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Critique de Melisende


/!\ Spoilers sur les deux premiers tomes ! /!\

Soeurs sorcières est une des très rares sagas Young Adult qui a su me convaincre. le premier tome m'avait plongée dans un XIXe siècle revisité où une ancienne inquisition mise en place par les Frères, avait lancé une vague de terreur dans la population en accusant les Sorcières de tous les maux. le deuxième volet de l'histoire resserrait l'étreinte des Frères et donc l'angoisse, pour toutes les femmes, d'être arrêtées et enfermées dans un asile, pour n'importe quelle raison (l'envie de s'instruire, une discussion avec un homme dans la rue, des cheveux roux, des paroles jugées déplacées…).
La tension est ici – dans ce dernier tome – à son apogée : les secrets peuvent être éventés d'un moment à l'autre, les Frères n'hésitent pas à sacrifier une grande partie de la population de la capitale pour servir leurs desseins, les conflits entre les trois soeurs n'ont jamais été aussi présents et la terrible prophétie les concernant pèse sur elles comme une épée de Damoclès. L'émotion est au rendez-vous, la tension ne se relâche pas de la première à la dernière page. Ce dénouement confirme, à mon avis, la très grande qualité de cette trilogie que je ne peux que conseiller.

Le livre s'ouvre sur la réaction de Cate au sujet de la terrible découverte faite à la fin du tome précédent. Les deux volets se suivent sans aucun temps mort, sans aucune ellipse narrative. Rassurez-vous, si comme moi vous n'avez plus tous les détails en tête, vous serez vite dans le bain à nouveau. Les choses se remettent facilement en place et l'on reprend exactement là où on s'était arrêté. Il va sans dire que la guerre est définitivement déclarée entre Cate et sa jeune soeur Maura et la pauvre Tess, la plus jeune de la fratrie, a bien du mal à supporter ce conflit qui la met dans une situation délicate sans parler de l'inquiétante prophétie qui la touche de plein fouet.

Encore une fois, j'ai adoré suivre la narration du point de vue de Cate qui, je trouve, est une héroïne admirable sur bien des points. Courageuse, forte, mature, responsable… mais pas non plus Wonder Woman sans failles, la colère lui fait parfois perdre son sang-froid ce qui a des conséquences assez terribles ; elle est terriblement humaine et touchante. J'ai compris chacun de ses agissements, chacune de ses réactions et chacune de ses émotions. Cate est une figure que je pourrais avoir comme amie si elle était faite de chair et de sang. C'est une jeune femme (17 ans me semble-t-il) qui, je le répète, me touche vraiment beaucoup.
J'aime son implication auprès de ses deux soeurs mais aussi et surtout sa volonté de changer les choses. Pas seulement pour mettre les sorcières au pouvoir – contrairement à l'horrible Soeur Inez qui vendrait père et mère pour parvenir à ses fins – mais pour légaliser la sorcellerie, pour offrir la liberté à toutes ces femmes brimées, pour que celles-ci puissent non seulement utiliser leurs dons sans peur de représailles mais que toutes les femmes – sorcières ou non – puissent s'instruire, avoir un métier, voter… pour renverser cette société patriarcale qui soumet les femmes et les « débilise » (dans l'ancien sens de « débile », à savoir « faible/fragile »). Cate c'est une rebelle féministe réfléchie et ça me plaît.

Maura et Tess sont un peu plus en retrait – elles ne sont pas narratrices donc forcément, on les croise un peu moins souvent – mais ont évidemment toutes les deux leur importance dans l'intrigue.
Maura est parfaitement insupportable. Elle était déjà agaçante précédemment mais là on atteint le summum de la jalousie et de la bêtise. Elle rejoint le clan « ennemi », à savoir les rangs de Soeur Inez qui n'hésite pas à briser l'esprit des Frères, à mettre en danger voire à tuer tous ceux qui se mettent sur son chemin. Maura la soutient, heureuse de trouver enfin une oreille attentive à son manque de confiance en elle et à sa jalousie croissante. Je l'ai détestée la plupart du temps, ayant envie de la secouer et de lui hurler d'arrêter de faire sa gamine car ses bêtises ont de lourdes conséquences ; mais en même temps, je peux comprendre le mal-être qui pousse à de tels actes irréfléchis et puis, comme le répète souvent Cate, après tout, elle reste sa soeur…
Tess est finalement la plus discrète des trois. La plus jeune aussi (pas encore 13 ans). Et même si sa sécurité a une importance vitale, elle est finalement assez peu mise en scène dans ce troisième tome. Elle m'a presque manqué et je regrette que la plupart des scènes la concernant nous la montrent infantilisée, fragile et sans défense. En même temps, nous avons uniquement la vision de Cate qui manque très certainement d'objectivité à ce sujet… mais c'est dommage. Beaucoup de responsabilités sur de bien frêles épaules.

Le trio est entouré d'un grand nombre de personnages secondaires plus ou moins traités par Jessica Spotswood. Certains servent juste à meubler le décor, il faut bien l'avouer, mais d'autres ont un intérêt vraiment grandissant et ont su me convaincre au fil des pages. Je pense notamment à Alice et Elena, deux sorcières du couvent auxquelles Cate hésitait à faire confiance et qui se révèlent plein de ressources ; mais aussi au père des trois soeurs Cahill que l'on croise peu mais qui m'a fait très forte impression (et en bien !) et évidemment Finn, l'amoureux plus si amoureux (ceux qui auront lu le tome 2 comprendront pourquoi) qui a su me convaincre une nouvelle fois.
Discret mais sachant être présent efficacement quand il le faut, je trouve qu'il apporte force et apaisement à notre héroïne. Physiquement, Coquelicote l'imagine comme Eddie Redmayne et je suis assez d'accord avec le parallèle. Ce n'est peut-être pas le héros type qui a la cote en ce moment : beau gosse torturé, mystérieux et musclé car au contraire, il est juste normal, réfléchi comme Cate, lui aussi ayant à coeur de vivre dans un monde meilleur, possédant un charme certain, toute en simplicité… et personnellement, j'y suis beaucoup plus sensible. (Je suis pour les héros rouquins ! Ronald Weasley était lui aussi carrément plus intéressant et fun que Harry Potter, non ?)

Je n'ai pas vu défiler les plus de 400 pages et ai même dévoré les cent dernières d'une traite. Dans celles-ci, on sent que tout peut arriver et que la prophétie va se mettre en place… mais quand et comment ? L'urgence de la situation est de plus en plus palpable, les actions se multiplient et l'émotion est plus qu'au rendez-vous ! J'étais pas loin de verser ma petite larme… pas forcément au moment du drame mais par la suite, pendant la scène de sauvetage de l'orphelinat.
Je remercie Jessica Spotswood de ne pas prendre ses lecteurs pour des imbéciles. Soeurs sorcières est une des rares sagas YA qui n'épargnent ni ses personnages ni ses lecteurs et qui ne restent pas en surface, tout ça pour faciliter la vie aux héros et la lecture à ceux qui ont le livre entre les mains. Non. Il y a des pertes, c'est dramatique, c'est triste mais c'est crédible et c'est ce qui fait l'intensité et la force de cette histoire. Tout n'est pas rose et trop facile et c'est tant mieux.

Entre sourires et larmes, entre révolte et soulagement, l'auteure clôt cette trilogie avec justesse et émotions. Si vous cherchez une trilogie bien écrite (de belles descriptions bien dosées, une belle introspection) et délivrant quelques messages intenses, c'est Soeurs sorcières qu'il faut tester !
Lien : http://bazardelalitterature...
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