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Sébastien Spitzer (Autre)
EAN : 9782757899984
392 pages
Points (01/03/2024)
3.65/5   137 notes
Résumé :
Comment vivre après avoir propagé la mort ?

Un aviateur américain est hanté par la voix d'une enfant rescapée d'Hiroshima.
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 137 notes
Le B-29 nommé Enola Gay était le plus gros avion du monde à l'époque.
Il larguera sa bombe le 06 août 1945 au-dessus de Hiroshima : “Cette boule est la chose la plus puissante.. la plus aveuglante… et la plus brûlante jamais créée… depuis que l'homme est sur terre”. 100 000 morts… (Tiens, une phrase courte sans verbe comme dans ce roman !)

Claude Robert Eatherly était le pilote de l'avion de tête mais c'est en qualité de héros repentant qu'il entra dans l'histoire. Sébastien Spitzer lui fait entendre la voix d'Hanaé, une de ses victimes venue exacerber sa culpabilité et déliter sa vie d'homme, de mari et de père.
Nous partageons la descente aux enfers d'un homme que l'Amérique a voulu faire taire en le broyant.

Ce roman est tiré d'une histoire vraie, l'auteur nous disant : “J'ai raturé les dates, secoué quelques détails, maquillé des prénoms , mais dans le fond tout est vrai.”

Sébastien Spitzer sait nous faire vibrer, il nous imprègne d'une situation tragique et absurde et nous fait partager la mauvaise conscience de celui qui fut un héros malgré lui.
Sa narration est scandée par son écriture rythmée qui nous fait nous enfoncer dans la névrose de guerre de ce héros qui dévisse.
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Dans ce roman, l'auteur nous entraîne sur le parcours et les états d'âme du major Claude Eatherly. Nous faisons sa connaissance en décembre 1955 alors qu'il est hospitalisé en psychiatrie, bourré de neuroleptiques et d'électrochocs tandis que son mariage et sa famille sont en train d'exploser. Ensuite flash-back pour comprendre comment il en est arrivé là.

Claude a un parcours militaire hors du commun. Il est le plus jeune fils de la famille Eatherly qui exploite une ferme et mène une vie austère. Lorsque les USA entre en guerre, les fils aînés sont envoyés au front, cités en exemple, ce qui engendre chez lui une certaine frustration.

Il a épousé une jeune femme d'origine italienne, comédienne ce qui est difficile à une époque où les Américains assimilent tous les Italiens, même ceux nés aux USA, à des fascistes, idolâtres de Mussolini et n'hésitent pas à les placer dans des camps avec des Japonais, des Allemands… Et la belle Anna y a échappé grâce à un juge compréhensif.

Claude est pilote et s'entraîne dans le désert pour une mission : dont il ne connaît rien, top secret oblige, et après des heures d'entraînement direction la base de Tinian « un caillou qui affleure au ras de l'eau, aux confins de la mer des Philippines et du Pacifique Nord » où il va faire des missions de reconnaissance : Tokyo, Kyushu Shikoku, un avant-goût de Hiroshima et Nagasaki… Il ronge son frein, car on lui a parlé de larguer une bombe d'un nouveau genre : « le gadget » comme l'appelle le colonel Tibbets…

En plus, ce ne sera même pas lui que l'on va charger de larguer la bombe, ce qui entretient une énorme frustration et des comportements inappropriées pour manifester son mécontentement. Et pourtant, quand les deux bombes auront été lâchées, une voix va venir le hanter : elle s'appelle Hanae et elle est une des victimes…

Notre major souffre d'un syndrome de stress post-traumatique mais en 1945, l'armée n'en a cure et ne se penche même pas sur son état physique et mental, et de surcroît il devient malvenu d'émettre la moindre critique sur le bien-fondé du largage des bombes atomiques pour faire capituler le Japon, car l'ombre du Maccarthysme se profile à l'horizon.

Sébastien Spitzer alterne dans son récit passé et présent pour mieux faire comprendre le couple Eatherly, la difficulté de vivre avec un conjoint « qui entend des voix » et de cohabiter avec les parents de Claude, les exigences des uns et des autres, mais il donne aussi la parole à Hanae qui raconte le drame des irradiations des morts immédiates et des séquelles plus tardives, et on se plaît à penser que c'est la conscience de Claude qui vient le hanter.

L'auteur décrit bien l'ivresse de piloter, le désir de faire plier le Japon en lançant le « gadget » et la frustration de ne pas être désigné pour le faire, ainsi que le dur retour à la vie normale de celui qui est considéré comme un héros, mais personne n'a vraiment envie d'entendre de qu'il a à dire, ce qu'il ressent, le poids de la culpabilité. J'ai été très touchée par le témoignage d'Hanae retranscrit fidèlement par l'auteur.

Mais, je reste un peu sur ma faim probablement parce que le sujet est terrible, surtout dans le contexte actuel de guerre à nos portes alors qu'on sent que tout pourrait arriver… peut-être aussi parce que j'ai adoré « Ces rêves qu'on piétine » et espéré retrouver le même ressenti… J'ai encore « La fièvre » et « Le coeur battant du monde » en attente dans ma PAL.

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C'était un lundi, le 06 août 1945. Ce jour là, l'Amérique est victorieuse. Elle plastronne, elle jubile. Elle vient de mettre le point final à la seconde guerre mondiale en jetant Hirohito au tapis.
Et quel point final! Flamboyant, incandescent, luminescent. Un feu d'artifice grandiose comme le monde n'en a jamais vu.
Hiroshima. 75000 morts en un battement de paupières, et 70000 autres les jours qui ont suivi. Une ville pulvérisée par un orage qui n'a pas de nom. Ou plutôt si, qui en a même plusieurs. D'abord le "gadget ", puis le "machin", et enfin "Little boy". Les petits gars basés aux Iles Marshall étaient plein d'inventivité pour qualifier cet engin entouré de mystère et de sécurité.
Et tous rêvaient d'en être, ces fiers pilotes, de tenir le manche du B 29 qui ferait d'eux un héros pour la postérité.
Dans le ciel d'Hiroshima, ce jour là, il y en aura plusieurs, de ces forteresses volantes, oiseaux d'acier de quarante mètres d'envergure.
Un seul entrera dans L Histoire, l'Enola Gay.
C'est ici que Sébastien Spitzer fait un pas de côté pour s'attacher à un autre équipage, celui du Major Claude Eatherly. Lui n'a rien largué. Chargé de vérifier la faisabilité de la cible, il a donné le feu vert. Un simple pouce levé, un Ok, un court message qui allait lui coûter son âme.
C'est son histoire que nous raconte l'auteur, entrant par la petite porte d'une vie ordinaire. Claude vient de la campagne, c'est un "bouseux". Mais il a le génie du vol, et la guerre fait de lui ce pilote chevronné, époux d'une femme superbe, père de deux fils qui attendent le retour au foyer du héros.
Héros, il va l'être plus qu'il ne croit. Un héros repentant qui défraiera les médias et agacera l'État-major.
Claude revient hanté. A son retour, c'est la grande débâcle. Il ne gère plus rien, son couple se noie, et il multiplie les séjours en prison et au dispensaire de Waco où les médecins militaires tentent de le faire redevenir l'incarnation de l'Amérique glorieuse.
Claude entend une voix, celle d'Hannae, l'une des 25 vierges d'Hiroshima, dont le visage ravagé et fondu lui serine sans repos les souffrances indicibles de son peuple.
En ce mois d'août 45, Hiroshima n'était peuplée que de femmes, de vieillards et d'enfants. Mais on le sait, dans "l'arithmétique glaciale des chefs d'état-major, les gosses comptent pour rien."
Le destin singulier de Claude Eatherly qui fît de lui l'icône de la repentance, incarne la folie monstrueuse de ces Prométhée ivres de pouvoir qui volent le feu du soleil pour l'abattre sur les hommes.
"C'était une bombe pour rien. C'était juste pour dire aux russes qu'on était les plus forts, avec la plus grosse bombe."
Des milliers de martyrs pour figurer dans le jeu de qui pisse le plus loin...
On peut sans doute s'agacer du choix de l'auteur de coller si près à l'histoire domestique d'Eatherly. C'est pourtant par ce biais qu'à mon sens, l'absurde se dévoile.
D'un côté, la vie ordinaire d'une famille, et de l'autre la grande Histoire, celle qui s'écrit dans les manuels. Cet interstice offre la possibilité de la réflexion, le juste recul.
"Une bombe pour rien", "la bombe de la paix éternelle. "
Le sénateur McCarthy pouvait s'enorgueillir 10 ans plus tard que l'Amérique était la nation la plus forte. Un nouvel équilibre mondial s'est mis en place, inaugurant la guerre froide, et initiant cette appétence outre-Atlantique à jouer les gendarmes du monde...
Un livre qui invite à se souvenir et qui écrit une plaidoirie du "plus jamais ça " que l'actualité tend à oublier...
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Ce roman est inspiré de l'histoire vraie du major Claude Eatherly, jeune pilote américain, ayant participé au bombardement d'Hiroshima.

Décembre 1955 – Claude Eatherly est interné dans une unité de soins psychiatriques à Waco. Il semble en lutte permanente avec ses fantômes, prisonnier de sa conscience anéantie, combattant la voix d'une jeune femme qui martèle son mental.
Comment en est-il arrivé là ?

Juin 1945 – le major Claude Eatherly s'envole pour le Pacifique, pilote à bord de son B-29, bombardier de l'US Air Force, parti faire la guerre…pour ramener la paix.
Il prendra part à plusieurs missions, marquantes pour l'Histoire, et dramatiques pour lui qui s'en retournera, l'esprit torturé.
Une mission historique leur dit-on, pour ces jeunes gens pressés d'en découdre avec cet empereur que l'on doit faire plier.

Dans le même temps, on suit son épouse Anna avec son fils, restée à la ferme avec les parents de son mari dans le Texas ; une ambiance à la Steinbeck.

Le 509e Composite Group est basé sur une île du Pacifique, les missions s'enchaîneront jusqu'au funeste 6 août… L'atmosphère est chargée de silence, engluée dans une brume épaisse et lourde, comme de la mélasse…
Sous le ciel assombri par la menace de l'orage dévastateur qui s'annonce, une jeune japonaise raconte sa tempête dans le delta de l'Ota, près du château de la Carpe où l'armée nipponne a commencé à fusiller ses traîtres.
Quand soudain, une lumière blanche et aveuglante, un embrasement géant… l'amorce du néant…

[…] C'est sans doute cela, la mort ; quand on ne s'appartient plus ; que l'esprit se découple de tout ce qui nous retient. »

Lorsque, démobilisé, le major Claude Eatherly revient au pays, c'est un homme hanté par une voix entêtante qui l'apostrophe et l'obsède, une ruine mentale entamée.
A jamais rongé, il dérive, passe pour fou, plonge dans les ténèbres du remord.
Déboussolé, il entraîne sa famille avec lui, succession de dégâts collatéraux…
*
Trois voix se font écho et se rejoignent au fil de l'histoire.
Au-delà de la tragédie, des morts, et derrière la vitrine d'un pays fier de ses héros, il y a les dessous politiques, les vétérans qui finissent dans la tristesse et l'oubli, les familles éclatées ; et, ici, les rescapées, ces voix...

C'est un roman sombre autour d'un héros de guerre en perdition, une réflexion sur la gloire et la conscience, le remords.
J'ai trouvé la misère psychologique très prégnante dans ce roman ; et quelques difficultés avec certains personnages et leurs réactions. Néanmoins j'ai accroché avec l'histoire et le style.

J'ai découvert l'auteur avec « Ces rêves qu'on piétine », lu et apprécié, il me reste « le coeur battant du monde » et « La fièvre » dans ma PAL, curieuse de me faire mon avis.
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Reste de la lecture de la revanche des orages une légère déception. J'ai été transporté par le roman de Sébastien Spitzer Ces rêves qu'on piétine , alliage de réalité historique et de fiction émotionnelle. les deux romans étaient du même acabit , La Fièvre et le coeur battant du monde.
Le coeur battant du monde , un titre qui dit tout des livres de Sébastien Spitzer : un événement historique , au plus prés des hommes et des femmes avec une empathie pour ces personnages.
La revanche des orages ne devait pas être d'un autre alliage.
La vie de Claude Eatherly , pilote qui a participé au bombardement d'Hiroshima en 1945.
Il revient en héros aux Etats- Unis. Mais pas lui. Il se replie dans son mutisme , entend des voix.
Sa famille se désintègre tout comme son mental.
C'est cette descente aux enfers que nous raconte Sébastien Spitzer et la magie n'opère pas.
Dans très peu de moments je me suis senti touché par ce pilote et sa famille. le désastre nucléaire a aussi eu raison de ma sensibilité !
Il y a néanmoins des moments de grâce avec Hanae, rescapée d'Hiroshima, voix de ce monde détruit.
Reste une lecture agréable , historique et qui donne à réfléchir sur la faiblesse humaine et ses innombrables conséquences.


Lien : http://auxventsdesmots.fr
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critiques presse (2)
Bibliobs
04 novembre 2022
Une tragédie sombre et haletante, regard de pitié sur une conscience broyée.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
25 août 2022
Dans La Revanche des orages, il illustre les tourments de Claude Eatherly, un Texan ayant réalisé une mission de reconnaissance avant le largage de la bombe A sur la ville japonaise, et en éprouva ensuite une culpabilité éternelle.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Il aurait tant voulu qu'Anna réponde. Il a presque oublié son accent d'italienne, sa diction de comédienne, dépeçant les voyelles, arrosant chaque consonne de sa belle conscience vive. Elle était douée, Anna, pour se fondre tout entière dans les décors d'une vie avec ou sans public.
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Pourquoi faut-il toujours que les autres vous préviennent qu'aux heures sublimes succéderont les peines ? Pourquoi faut-il toujours qu'on caviarde son présent par des futurs fébriles ? Elle avait bien assez de la réalité pour se soucier de connaître les nuances du possible. Le mystère n'est pas une idée de presbytère. C'est un torrent puissant dont le grondement est sourd à celui qui pense trop et qui peut être doux à ceux qui osent agir. Il faut tenter sa chance, affronter le hasard. La pensée fige. La vie remue. Les rêves enragent. Les jours diluent. Dire, c'est renoncer à ce qui n'a pas pris forme. Laisser faire, c'est inviter le mystère à tromper l'attendu. Anna a laissé faire. Elle a dit oui à tout, au mariage, à l'enfant, à l'avenir meilleur, et s'est retrouvée là.
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L’ambition, c’est que de la sauvagerie. Ça vous piétine l’ego, ça vous rapetisse l’âme jusqu’à ce qu’on vous accroche une breloque sur le poitrail.
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Mais, ce qui le rend heureux, c’est surtout le mouvement. Non pas le but, parce que dans le but, il y a fatalement une fin. Mais l’élan. Le fait d’être porté vers un ailleurs, comme au temps de son enfance, quand il partait chasser. La prise importait peu. Ce qu’il aimait plus que tout, c’était la poursuite, le prétexte de la traque.
Commenter  J’apprécie          20
L’Amérique faisait la guerre aux Italiens comme elle. Et ses compatriotes, même naturalisés, étaient tenus en respect. Des camps avaient été construits, comme à Crystal City. On y parquait les Ritals comme les Japonais et les Allemands. Une dizaine de camps dont la presse parlait peu. Des camps par précaution… Elle y avait échappé de peu grâce à l’intervention du collaborateur d’un juge très influent, bien introduit dans l’armée.
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Sébastien Spitzer vous présente son ouvrage "Léonie B." aux éditions Albin Michel.
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