AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Patsales


On peut violer l'Histoire à condition de lui faire des enfants. Bon, à l'heure de Metoo, on ne peut pas dire que la phrase de Dumas soit très heureuse, mais elle n'en demeure pas moins pertinente.
Prenons ce livre. L'auteur y insiste dans sa postface : il s'est avalé des tonnes de documents pour nous servir les personnages les plus romanesques qui soient : Karl Marx, le bourgeois révolutionnaire, sa baronne d'épouse, qui préféra la misère à une vie futile, Engels l'ami fidèle et trahi, malgré sa richesse mise au service de la cause, et, cerise sur le pudding, le fils caché de Karl et d'une bonne étourdiment lutinée.
Ça donne envie, hein?
Le problème, c'est que ne souffle ni l'esprit de Dumas, ni celui de Zola, ni celui de Dickens et que ce roman ne tient ni par la lettre ni par l'esprit.
Phrases sèches. Sujet-verbe-complément. À ceux qui n'ont plus rien la pauvreté du style vaut-elle brevet de commisération? Ça se discute. D'autant plus que Spitzer freine sur le romanesque autant que sur l'envolée lyrique. Non pas que l'ouvrage manque de noirs complots: mais ils semblent n'exister que pour habiller un mannequin de bois, faute d'avoir su insuffler de la vie aux différents protagonistes. Ne sachant s'il doit parler du bâtard anonyme à qui il ne réussit pas à façonner un destin ou se pencher sur des célébrités dont il décrit les faits et gestes sans leur donner une intériorité, Spitzer va de l'un aux autres en reliant maladroitement des fils improbables. Un assassinat serait piquant? Un inceste pimenterait l'histoire ? Spitzer bâtit un début d'intrigue puis un autre, relit sa documentation et finalement pose sagement son stylo de peur d'aller trop loin.
On peut donc aller directement aux dernières pages du livre et glaner dans la bibliographie consciencieuse de l'auteur des idées de lecture pour les prochains jours. Quant au coeur battant du monde, ce n'est sans doute pas dans ce trop sage roman qu'on le trouvera.
Commenter  J’apprécie          414



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}