Sot était celui qui croyait que la vie ne tournait pas autour des femmes.
La femme, habillée d'une épaisse pèlerine noire, se tourna vers lui à son tour. De longs cheveux bruns et bouclés, un visage fin et dur à la fois, et surtout des yeux pénétrants, envoûtants même, d'un vert smaragdin que même les ténèbres ne parvenaient pas à occulter. Jamais il n'avait aperçu pareille beauté, sans aucun doute sculptée sur le modèle d'un ange ou d'un démon. Oh que oui, il aurait volontiers troqué son âme contre quelques moments avec elle !
Alathea, dit-il, je ne crois pas au mariage, je n'ai jamais envisagé de renoncer à ma liberté. Je ne crois pas au promesses éternelles ni à l'amour. Je suis un pragmatique, un homme de peu de foi et de peu de vertu. Et pourtant, tu m'as dérobé le coeur comme si j'étais un poète et tu l'as jeté en pâture aux loups du désir. J'ai su, dès que je t'ai vue, que ma volonté n'était plus mienne, que jamais je ne serais plus entier, et que, depuis lors, j'ai besoin de toi pour vivre. Lorsque tu me regardes, j'existe, et lorsque tu détournes les yeux, je meurs.
« En quelques semaines, Meredith était devenue l’ombre d’elle-même, muée en un lieu sinistre où la faucheuse avait établi son comptoir des âmes. »
L'acte charnel le plus intense ne valait rien en comparaison, ou alors il aurait fallut qu'il dévorât son amante, la prît tout entière en lui. La sentît au creux de ses entrailles, emprisonnée par des liens de chair... C'était cela, l'amour : une dévoration.