Je tiens à remercier
Alex Speri de m'avoir permis de découvrir son tout premier roman, un premier c'est important c'est un peu comme un bébé.
C'est un roman catastrophe post apocalyptique. C'est tuer ou être tué.
Nous faisons la connaissance d'Henri ancien militaire reconverti dans l'informatique, vivant à Malte avec sa famille, son épouse russe et sa petite fille Katia. Il va sentir venir un grand danger et va se préparer ainsi que sa famille au pire. Et le pire va se produire. Après le covid qui aura fait de nombreux morts et confiner toute la planète ou presque, les réserves de pétroles vont s'effondrer et une IEM va plonger l'humanité dans un blackout total. Nous voici dans le bain dès le début du livre, ça ne va pas être une promenade de santé.
L'auteur à travers ce road trip d'un genre particulier interpelle le lecteur sur les conséquences de l'effondrement d'une société, du changement radical des comportements humains, de l'instinct de survie qui va se développer au fil du temps, du fait que l'appât du gain et du pouvoir est indéboulonnable nonobstant les événements terribles qui se déroulent. Les gens doivent apprendre à vivre sans électricité, sans eau courante, sans réseau, sans transport, se mettre ou se remettre à la chasse, à la pêche, en résumé ils doivent s'initier à la survie.
Henri va tout faire pour retrouver sa terre natale et mettre sa famille à l'abri. Dans un premier temps on va les suivre de Malte à la Bourgogne avec un couple d'amis sur un bateau. Une fois arrivés à bon port Henri va décider de partir en Russie récupérer sa belle famille avec l'aide de son ami d'enfance Charles.
C'est là que le road trip prend tout son sens, c'est comme suivre une carte routière ou un de ces films de guerre où pour montrer l'avancement des troupes le metteur en scène fait avancer une grosse punaise rouge sur une mappemonde.
L'auteur y décrit toutes les horreurs possibles et inimaginables, ça pourrait paraître trop mais vu que c'est un livre post apocalyptique ça se comprend et colle parfaitement aux messages et aux émotions que l'auteur a véhiculé. Je n'ai pas trouvé ces descriptions violentes gratuites, je dirais qu'elles sont une sorte de terreau pour le récit. C'est une question de sensibilité. L'écriture très ordonnée, hachée avec des phrases courtes, des dialogues acérés renforcent cette partie martiale, limite comme un rapport militaire. Cependant le monde dans lequel évoluent nos personnages est très fouillé, bien construit. L'auteur a fait beaucoup de recherches sur la géographie des lieux, sur l'armement et les véhicules militaires, peut être un peu trop car le récit se trouve saccadé, déshumanisé, mais c'était peut être la volonté de l'auteur.
L'histoire est captivante même si le parcours est répétitif dans le sens où c'est tous les jours la même chose. Beaucoup de passages atroces qui ne sont pas sans rappeler le conflit actuel en Ukraine (entre autre). C'est un récit très visuel de par la minutie des descriptions, on vit le conflit de l'intérieur, et ça accentue cette idée de malaise et d'oppression.
La main rouge est intrigante, on en découvre un peu plus au fur et à mesure, j'aurais aimé que ce soit plus développé, je suis restée sur ma faim.
Quelques petits bémols cependant, certainement dû au fait que c'est un premier ouvrage : les personnages sont intéressants mais je ne me suis pas vraiment attachée à eux, sauf peut être Charles à qui l'auteur a su donner une aura de douceur et de calme pour tempérer les ardeurs d'Henri.
Une petite chose qui m'a gênée c'est que malgré tous les kilomètres parcourus, tous les pays traversés, les dangers à chaque coin de route, tout le monde s'en est sorti indemne ou avec des bobos sans extrême gravité, non pas que j'aurais voulu des morts parmi les protagonistes loin de là. Pire Henri n'a fait que rencontrer des visages connus, n'a fait que s'arrêter à des stations essence pleines, des boutiques remplies, je trouve que ça a ôté de la crédibilité à l'ensemble. Mais attention j'ai beaucoup aimé la lecture et ça m'a donné envie de lire le tome suivant.
En tout cas pour un premier c'est pas mal du tout et je ne peux qu'encourager l'auteur à continuer sur sa lancée.