Citations sur Traité politique (9)
La cité dont la paix dépend de l'inertie des sujets, conduits comme du bétail, n'apprenant qu'à servir, mérite plutôt le nom de solitude que de cité.
Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre.
Les intelligences humaines ne sont pas assez pénétrantes pour tout saisir du premier coup, mais au cours de délibérations, d’examens d’autres avis et de discussions, elles corrigent leur maladresse initiale. A force de réfléchir à toutes les solutions, elles finissent par trouver celles qui rencontreront une approbation unanime et auxquelles personne jusque-là n’avait jamais pensé.
ch.IX §14 Traité de l'autorité politique - édition oeuvres complètes - Bibliothèque de la Pléiade)
… je me suis soigneusement abstenu de tourner en dérision les actions humaines, de les prendre en pitié ou en haine ; je n'ai voulu que les comprendre.
Celui que la masse a nommé roi cherche (...) des généraux, des conseillers, des amis. Si bien que la prétendue monarchie absolue est bien plutôt, dans la pratique, une aristocratie, non avouée sans doute, mais, pour cette raison précisemment, du genre le plus mauvais.
(ch.VI §5 Traité de l'autorité politique - édition oeuvres complètes - Bibliothèque de la Pléiade)
peut-être Machiavel at-il voulu montrer qu'une masse libre, doit à tout prix, se garder de confier son salut à un seul homme. Car celui-ci, à moins d'être excessivement vaniteux et de s'imaginer qu'il lui est possible de plaire à tous ses sujets, craindra sans cesse des embûches. Il sera donc contraint de se tenir sur ses gardes et de tendre lui-même le premier des embûches à la masse - au lieu de veiller, comme il le devrait, aux intérêts généraux. Cette dernière intention est quant à moi, celle que je serais porté à prêter à notre auteur. Car il est certain que cet homme si sagace aimait la liberté et qu'il a formulé de très bons conseils pour la sauvegarder.
(ch. V §7 Traité de l'autorité politique. Paragraphe manquant dans la traduction hollandaise des Nagelate Shriften : "attitude réticente que paraissent avoir adoptée certains éditeurs, en présence de l'inpiration foncièrement démocratique du Tractatus Politicus")
Puisque les hommes sont conduits par l'affect plus que par la raison il s'ensuit que la multitude s'accorde naturellement et veut être conduite comme une seule âme, sous la conduite non de la raison mais de quelque affect commun.
Et par conséquent je dis que l'homme est entièrement libre en tant qu'il est conduit par la raison ; car alors il est déterminé à agir en vertu de causes qui s'expliquent d'une façon adéquate par sa seule nature, bien que d'ailleurs ces causes le déterminent nécessairement. La liberté, en effet (comme je l'ai montré à l'article 7 du présent chapitre), n'ôte pas la nécessité, elle la pose.
Or l'expérience montre surabondamment qu'il n'est pas plus en notre pouvoir de posséder une âme saine qu'un corps sain. De plus, chaque être faisant effort, autant qu'il est en lui, pour conserver son être, il n'est point douteux que, s'il dépendait aussi bien de nous de vivre selon les préceptes de la raison que d'être conduits par l'aveugle désir, tous les hommes se confieraient à la raison et régleraient sagement leur vie, et c'est ce qui n'arrive pas. Car chacun a son plaisir particulier qui l'entraîne ; et les théologiens n'ôtent pas cette difficulté en soutenant que la cause de cette impuissance de l'homme, c'est un vice ou un péché de la nature humaine, lequel a son origine dans la chute de notre premier père.