I seen hunderds of men come by on the road an' on the ranches, with their bindels on their back an' that same damn thing in their heads. Hunderds of them. They come, an' they quit an' go on; an' every damn one of 'em's got a little piece of land in his head. An' never a God damn one of 'em ever gets it.
Ses oreilles entendaient plus qu'on ne lui disait, et sa parole lente avait des nuances, non de pensée, mais de compréhension au-delà des pensées.
George fit claquer sèchement ses doigts. Lennie lui mit la souris dans les mains.
— J’faisais rien de mal avec elle, George. J’faisais rien que la caresser.
J'vas vous dire ce qu'il avait l'habitude de faire... A table, il pelait ses pommes de terre bouillies, et il enlevait la plus petite tache. Et s'il y avait un point rouge sur un oeuf, il fallait qu'il le gratte. Finalement, il est parti à cause de la nourriture.
- Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez-soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d'argent, et puis ils vont en ville et ils le dépensent tout... et pas plus tôt fini, les v'là à s'échiner dans un autre ranch. Ils ont pas de futur devant eux.
Lennie était ravi.
- C'est ça... c'est ça. Maintenant, raconte comment c'est pour nous.
George continua :
- Pour nous, c'est pas comme ça. Nous, on a un futur. On a quelqu'un à qui parler, qui s'intéresse à nous. On a pas besoin de s'asseoir dans un bar pour dépenser son pèze, parce qu'on n'a pas d'autre endroit où aller. Si les autres types vont en prison, ils peuvent bien y crever, tout le monde s'en fout. Mais pas nous.
Lennie intervint.
- Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que... parce que moi, j'ai toi pour t'occuper de moi, et toi, t'as moi pour m'occuper de toi, et c'est pour ça.
Il éclata d'un rire heureux.
Sa main trembla violemment, mais bientôt, son visage se figea et sa main se raffermit. Il pressa la gâchette.
- Continue, George. Quand est ce qu'on pourra l'avoir ?
- Bientôt.
- Toi et moi.
- Toi... et moi. Tout le sera gentil avec toi. On n'aura plus d'embêtements. On n'fera plus de mal à personne, on ne volera plus personne.
Lennie dit :
- Je croyais tu t'étais fâché avec moi, George.
- Non, dit George. Non, Lennie. J'suis pas fâché. J'ai jamais été fâché et je le suis pas maintenant. Ça c'est une chose dont je veux que tu sois bien sûr.
Les voix se rapprochaient. George leva le révolver et écouta les voix.
Lennie supplia :
- Faisons le tout de suite. Achetons la tout de suite, notre petite ferme.
- Mais oui, tout de suite. Je vais le faire. On va le faire tous les deux.
Et George leva le révolver, l'immobilisa et en approcha le Canon tout contre la nuque de Lennie.
Y’a pas besoin d’avoir de la cervelle pour être un brave type. Des fois, il me semble que c’est même le contraire. Prends un type qui est vraiment malin, c’est bien rare qu’il soit un bon gars.
L’embêtant, avec les souris, c’est que tu les tues toujours.
Bon dieu, si j’étais seul, ce que la vie serait facile !