Cette Tristesse qu’accompagne l’idée de notre faiblesse s’appelle Humilité. Au contraire, la Joie qui naît de la considération de nous-même se nomme Amour-propre ou Satisfaction intérieure.
Et comme cette joie se renouvelle toutes les fois que l’homme considère ses propres vertus, autrement dit sa puissance d’agir, chacun est donc naturellement avide de raconter ses actions et de faire étalage des forces de son corps et de son âme, et voilà pourquoi les hommes se rendent insupportables les uns pour les autres.
L’homme n’est pas un empire dans un empire : partie infime de la Nature totale, il dépend des autres parties. Dans son ignorance des causes véritables, il se croit libre. Il est pourtant rarement la cause adéquate de ses actes et dans la mesure où il n’en est que la cause inadéquate, dans la mesure où le monde l’envahit et le rend comme étranger à lui-même, à sa nature véritable, il est passif, c’est-à-dire encore passionné.
-Introduction-
Le désir qui naît de la joie est plus fort, toutes choses égales d'ailleurs, que le désir qui naît de la tristesse.
Livre IV De la servitude humaine proposition 18
Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.
L’homme libre qui vit parmi les ignorants s’applique, autant qu’il peut, à éviter leurs bienfaits.
Le suprême orgueil ou la suprême dépréciation de soi sont la suprême ignorance de soi.
Si l’on commence à haïr la chose aimée, de sorte que l’amour soit complètement anéanti, on éprouvera pour elle, à motif égal, une haine plus grande que si on ne l’avait jamais aimée, et d’autant plus grande que notre amour aura été plus grand.
Il y a autant de force d'âme à fuir un danger qu'à l'affronter.
L'imagination, lorsqu'elle concerne l'homme lui-même, qui a de soi une meilleure opinion qu'il n'est juste, s'appelle ORGUEIL, et c'est une espèce de Délire, parce que l'homme rêve les yeux ouverts qu'il peut tout ce qu'il saisit par sa seule imagination.
Le véritable cogito spinoziste […] ce n’est pas le moi qui pense, mais la position de la totalité de l’être, de Dieu être intelligible et intelligibilité de l’être. Quand nous disons que la substance est en soi et est conçue par soi, aucun aspect ne dépend de l’autre, mais la pensée révèle l’être qui est en soi. Elle le révèle parce qu’elle est comme la transparence de l’être. La pensée est attribut de Dieu, est donc Dieu, mais elle n’est pas attribut de l’homme qui n’est, lui, qu’un mode –un entendement- de cette pensée divine, ou mieux : de cette pensée qui est Dieu. Il n’y a pas d’individu qui pense, mais des hommes qui participent de la pensée qui est Dieu.
-Introduction-