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Critique de Eve-Yeshe


Dans ce roman, l'auteur nous entraîne sur le parcours et les états d'âme du major Claude Eatherly. Nous faisons sa connaissance en décembre 1955 alors qu'il est hospitalisé en psychiatrie, bourré de neuroleptiques et d'électrochocs tandis que son mariage et sa famille sont en train d'exploser. Ensuite flash-back pour comprendre comment il en est arrivé là.

Claude a un parcours militaire hors du commun. Il est le plus jeune fils de la famille Eatherly qui exploite une ferme et mène une vie austère. Lorsque les USA entre en guerre, les fils aînés sont envoyés au front, cités en exemple, ce qui engendre chez lui une certaine frustration.

Il a épousé une jeune femme d'origine italienne, comédienne ce qui est difficile à une époque où les Américains assimilent tous les Italiens, même ceux nés aux USA, à des fascistes, idolâtres de Mussolini et n'hésitent pas à les placer dans des camps avec des Japonais, des Allemands… Et la belle Anna y a échappé grâce à un juge compréhensif.

Claude est pilote et s'entraîne dans le désert pour une mission : dont il ne connaît rien, top secret oblige, et après des heures d'entraînement direction la base de Tinian « un caillou qui affleure au ras de l'eau, aux confins de la mer des Philippines et du Pacifique Nord » où il va faire des missions de reconnaissance : Tokyo, Kyushu Shikoku, un avant-goût de Hiroshima et Nagasaki… Il ronge son frein, car on lui a parlé de larguer une bombe d'un nouveau genre : « le gadget » comme l'appelle le colonel Tibbets…

En plus, ce ne sera même pas lui que l'on va charger de larguer la bombe, ce qui entretient une énorme frustration et des comportements inappropriées pour manifester son mécontentement. Et pourtant, quand les deux bombes auront été lâchées, une voix va venir le hanter : elle s'appelle Hanae et elle est une des victimes…

Notre major souffre d'un syndrome de stress post-traumatique mais en 1945, l'armée n'en a cure et ne se penche même pas sur son état physique et mental, et de surcroît il devient malvenu d'émettre la moindre critique sur le bien-fondé du largage des bombes atomiques pour faire capituler le Japon, car l'ombre du Maccarthysme se profile à l'horizon.

Sébastien Spitzer alterne dans son récit passé et présent pour mieux faire comprendre le couple Eatherly, la difficulté de vivre avec un conjoint « qui entend des voix » et de cohabiter avec les parents de Claude, les exigences des uns et des autres, mais il donne aussi la parole à Hanae qui raconte le drame des irradiations des morts immédiates et des séquelles plus tardives, et on se plaît à penser que c'est la conscience de Claude qui vient le hanter.

L'auteur décrit bien l'ivresse de piloter, le désir de faire plier le Japon en lançant le « gadget » et la frustration de ne pas être désigné pour le faire, ainsi que le dur retour à la vie normale de celui qui est considéré comme un héros, mais personne n'a vraiment envie d'entendre de qu'il a à dire, ce qu'il ressent, le poids de la culpabilité. J'ai été très touchée par le témoignage d'Hanae retranscrit fidèlement par l'auteur.

Mais, je reste un peu sur ma faim probablement parce que le sujet est terrible, surtout dans le contexte actuel de guerre à nos portes alors qu'on sent que tout pourrait arriver… peut-être aussi parce que j'ai adoré « Ces rêves qu'on piétine » et espéré retrouver le même ressenti… J'ai encore « La fièvre » et « Le coeur battant du monde » en attente dans ma PAL.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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