AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bellonzo


Actuellement très nordique dans mes lectures mais bien loin de Wallander et de Millenium je découvre Jon Kalman Stefansson (pour les gars du Nord je me fais grâce des accents, seule liberté orthographique que je me permette). Plus fort pour moi que les deux auteurs précédents, suédois, cet Islandais né en 63 se voit pour la première fois traduit en français avec "Entre ciel et terre", très forte histoire de fortune de mer et drame familial se déroulant dans l'hostilité d'une Islande où les dieux nordiques sont bien peu cléments. Les hommes ici sont pêcheurs, la bière y coule dans les rares estaminets où des femmes rudes et souvent solitaires dispensent une chaleur retenue. La poésie, Barour en est fou. C'est atypique mais pourquoi un âpre matelot d'Islande n'apprécierait-il pas le "Paradis perdu" de Milton, auteur anglais aveugle? Barour tout à sa lecture oublie sa vareuse en partant sur la barque morutière. Fatale distraction sous ces latitudes et le modeste esquif rentrera avec un cadavre gelé. le gamin, c'est ainsi que Stefansson le nomme, en conçoit un chagrin monstrueux. Il était son ami et n'a pu le sauver. Alors le gamin ne voit plus de raison de vivre. Mais avant il entreprend un voyage dans l'île afin de rendre au vieux Capitaine Kolbeinn, aveugle lui aussi comme Milton, ce fameux livre, livre assassin en quelque sorte, le "Paradis perdu". Si la première partie du livre nous cramponne à la coquille de noix en plein Atlantique en un style très riche où ciel, mer, vents et marins se combattent avec un souffle inouï, la deuxième accompagne le gamin dans son voyage-quête pour retrouver le propriétaire de ce livre magique mais désormais maudit.

Cette initiation conduira le jeune homme à croiser d'autres personnages, épisodiques, et cela disperse un peu le propos. Et puis quelque chose de tout bête m'a un peu gêné: il est parfois difficile de s'y retrouver dans les prénoms islandais et de savoir si l'on parle d'un homme ou d'une femme. Inconvénient minime pour qui fait preuve d'un peu d'attention. Mais j'ai aimé me perdre dans ces ruelles d'obscurité et de neige en un univers romanesque fantomatique et qui laisse la part belle à l'imaginaire et à la poésie. Et puis dans la quête, surtout quand elle se veut maritime mes vieux amis Melville et Stevenson errent à jamais au bastingage, en partance, fiévreux. Jon Kalman Stefansson a bien mérité d'eux, lui qui est presque l'homonyme du second. Cap au Nord. Et cap sur l'avis de Dominique, plus enthousiaste encore.
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}