Au sein de "L'Éthique" de
Spinoza, publiée post-mortem en 1677 pour éviter la censure, l'auteur déploie une rigueur méthodologique rappelant la précision des géomètres. En effet, se laissant guider par une démarche où se succèdent définitions et axiomes,
Spinoza aspire à ériger une construction philosophique aussi irréfutable que les théorèmes mathématiques. Les définitions, dépourvues d'ambiguïté, et les axiomes, énoncés comme des vérités indiscutables, constituent les piliers sur lesquels s'édifient les démonstrations ultérieures. Par exemple, il définit la "cause de soi" comme ce dont l'existence découle nécessairement de sa nature même, tandis que la "substance" est ce qui se conçoit indépendamment de toute autre notion. Ces concepts fondamentaux, appliqués à Dieu, révèlent une conception radicalement nouvelle de la divinité comme immanente à la nature. Ainsi, Dieu n'est pas conçu comme une entité transcendante, mais comme la Nature elle-même, définie par une infinité d'attributs.
Spinoza, en intégrant cette vision dans une méthode de déduction géométrique, confère à son oeuvre une modernité inédite, tout en exposant, avec subtilité, des idées à la fois novatrices et controversées, dont la portée athée, dissimulée pour éviter les foudres de la censure, n'en demeure pas moins révolutionnaire pour son époque.