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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


A l'été 2020, dans un fjord de l'ouest de l'Islande, un homme s'éveille sur un banc dans une petite église. Il ne comprend pas ce qu'il fait là, il ne se rappelle pas comment il est arrivé dans cet endroit. Pire, il ne se rappelle pas qui il est, il ne sait même pas s'il rêve, s'il est mort ou vivant.
En sortant de l'église, il découvre dans le cimetière une pierre tombale portant l'inscription « Ton souvenir est lumière, et ton absence ténèbre ». Toujours aussi perdu, il y rencontre une femme, qui le reconnaît. L'inverse n'étant pas vrai, l'homme comprend qu'il est amnésique, mais n'en dit rien et fait semblant, tentant de donner le change. Il rencontre ensuite la soeur de cette femme, puis d'autres personnes qu'il est censé connaître mais dont il ne se souvient pas. Au fil des conversations avec les uns et les autres, il assemble peu à peu les tranches de vie et reconstitue la généalogie d'une saga familiale. Une histoire qui en réalité a débuté 120 ans plus tôt, lorsqu'une femme du peuple a osé écrire un article sur le lombric, ce « poète discret oeuvrant dans la nuit de la glèbe », et qu'elle a osé l'envoyer à une revue scientifique locale qui décide de le publier. Cette femme ne se doutait pas alors qu'elle allait dévier le cours du destin.
Au début tout est nébuleux et flou pour le narrateur (et pour le lecteur), mais peu à peu les morceaux d'histoire s'imbriquent les uns dans les autres et chaque génération prend sa place sur l'arbre généalogique. Les ténèbres s'éclaircissent peu à peu pour le narrateur, sans disparaître complètement. Il est beaucoup question de perte, de deuils, de tristesse, de stagnation, d'ombre et de mélancolie, de sacrifices et de renoncements. Mais tout est dans tout et chaque revers a sa médaille, alors on trouve aussi dans ce roman de la lumière douce, du bonheur tendre, de l'amour, du désir, du sexe, de l'humour et de la joie, du mouvement et de la vie. Et de la poésie, des lettres envoyées ou pas, même aux morts, des coups de téléphone et des e-mails qui arrivent à temps ou non. On croise Zola, Hölderlin et Kierkegaard, des réfugiées syriennes, des touristes japonais, des moutons, des chiens et un chat qui a le mal des transports. On y tire à la carabine sur des poteaux ou des camions, on s'y soûle sous les étoiles et surtout on entend beaucoup de musique avec la « compilation de la Camarde », parce que « le désir le plus brûlant de la mort est d'embrasser la vie, mais chaque fois qu'elle se risque à l'étreindre, elle l'anéantit. C'est là sa plus grande douleur, une douleur que seule la musique a le pouvoir d'atténuer ».
« Ton absence n'est que ténèbres » est un roman un peu déroutant au début parce que sa narration n'est pas chronologique. Mais on apprend très vite à relier les fils entre eux, et la lecture devient alors addictive. Tous les mystères ne seront pas résolus à la fin, on ne saura pas tout, mais c'est sans doute mieux comme ça, parce que: « Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la faculté de vivre, parce que c'est le doute qui pousse l'être humain à aller de l'avant. le doute, la peur, la solitude et le désir ».
Un brin onirique et très nostalgique, ce roman raconte avec un souffle impressionnant des histoires d'amour sublimes et questionne les thèmes de la mémoire, de la transmission et des choix (ou de l'absence de choix) qui déterminent une vie (« On doit toujours choisir de deux choses l'une, mais qu'importe celle que vous choisissez, cela créera toujours un trou noir quelque part. Dans ce cas, comment vivre? »).

« Ton absence n'est que ténèbres » est un de ces rares romans dans les phrases duquel on a envie de s'enrouler tellement l'histoire et l'écriture sont belles, dont on n'a pas envie de sortir tellement on s'y sent bien même si on est heureux et triste en même temps. Coup de coeur pour ce livre ambitieux, lumineux, déchirant, bouleversant, magnifique.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#Tonabsencenestqueténèbres #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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