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EAN : 9782253079774
456 pages
Le Livre de Poche (03/02/2021)
3.73/5   380 notes
Résumé :
Dans les années 1860, Londres, le cœur de l’empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l’insurrection et l’opium.
Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine. Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance.
L’enfant illégitime est le fils caché d’un homme célèbre que poursuivent toutes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (136) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 380 notes
Sébastien Spitzer prend le pouls d'un monde encore palpitant des premiers soubresauts de la révolution industrielle, à travers la fresque historique et sociale pleine de vigueur d'une ville où tout peut arriver dans les années 1850 : Londres, vibrante capitale du monde.

Au bout de Brick Lane se trouve un faubourg que l'on surnomme l'"Abîme" : l'East End. À cette heure d'affluence, une femme, rousse aux cheveux courts pour éviter d'avoir à se les laver, tente de se frayer un passage parmi la foule d'ouvriers. Louvoyant à travers les mains libidineuses de la sortie d'usine, elle contourne un bloc de houille érigé en totem, «  coeur sec et froid d'un monde nouveau sans coeur  », dans la fureur des bas-fonds de Londres, capitale du charbon qui transforme le monde à l'allure de ses locomotives, répandant mécanisation et marchandisation à une vitesse industrielle, et tissant le long d'un réseau de chemin de fer, comme la toile d'une araignée qui distribue ses profits à quelques-uns, et sa misère à beaucoup d'autres : « le coeur battant du monde ».

Charlotte, jeune fille aux cheveux trop ras, n'aura pas fui la famine de son Irlande natale pour mourir étouffée par la pauvreté. Elle devra se battre sans compter : son homme, parti tenter sa chance au rêve new-yorkais, la laissera enceinte d'un enfant qui n'aura même pas le temps de respirer. Voler, se prostituer, l'argent n'aura pour elle qu'une valeur, celle de la survie. Pour elle et pour l'enfant illégitime qu'on lui a confié, après son bébé mort-né. Freddy, dont l'identité devra être cachée, sera un des secrets les mieux gardés de la future Union soviétique, fils jamais reconnu de Karl Marx lui-même, que nous suivrons complotant un soulèvement accompagné d'Engels. Mais pour Freddy, la révolution se fera dans l'action ou ne se fera pas.

« La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le coeur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres. »

Londres est «  la ville monde immonde  », à la couleur de suie et à l'odeur de sueur. le récit constitut un portrait saisissant et sans concession d'une capitale en pleine ébullition industrielle. Après un premier roman très remarqué, Ces rêves qu'on piétine, qui évoquait Magda Goebbels, Sébastien Spitzer nous offre une fresque historique aux accents mélodramatiques «  au coeur même du coeur battant du monde capitaliste  ».
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Londres, 1851 : Charlotte jeune immigrée irlandaise qui a fui la famine vient d'être agressée. Elle est secourue par le Docteur Malte, soigneur des laissés-pour-compte, qui pratique des avortements en secret et la recueille. Au même moment, naît Freddy, cet enfant illégitime qu'a Karl Marx avec sa bonne et dont il ne veut pas assurer la paternité. À la demande d'Engels, ami de Marx, le médecin se charge de récupérer l'enfant et c'est Charlotte qui va l'élever.
Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer, après son excellent Ces rêves qu'on piétine qui dévoilait l'étonnante histoire de Magda Goebbels, se penche, cette fois sur le destin du fils caché de Karl Marx. C'est donc au coeur de l'Angleterre victorienne que se situe l'intrigue. L'auteur, nous raconte avec brio et un suspense maintenu de bout en bout, la vie plus que mouvementée de ce garçon. Il nous décrit également de manière remarquable Karl Marx, en pleine fondation, avec Engels de l'Internationale communiste. Comment Engels, grâce à ses usines, peut financer le train de vie de l'auteur du Capital. Les portraits de ces deux hommes, tous deux exilés d'Allemagne, révolutionnaires mais bourgeois, sont vraiment réussis.
Mais, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est le contexte historique, cette période de l'histoire britannique où une Angleterre industrielle maîtresse du charbon, le plus grand empire colonial du monde dans ces années 1860, veut dominer le monde. Sébastien Spitzer nous plonge au coeur de la vie des petites gens et la manière impitoyable qu'utilisent les plus chanceux pour exploiter les plus faibles. Cette misère provoque de nombreuses insurrections, misère aggravée par la crise du coton bloqué en Amérique par la guerre de sécession. Les Irlandais sont d'autant plus touchés, que, nombre d'entre eux se sont engagés auprès des Yankees avec promesse de se voir attribuer une terre, promesse qui ne sera pas tenue... D'où la violente répression anglaise lors des révoltes des fénians, ces nationalistes irlandais, à leur retour.
C'est une magnifique fresque sociale, bien que très noire qui est brossée dans ce roman avec, en son coeur, la présence de ces deux hommes qui bien que profitant de ce système capitaliste n'ont qu'un rêve : le faire tomber !
C'est une histoire romanesque des plus passionnantes que nous livre Sébastien Spitzer avec, au départ, un fait réel qui se déroule dans un contexte historique réel.
Un livre passionnant, fascinant et très enrichissant.
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Le coeur battant du monde est une gigantesque fresque dans laquelle le talent de l'auteur réussit à lier personnages et événements réels à la fiction. Indispensable pour raconter et surtout pour intéresser et captiver le lecteur.

Comme avec Magda Goebbels, dans son premier livre, Ces rêves qu'on piétine, Sébastien Spitzer redonne vie à des personnages disparus en nous plongeant dans leur quotidien. J'ai ainsi apprécié de découvrir qualités et défauts de Karl Marx, le Maure, et de Friedrich Engels, le riche industriel qui pouvait pratiquer la chasse à courre avec des lords puis pousser ses ouvrières à se révolter tout en les traitant bien mieux que tous ses collègues.
Surtout, il y a ce héros du livre, Freddy, le fils de Karl Marx, né d'une nuit d'amour avec la bonne. C'est lui, enfant, que l'on peut imaginer voir sur la couverture du livre, confronté à la misère, à la faim, dans ce Londres du XIXe siècle si bien décrit dans ce livre comme l'avait fait Charles Dickens.
Je me suis attaché à Charlotte, une Irlandaise, personnage fictif si généreux malgré tout ce qu'elle subit, puis à Lydia, sortie de la misère par Engels. Elle se révolte contre sa couardise et son suivisme, cédant toujours aux volontés de la femme du Maure, Johanna von Westphalen, une Allemande comme son mari et Engels, en rupture avec la noblesse rhénane dont elle est issue.
C'est vrai que j'ai eu du mal à voir derrière le Maure ce Karl Marx, l'auteur du Capital, oeuvre fondamentale dont on parle depuis si longtemps. L'auteur explique bien ce surnom dû à son apparence physique mais ce n'est pas évident, surtout après avoir vu le Jeune Karl Marx, l'excellent film de Raoul Peck dont August Diehl joue le rôle principal. En cours de lecture, les images du film me revenaient en mémoire car le réalisateur était très bien documenté.
Dans le coeur battant du monde, j'ai beaucoup apprécié le tableau fait par l'auteur de l'industrie anglaise, où ce coton venu d'Amérique, obtenu grâce au travail et au sang des esclaves, donne du travail aux enfants comme aux adultes dans des conditions effroyables. La guerre de Sécession aussi est vue sous un angle plutôt réaliste, loin des clichés qui classent les bons d'un côté et les méchants de l'autre.
Enfin, le combat des Irlandais pour l'indépendance m'a passionné. Tant de violence, tous ces morts, toutes ces souffrances qui sont encore loin de leur épilogue en 1867, cela m'a beaucoup touché.

Une nouvelle fois, Sébastien Spitzer prouve qu'il sait raconter, après s'être énormément documenté. Surtout, il n'hésite pas à citer les lectures qui l'ont inspiré, ce que j'apprécie beaucoup à la fin d'un roman de ce style.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Lorsque l'on s'attache au misérable quotidien de Charlotte , enceinte d'un enfant dont le père est parti tenter sa chance en Amérique, traitant son infortune dans les bas-fonds de Londres, on est loin d'imaginer que l'histoire nous conduira dans l'intimité de deux géants de l'histoire du 19è siècle, à savoir Marx dit le Maure et son allié (mais après lecture, peut-on parler d'alliance, tant la nature de leur relation est peu claire), Engels.

C'est sur l'existence d'un fils caché du rédacteur du Capital que Sébastien Spitzer construit le récit. La naissance clandestine, les premières années près de celle qui fut sa mère de substitution, la pauvreté, même si tout cela est sorti de l'imagination de l'auteur, puisque l'on sait peu de choses du bâtard, dont les instances officielles ont longtemps réussi à cacher la réalité, pour ne pas ternir l'image du géniteur.

Et pourtant, elle n'est pas reluisante cette image : si Marx défend sur le papier l'opprimé , il semble pourtant éprouver à son égard le plus profond mépris, dans sa vie de tous les jours. Et son train de vie financé par Engels aurait pu être à l'origine d'une dissonance cognitive dont il ne semble pas souffrir.

Le contexte historique est passionnant : c'est l'époque où le commerce florissant du coton, importé des Amériques, fait vivre (ou plutôt survivre) le peuple des ouvriers dont le maigre salaire parvient à peine à les nourrir, dans des conditions d'insalubrité qui tuent avant l'âge.
La situation s'aggrave encore lorsque la Guerre de Sécession ruine l'importation de la précieuse matière première.

L'écriture est vivante, faite de phrases courtes et le plus souvent au présent. L'incursion de la petite histoire dans la grande Histoire a toujours un effet très positif sur l'intérêt et suscite l'envie de poursuivre la lecture sans répit.


Très beau second roman, qui confirme le talent de l'auteur .

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Dans les bas-fonds du Londres du milieu du 19ème siècle, un nourrisson est recueilli et adopté par Charlotte, jeune Irlandaise chassée de son pays par la famine. L'enfant s'appelle Freddy. Il ne découvrira que bien plus tard qu'il est le fils naturel de Karl Marx, lui aussi réfugié dans la capitale anglaise après avoir été refoulé de Prusse et de Paris. Pendant que le père rédige le Capital tout en maintenant des habitudes bourgeoises aux crochets de son ami, le riche industriel Engels, Freddy grandit dans la misère, participe aux soulèvements populaires lors de la crise du coton provoquée par la guerre de Sécession américaine, et se retrouve aux côtés des nationalistes irlandais par dévotion pour sa mère adoptive.


Karl Marx a bien eu un fils naturel, Frederick, né en 1851 d'une relation avec la bonne de la famille, et reconnu par Friedrich Engels. A partir de ce fait réel, l'auteur a librement imaginé la vie de Freddy et de sa nourrice, en faisant les personnages principaux d'une vaste fresque historique où tout, à part eux, est véridique.


On y découvre ainsi l'essor de l'industrie du coton en Angleterre et la misère ouvrière qui provoque de plus en plus d'insurrections, l'impact de la guerre de Sécession américaine sur l'économie anglaise, le sort des Irlandais après la Grande Famine et la déception de ceux qui se sont engagés auprès des Yankees dans l'espoir de se voir attribuer une terre, l'action des fenians et la violente répression anglaise…, mais surtout, en un contrepoint saisissant, les portraits étonnants de deux personnages déconcertants : Karl Marx et Engels, révolutionnaires bourgeois aux multiples contradictions.


Renforcé par le style d'écriture aux phrases courtes et sèches, le suspense autour du sort de Freddy est constant et maintient éveillé l'intérêt du lecteur du début à la fin de cette petite histoire enchâssée dans la grande, construite de manière crédible et passionnante à partir d'un fait méconnu, dans un foisonnement historique qui permet de saisir l'étonnante saveur des personnages de Marx et d'Engels. Un très bon moment de lecture, mêlant utilement l'intérêt à l'agrément.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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critiques presse (1)
Culturebox
23 septembre 2019
Finalement, le destin du fils caché de Karl Marx, raconté de manière assez fluide, dans un style sec, aux phrases nominales minimalistes qui donnent au récit un côté haletant, importe moins que la galerie de portraits historiques réalisés à cette occasion [...]. Une histoire intrigante et méconnue qui permet de se replonger dans la grande Histoire, l’air de rien.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (159) Voir plus Ajouter une citation
À Clonmel, au village, tout le monde savait que ces sociétés de bienfaisance étaient tenues par de bonnes âmes anglaises, de grandes dames, épouses ou filles de colons, qui étaient, justement, la cause de leur misère. Tout le monde en Irlande savait que ces généreux donateurs occupaient les plus belles vignes du sud-est, les meilleurs vergers de Dublin, jusqu'aux verts pâturages de l'île. Les vieux Anglais si bons n'avaient laissé aux Irlandais que le varech et la tourbe, et les sols amers sur lesquels ne poussait que la pomme de terre.
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En Irlande, quand la fièvre de la famine répandait ses dais noirs, Charlotte a vu tous les membres de sa famille se presser devant les portes de ces sociétés-là. Société philanthropique du secours à l’Irlande. Société philanthropique des quakers de l’Est. Société philanthropique protestante. Ils étaient des milliers à s’y rendre, crevant de faim et de peur, le visage marqué par la malaria, infestés de gale et de poux, cloqués, fuyant leurs champs en ruine parce que le champignon avait tout saccagé. Le mildiou.
Philanthropie.
Quelle blague !
C’est cette philanthropie qui offrait des savons pour que les pauvres crèvent propres. Pour chasser le choléra.
Maudite philanthropie !
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La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l’Empire ne peut plus absorber. Elle a le cœur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n’en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s’entasser dans ses faubourgs sinistres.
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[ fin de la guerre de Sécession ]
Cette fois, plus de blocus ni de navire fantôme.
(…)
Il en sort de partout, des ballots pleins de coton.
La crise est passée.
Il n'y aura plus de disette.
Les dockers sont à l'œuvre et vont fournir aux usines du Lancashire assez de matière première pour habiller le monde entier. Il n'y aura plus de grèves, parce qu'il y a de quoi payer. L'or blanc va inonder le pays et gonfler les avoirs de ceux qui possèdent les machines. Il y aura des promesses, beaucoup de promesses, quelques hausses de salaire, de quoi donner aux travailleurs l'illusion que la vie est belle, que le système est bon, que le capitalisme est humain, que l'argent est un bienfait pour tous. Il y aura du travail pour tous. Ils seront occupés. Ils pourront se bercer de rêves de vie meilleure. Il y aura de l'argent dans les coffres des banques. Il y en aura un peu dans les poches des pauvres aussi. Il n'y aura plus de révolte. Il y aura assez pour les faire taire. Bien assez.
Le moment est passé.
(p. 328-329)
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On sait, à une livre près, ce qu'une machine peut produire, mais je ne connais aucun expert aux services de la Dette nationale capable d'estimer la quantité qu'il y a, à chaque instant, de bien ou de mal, d'amour ou de haine, de patriotisme ou de mécontentement, de désintégration de vertu en vice ou l'inverse, dans la larme d'un seul de ces braves ouvriers au visage impassible et aux gestes bien réglés. Cette machine n'a pas de mystère ; mais il y a un mystère insondable chez le plus insignifiant de ces gens.

Charles Dickens
'Les temps difficiles' (1854)
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Sébastien Spitzer vous présente son ouvrage "Léonie B." aux éditions Albin Michel.
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