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Critique de PetiteBichette


To spit en anglais : cracher
Lize Spit nous crache à la figure, tout comme les crachats pouvaient atteindre le petit Simon, huit ans, victime de harcèlement scolaire à cause de ses oreilles décollées.
Spit, cela sonne comme le sifflement du serpent qui vient susurrer à nos oreilles avant de nous infliger son venin.
Le venin dont il s'agit ici est insidieux, celui de la maladie mentale, qui petit à petit, fait son nid, jusqu'à un beau jour où nous découvrons effarés, sous le masque, un autre visage que celui de l'être que nous avons aimé des années durant.
Léo, pour Léonie, a suivi des études de scénariste, mais son absence de contacts ne lui a pas permis de faire carrière dans le cinéma. Alors, en attendant des jours meilleurs, elle joue à la vendeuse dans une boutique de vêtements pour femmes enceintes. La présence de Lotte sa collègue, devenue sa meilleure amie lui facilite la tâche.
Léonie pas encore trentenaire se satisfait de sa vie de couple auprès de Simon, jeune graphiste bourré de talent, une immense complicité est née entre eux au fil des ans, après avoir mutuellement pansé leurs plaies, leurs deux mamans étant toutes deux décédées prématurément.
L'avenir semblait radieux pour Léo et Simon, il devait pouvoir se conjuguer au futur pour toujours. Tout semblait possible jusqu'à un certain point de basculement…
Un soir, Simon rentre trop tard, après avoir bu et en arborant un tatouage à l'arrière de ses oreilles anciennement décollées dans un curieux état d'euphorie et de mégalomanie que Léo ne lui a jamais connu auparavant.
Petit à petit, Simon bascule dans la paranoïa, entrainant inexorablement Léo dans sa chute dévastatrice.
Lize Spit décortique brillamment la maladie mentale, la manière dont elle atteint le couple, dont l'autre regarde le mirage de l'ancienne version de son âme soeur se ratatiner peu à peu au sol, comme une veille mue. Sans juger, elle expose les difficultés pour l'entourage de comprendre réellement ce qui se passe malgré sa bonne volonté ou bienveillance. Les liens se distendent entre Léo et Lotte, le fossé se creuse petit à petit, les incompréhensions se font jour…
J'ai eu peur de m'ennuyer au long de ces 510 pages, craignant les redondances, de me cogner dans la boite crânienne de Léo. Mais non, le rythme est haletant, soutenu, nous réalisons aux côtés de Léo une course contre la montre à vélo, dont l'objet ne nous est révélé que petit à petit dans un compte à rebours oppressant qui ne vient se terminer qu'à la toute fin du livre.
L'analyse psychologique des personnages est fine, la structure du livre époustouflante de maitrise, avec un grand art dans la mise en scène, provoquant des flashs visuels que ne suis près d'oublier. L'humour, le cynisme permettent au lecteur un sourire, de reprendre son souffle entre deux passages lus en apnée.
Je n'avais pas lu Débâcle, la couverture m'ayant rebutée, me voilà prête maintenant à sauter le pas afin de poursuivre ma découverte de cette auteure talentueuse.
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