoi glacer le sang à la vue des événements qui en ont découlé...

En bref, ces mémoires sont intéressants et un atout historiquement parlant. Maintenant il vaut mieux aimer l'architecture et les personnes autocentrées pour réussir à les lire jusqu'au bout...
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En gros ça parle de :

Et bien c'est l'autobiographie de Albert Speer, personnage le plus énigmatique du troisième Reich qui a collaboré étroitement avec Hitler tout en n'appartenant pas au NSDAP. En fait Hitler l'a contacté pour ses talents d'architecte et de metteur en scène (notamment des premier rassemblements nazis de Nuremberg, ceux filmés par Leni Riefenstahl dans le triomphe de la volonté) puis en gagnant les grâces du führer il a fini deuxième personnage le l'état en charge notamment des industries de l'armement (et donc accessoirement de l'organsisation Todt et du STO). Il passera au procès de Nuremberg et s'en sortira quasiment indemne après 20 ans de réclusion. Il prendra alors une vie de conférencier avant de mourir en 1981 d'un simple arrêt du coeur.

Mon avis à moi que j'ai :

Ce livre pose un problème à l'image de son auteur. Il a été écrit après la défaite et Speer se donne clairement le beau rôle, anticipant à chaque fois la suite dans le "bon" sens et tentant de rendre le système nazi le moins violent possible (notamment en empêchant -dit-il- la destruction systématique au retrait des troupes nazis). En fait Speer est une anguille, une énigme et son esprit tordu, insaisissable me met profondément mal à l'aise (ce qui explique pourquoi j'ai laissé tomber ce livre plus d'un an). Pour être un peu grossier je crois que les mémoires de goebbels seront plus faciles à lire si je m'y met un jour parce qu'au moins le personnage fait preuve d'une logique, d'une direction. Là Speer avance sans avancer toujours sur la pointe des pieds, toujours absent et pourtant toujours présent , toujours par hasard. Une seule phrase lui échappe enfin suite à l'attentat raté de l'opération Walkyrie je cite (p 550) " Naturellement je me suis demandé à l'époque ce que j'aurais fait, si le putsch du 20 juillet avait réussi et si on m'avait prié d'exercer mes fonctions. je l'aurais fait sans doute provisoirement, mais non sans me poser des questions". Quand on sait qu'il s'agit de participer à un gouvernement qui se serait bâti sur le meurtre de la personne qui vous a porté au pouvoir, le portrait du non politique qui se retrouve au pouvoir "par hasard" en prends un sale coup il me semble. de même, plus tard, quand il a l'occasion de s'opposer à un Hitler affaiblit et enfermé dans son bunker pour lui demander de ne pas détruire l'Allemagne en se retirant alors qu'il se dit absolument prêt à s'opposer et à en assumer les conséquences, "malgré lui" il renouvelle sa confiance totale au führer....

En clair Speer me met profondément mal à l'aise parce qu'il est l'archétype de l'ambition pure, de la conviction profonde d'être essentiel à la marche d'un État, tout ce qui est bon pour lui personnellement suffit et il n'a strictement aucune limite morale des conséquences de ses actes. Et il me gêne d'autant plus que si on croise rarement d'antisémites ou de raciste notoires, on croise des centaines de speers en puissance, tous les jours, qui seront toujours prêts à vous humilier et à ruiner votre vie pour se faire bien voir de la hiérarchie en place. Quitte à jurer la main sur le coeur ensuite (dés que le vent aura tourné) qu'ils ne connaissaient pas les conséquences de leurs actes et qu'ils les regrettent. Des Speer en fait, j'en croise tous les jours et c'est bien ça le problème, le profond malaise.
Lien : http://yannfrat.com/blog/?p=..
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Au coeur du Troisième Reich est un document de première main tout à fait exceptionnel pour l'histoire du nazisme à plusieurs titres. D'abord car Speer, architecte personnel de Hitler transformé en puissant ministre de l'armement pendant la Guerre, est le seul haut dirigeant du troisième Reich à avoir témoigné après-guerre - tous les autres étant morts, soit par suicide, soit des suites du procès de Nuremberg. Par ailleurs, c'était sans doute l'un des plus intelligents, et l'un des moins politisés du lot - il n'adhéra au parti qu'en 1931 (sous le charme de Hitler), et a suscité la méfiance des historiques du parti durant toute sa carrière. Enfin car ayant un temps été l'un des plus proches "amis" d'Adolf Hitler, il apporte sur le petit moustachu une lumière plus intimiste, mais pas moins sévère que la plupart des témoignages connus.

Parlant ici d'un loup politique qui a réussi à 35 ans à se faire une place à côté des Goering, Goebbels et autres Himmler, il serait absurde de ne voir dans ce livre qu'un pur exercice de contrition et de témoignage désintéressé. Bien sûr, Speer cherche à redorer son image, à la fois occultant certains aspects particulièrement dérangeants de sa carrière (très peu de lignes sur le recours à la main d'oeuvre concentrationnaire en particulier, même s'il reconnaît sa faute morale, et absolument rien sur le génocide) et décrivant avec fierté ses efforts pour éviter les destructions dans les derniers mois de 1945. Mais qu'attendre d'autre d'un homme tout de même condamné à 20 ans de prison à Nuremberg, alors qu'il était pendant la guerre l'un des seuls dirigeants allemands à pouvoir envisager se recycler dans un autre gouvernement, et le seul des condamnés à reconnaître une part de la culpabilité ? Les pages de remord, n'importe qui pourrait les écrire pour lui ; le témoignage sur le quotidien d'Hitler ou les relations de travail au plus haut niveau à côté de criminels comme Goering ou Himmler, en revanche, sont uniques.

Il serait donc hasardeux de voir ce livre comme une simple histoire du troisième Reich, et non pas comme ce qu'il est, encore une fois : le plus important témoignage, sans doute, de l'intérieur de l'Allemagne nazie (j'attends aussi de lire le Journal de Goebbels pour comparer, mais visiblement celui-ci pensait aussi à la postérité en l'écrivant), donné par un homme ayant travaillé sur certains pans seulement de sa structure tentaculaire : l'architecture, la construction, l'armement.

Ce témoignage, passionnant et souvent très bien documenté, montre d'abord ce que beaucoup de personnes semblent oublier concernant le : c'était un bordel sans nom où une poignée d'hommes de la cour de Hitler - et généralement pas les plus compétents -, se livraient une concurrence féroce par le biais des organisations à leur service, Goebbels et sa propagande, Bormann et le parti, Himmler et la SS, Goering et sa Luftwaffe, par la manipulation et les petites phrases désobligeantes vis-à-vis de leurs rivaux susurrées subtilement à l'oreille d'un Hitler à la fois manipulé et tout puissant, caressé dans le sens du poil et sollicité à tout bout de champ pour des ordres, en fin de compte, purement contradictoires. Si l'Allemagne nazie a été si efficace, c'est en tant qu'Allemagne, car le verni nazi a clairement été un facteur de désorganisation et d'inefficacité, à tous niveaux.

Les réflexions plus techniques concernant l'architecture et la construction (avant-guerre) puis l'armement sont passionnantes mais s'adressent à un public déjà plus "averti" (j'allais dire passionné mais ça sonne bizarre vu le sujet…). En particulier, on découvre les projets grandioses, l'obsession du gigantisme néo-classique qui caractérise les chimères de Germania, imaginées à quatre mains entre l'architecte wannabe, Hitler, et le véritable, Speer pour remplacer le petit Berlin par une ville "digne d'une capitale mondiale".

Les débats sur la priorisation des armements et de l'économie de guerre montrent surtout les faillites de l'organisation nazie et constituent une très belle collection d'erreurs fondamentales de gestion (et pas seulement de guerre):
- ultra dépendance vis à vis d'un chef incompétent (Hitler) beaucoup trop impliqué dans les détails de la guerre ;
- concurrence entre toutes les armes (aviation, armée de terre, marine) sans coordination entre leurs besoins à part Hitler ;
- potentats locaux qui s'arrogent une partie du pouvoir et nuisent aux efforts de coordination globale ;
- arrogance amenant à agir face à l'adversaire non par rapport à des éléments stratégiques, mais par rapport à de purs préjugés (“les Russes sont faibles et n'ont pas du bon matériel”, “les Américains ne savent pas se battre”, etc.) ;
- incapacité à lancer une politique de guerre totale, du fait de l'arrogance vue ci-dessus, et aussi pour se ménager l'opinion publique et par idéologie, pour ne pas faire travailler les femmes contre tout bon sens ;
- ordres contradictoires et non alignement entre les priorités stratégiques et les moyens mis en oeuvre (exemple : faibles moyens donnés à la recherche sur les fusées ou l'arme nucléaire, mais propagande massive sur “les armes nouvelles qui feront basculer la guerre”) ;
- diagnostics quant à la situation militaire décorrélée de la réalité, poussant par exemple à produire bombardiers sur bombardier pour lancer des attaques punitives contre l'Angleterre alors que a) un avion de chasse supersonique venait d'être développé et b) que le pays devait se défendre face, justement, aux bombardements alliés ;
- ordres de destruction qui auraient amené à détruire tous moyens de production d'armes, d'électricité et à créer des flots de millions de réfugiés allemands, qui même en soutenant le point de vue de la “guerre jusqu'à la mort” n'avait aucun sens.

Mais les éléments les plus intéressants sont sans doute les pages qui décrivent les attitudes de Hitler,son comportement au quotidien, . On découvre un homme curieux (dans le sens étrange), à la fois fascinant car persuadé de sa propre force et rempli d'une énergie communicative, et profondément médiocre par la qualité de son raisonnement et ses sujets de conversation, dilettante capable de balayer nonchalamment des sujets stratégiques, et de s'intéresser pendant des heures à l'urbanisme de la ville dans laquelle il entend prendre sa retraite d'ici une quinzaine d'années.
C'est aussi un dictateur qui a changé (pour le pire), entre son arrivée au pouvoir et la guerre : du populiste, qui a le flair de s'adapter à son auditoire pour convaincre, on glisse à partir de la guerre vers le despote coupé du monde, enfant colérique qui impose son autorité par principe, en refusant de se retirer ses ordres les plus absurdes et destructeurs, ou d'écouter autre chose que les flatteries de son entourage. On observe la trajectoire d'un Hitler dont les faveurs sont, jusqu'au dernier moment, recherchées par les membres du cercle pour leur agenda propre, mais dont les ordres, confinant de plus en plus à la folie, ne sont parfois plus exécutés par les gauleiters eux-mêmes. S'enfonçant dans le déni de la réalité, seule une poignée d'hommes fidèles restent avec lui, dans son monde chimérique et dans son bunker en avril 1945, où il tente de mener à 5 mètres sous terre la dernière bataille de Berlin.

Une fois terminé le livre, on ressent encore le souffle épique et destructeur des événements de la guerre, sentiment renforcé par la structure d'un livre où le temps se dilate au fil des chapitres, comme à l'approche d'un trou noir, jusqu'à la chute, si ce n'est du pays, du moins de l'auteur et de ses comparses : la capitulation, la capture et le jugement historique de Nuremberg, où Speer a pris 20 ans, 20 années de captivité à Spandau durant lesquelles il écrit Au coeur du Troisième Reich.

En synthèse : lecture obligatoire pour toute personne qui s'intéresse à l'histoire de la seconde guerre mondiale et des totalitarismes. Ceux qui viennent y lire des exercices de contrition, de remords ou de rédemption seront un peu déçus.
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Sans doute le livre le plus intéressant pour connaitre / appréhender le personnage d'Hitler, autant son charisme que ses folies.
J'ai lu de nombreux ouvrages sur Hitler (dont la bio en 6 tomes par John Toland qui est très bien), mais aucun n'a apporté cet éclairage sur le personnage, comment son entourage vivait ... vraiment enrichissant rien que pour ce point.
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Je trouve qu'Albert Speer n'est pas objectif lorsqu'il dit"ne pas se soucier","ne pas avoir ete mis au courant","ne s'est pas senti concerne par...".Il elude et evite les evenements embarassants.Ces descriptions architecturales occupent une bonne partie de l'ouvrage.
Je le trouve faux!Et pour moi peu probable!Je trouve qu'il critique beaucoup les grands pontes qu'il cotoyaitaupres d'Hitler,mais n'a pour sa part aucune auto-critique.
Ce n'est pas parce qu'il "semble" se justifier en ecrivant ce livre qu'il faut tout prendre pour argent comptant.Il n'est pas pour moi revelateur du IIIe Reich.Il se defend d'ignorer les holocaustes,camps de concentration...alors qu'il se dit intime et privilegie d'Hitler.Pour moi,il ne me convainct pas,il ne peut pas ne pas savoir et ignorer.Je ne suis pas dupe!Et pour finir,je n'aime pas la facon qu'il a de denigrer Rudolf Hess,enferme a Spandau,ou ils n'avaient aucun contact et ne pouvaient donc pas parler"du bon vieux temps"
Par rapport aux camps de concentration et l'exploitation des hommes comme esclaves,etaient connus de lui mais se defend en disant qu'il n'a pas chercher a savoir;fermer les yeux ne le disculpe en rien!!!
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Albert Speer, a été condamné à vingt ans de prison à Nuremberg. Sa mère était membre du parti nazi bien avant lui. Ses mémoires sont donc à prendre avec des pincettes. Il a cotoyé durant douze ans le dictateur mais comme la plupart des nazis il ne savait pas ou il obéissait aux ordres.
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Découvert dans une niche permettant l'échange de livres entre particuliers, j'ai dévoré ce pavé, et de plus en plus vite au fur et à mesure qu'il me restait de moins en moins de pages.

Construit en trois parties, cet ouvrage présente d'abord Albert Speer comme un jeune architecte, fils d'architecte, amoureux et sportif dont rien ne laissait présager la destinée. Repéré par Hitler, il devient l'architecte du Fuhrer. Ce dernier, qui aimait bien dessiner, voit en Speer un égal. Dans la 2e partie, Speer devient ministre de l'Armement et continue la description de la vie sous le IIIe Reich. Finalement, dans la dernière partie, la plus terrible, Speer raconte comment Hitler refuse d'admettre les évidences, comment des tentatives d'assassinats sont montées comme le caporal de Brunau. La description de la folie d'Hitler est clairement mise en évidence, prouvée par exemples (ce qu'il avait écrit dans 'Mein Kampf' est l'inverse de ce qu'il veut faire pour le peuple allemand - on parle d'une politique de terre brûlée extrême).

Speer, par ce livre, essaie sans doute de se montrer sous le meilleur jour. Comment pourrait-il être le "méchant" de cette histoire, lui qui a commencé à s'entrainer au tir au pistolet au début de l'année 1945? Il n'a que fait des dessins pour des bâtiments colossaux puis a géré une administration de roulements à billes!!!

Le livre n'obtient pas de moi la 5e étoile car il est très décousu. Speer saute joyeusement d'une date à l'autre, sans se soucier d'une quelconque chronologie. Il faut avoir une solide connaissance des événements pour s'y retrouver.

Ouvrage de référence, il reste utile à lire, ne serait que pour le portrait glaçant du petit vieillard d'Obersalzberg.
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Bien sur criminel, bien sur partiel et partial, mais oui, digne d'un très grand intérêt
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Difficile de parler d'un tel livre. C'est historiquement passionnant, réellement passionnant à lire, mais on peut également s'interroger sur la véracité de ce que raconte Albert Speer, qui pouvait avoir tendance à minimiser sa connaissance de tous les agissements du régime nazi et sa contribution personnelle aux crimes les plus atroces du Troisième Reich.
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Ce livre m'est tombé des mains...
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