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Critique de Patsales


Stefansson ne connaît sans doute pas Valéry Larbaud qui parlait de la lecture comme d'un « vice impuni ». Ici, en Islande, lire est puni car lire tue: survivre est une lutte qui ne permet aucune distraction. Une vareuse oubliée, c'est la mort. Encore plus extraordinaire que du Hugo, le combat que mènent les pêcheurs pour arracher leur nourriture à la mer coupe le souffle et glace le coeur.
La mer prend les hommes et les nourrit: cette ambivalence est aussi celle des livres, qui font vivre autant qu'ils tuent et qui, s'ils n'enseignent rien, rendent le monde plus humain. Bardur est mort d'avoir voulu relire les vers du « Paradis perdu ». À quoi bon les retenir, puisque l'épopée de Milton lui a fait oublier ses réflexes de pêcheur? À quoi bon puisque ce poète veut nous apprendre à respecter un Dieu qui, selon Stefansson, n'existe pas? (« abandonné de tous, sauf de Dieu et Dieu n'existe pas »). Mais les livres transforment la vie en destin et les histoires en mythes: le gamin, désespéré par la mort de son ami va connaître les affres de l'émancipation. Fuyant les lois des pêcheurs et précipité dans le monde, le gamin, nouvel Adam, vit la Genèse à l'envers: tenté de délaisser le fruit de la connaissance au profit de la mort, il sera sauvé de cette tentation par les femmes.
Comme beaucoup, j'ai eu du mal avec la deuxième partie de ce livre qui rompt avec l'épopée et l'envoûtement qu'elle procure. Mais c'est aussi tout l'art de la littérature de savoir conter la désillusion, le deuil et le manque.
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