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Critique de Andromeda06


"Rémi sans famille" est l'adaptation graphique du film éponyme sorti en 2018, lui-même adapté du célèbre "Sans famille" d'Hector Malot. C'est donc l'adaptation d'une adaptation et ça se voit... Je n'ai pas vu le film, je n'ai donc que le roman comme référence et là est certainement mon erreur. Cette bande dessinée ne fait que 58 pages, j'étais donc préparée à ce que l'histoire d'origine soit nettement synthétisée. Je ne m'attendais pas, en revanche, à ce qu'elle soit autant déformée, et de ce fait totalement dénaturée.

Si l'on retrouve bien certains personnages, il faut dire aussi qu'il en manque toute une ribambelle. C'est donc des pans entiers de l'histoire qui manquent à l'appel, pourtant essentiels dans le déroulement des événements. Ici pas de Mattia, ni d'Arthur, ni de famille Acquin, ni même de Dolce ou de Zerbino. Pour la logique et la continuité des événements, certains rôles et actions des personnages inexistants sont attribués à d'autres. C'est ainsi que Lise, par exemple, se veut anglaise, en fauteuil roulant, en convalescence dans une péniche sur les eaux françaises (elle devrait donc être sa soeur, mais même pas...). C'est ainsi également que Vitalis accompagne Rémi jusqu'en Angleterre afin de le rendre aux Driscoll (je rappelle qu'il est censé être mort depuis un certain temps au moment où Rémi foule le sol anglais). C'est encore Vitalis qui le sauve de ses receleurs et c'est là, pris dans une tempête de neige, qu'il meurt, alors que Capi est parti chercher de l'aide, qui ne sera autre que la famille naturelle de Rémi... Enfin voilà, tout ça n'a rien à voir avec l'histoire telle que je la connais et telle que je l'ai aimée.

L'histoire a tellement été réécrite que je n'ai rien retrouvé des lieux visités (qui ne sont d'ailleurs pas nommés), ni de l'ambiance insufflée par Malot, ni des caractéristiques des personnages, ni des événements-clés qui font avancer l'intrigue. On est là dans une version complètement déformée donc, mais aussi beaucoup trop gentillette, où les drames sinon inexistants en sont minimisés. Je n'ai pas reconnu les personnages, je n'ai ressenti aucune empathie pour eux, ni aucune autre émotion d'ailleurs (et pas uniquement pour les personnages, mais pour tout).

Pour avoir déjà découvert le travail de Stalner et Simon dans deux adaptations également ("La curée" et "Pot-Bouille" de Zola), extrêmement fidèles aux originaux (histoire, ambiance, caractéristiques des personnages, décors, etc), j'en déduis que la déformation du roman d'Hector Malot n'est due qu'au film uniquement. Ce n'est donc pas à Stalner et Simon que j'en veux (enfin pas trop), mais à Antoine Blossier, réalisateur et scénariste du film (autant dire que je ne compte absolument pas le voir).

J'avais choisi ce livre en grande partie parce que j'avais déjà été subjuguée par le travail du duo Stalner/Simon. C'est un gros flop côté scénario, c'est en revanche une réussite côté graphisme. J'ai retrouvé le même style de dessins, détaillés, précis, réalistes, fins, avec des nuances de couleurs et un jeu d'ombres et de lumières à couper le souffle.

Connaissant le travail de Stalner et Simon, je ne doute pas que cet ouvrage soit fidèle au film. Ils se sont malheureusement basés sur le mauvais support et je l'ai un peu en travers. Je ne remets pas en cause leur travail mais j'en ressors tout de même extrêmement déçue. le seul plaisir que j'ai eu vient des dessins, mais ce n'est pas suffisant...

À n'ouvrir uniquement que si l'on ne connaît pas l'oeuvre d'Hector Malot.
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