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Citations sur Je ne suis pas là (67)

Eux, ils faisaient partie des étangs, des étendues d’eau calme que la tempête parvenait tout au plus à rider, alors que nous, on entrait dans la catégorie des océans, soumis au mouvement continu des marées, avec leurs vagues qui s’écrasaient sur la rive puis battaient en retraite, avec un vent qui soufflait parfois du large, parfois des terres, qui se montrait violent à ses heures, écumant de rage. En tant que mer, on pouvait encore regarder de haut certains étangs (trop transparents, souvent artificiels, ou protégés de la moindre brise par de grands arbres), mais avec Lotte et Koen, ça ne marchait pas : leur constance n’avait certainement rien de forcé.
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Je ne pouvais plus détacher mes yeux du pansement derrière son oreille, même pas la nuit, lorsqu’il était allongé près de moi. J’imaginais que ce pansement dissimulait un trou béant, une brèche, un cratère au fond duquel on pouvait apercevoir un petit squatteur dans le corps de Simon, un parasite implanté par Tattoo Paul & Friends, une créature visqueuse qui le dévorait de l’intérieur et qui bientôt ressortirait, ne laissant de lui qu’une enveloppe de peau flasque et ridée comme les seins d’une mère après quatre allaitements.
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Toutes les fenêtres en façade s’appuyaient sur des bandes de maçonnerie noire d’où coulaient, de part et d’autre, des traits de suie semblables à du mascara après une crise de larmes. Sur le balcon de notre étage, un pigeon perché lorgnait à travers la vitre, remuant la tête avec attention, il devait suivre quelque chose qui se déplaçait furieusement à l’intérieur.
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« Si seulement on pouvait acheter des pilules de confiance en pharmacie » - voilà comment se terminait mon article. « Car la confiance, c'est comme un pansement : une fois arraché, ça ne colle plus jamais bien. »
(p.483)
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Parfois, je me servais de l’avancement de sa grossesse pour calculer depuis combien de temps déjà durait la folie de Simon, elles avaient démarré à peu près au même moment et poursuivaient toutes les deux leur croissance. Bien que n'ayant jamais assisté à un accouchement, je me représentais avec précision ce qui arriverait à Lotte six mois plus tard, l'expulsion du bébé couvert de substances glaireuses et de sang, mais dans le cas de Simon, de ce qui s'était développé en lui et qui allait un jour sortir de là, je ne voyais pas très bien.
(p.154)
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Tous les soirs, on se mettait ensemble aux fourneaux et puisque j’avais maintenant quelqu’un dont je pouvais m’occuper, je m’occupais mieux de moi-même. Avec lui, j’apprenais à ne plus me sentir coupable lorsque je m’accordais quelque chose, car il n’existait pas d’instance suprême pour tenir le compte et, à la fin de ce siècle, décerner une médaille posthume aux humains qui s‘étaient le plus privés.
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Plus tard, pour éviter qu'il ne prenne une double dose, j'ai acheté un pilulier à la pharmacie, une sorte de longue boîte à sept tiroirs divisés en quatre compartiments, que je remplissais en début de semaine avec les cachets adéquats. Lorsqu'elle était posée debout sur le plan de travail, elle ressemblait à un minuscule immeuble de sept étages avec, derrière les fenêtres, des petites bouilles blafardes.
(p.404)
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« Voyez, c'est comme ça que ça fonctionne chez les gens qui souffrent de bipolarité, a-t-il dit avec son accent français à couper au couteau. Le sable qui s'écoule d'un réservoir se retrouve immédiatement dans l'autre, il n'y a pas d'espace intermédiaire, c'est tout ou rien, noir ou blanc, le « plus un » ne devient jamais zéro, mais se transforme tout de suite en « moins un ». De temps en temps, quand il y a exactement la même quantité de sable des deux côtés, on a l'impression que le patient est stabilisé, mais le sable continue de s'écouler et ce déséquilibre revient très vite. On ne peut pas arrêter un tel processus grâce aux médicaments, mais s'ils sont bien dosés, ils peuvent faire en sorte de retourner le sablier, disons, avant que tout le sable soit passé. »
(p.358)
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Il existait des milliers de Simon possibles qui, par l'effet de minuscules cachets, avaient tous des particularités différentes, mais qui en même temps n'étaient jamais vraiment lui. Le véritable Simon avait disparu, remplacé par des milliers de répliques, qu'on avait stockées et qu'on m'envoyait l'une après l'autre, en espérant qu'à un moment donné, je finirais par en avoir marre et par céder : OK, celui-là peut aller, on le garde, je vais essayer de faire avec.
(p.452)
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En le consolant de la perte de sa mère, je me suis consolée moi-même. Il était le bouchon vissé sur le goulot de mon chagrin, qui gardait le tout à l'intérieur de la bouteille.
(p.401)
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