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Citations sur Le poil de la bête (5)

Disons-le ainsi: le Nom de Dieu ne repose pas sur une erreur, il l'expose. Et ce fait est moins comique que tragique. C'est un signe. Un signe de mauvaise augure.
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La précision de Dürer n’a pas vraiment de sens. Les choses n’en deviennent pas plus claires. Au contraire. Elles disparaissent derrière la finesse du trait.
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Satisfaite de son histoire, Madame Rubinstein conduisit Cheng dans la chambre à coucher, qui avait aussi été sa chambre. En lieu et place du futon bas de Cheng trônait à présent dans la pièce la surélévation trampolinienne d’un lit double encastré dans une armature de noyer polie comme un miroir. Cette couche élégante suggérait l’existence passée d’un M. Rubinstein, quel que fût l’endroit où il se trouvait désormais. Cheng exclut l’éventualité qu’il pût encore vivre là. C’était clairement l’appartement d’une femme et d’un enfant, il y avait longtemps qu’un époux et père n’y avait pas établi son ordre ou son désordre. La moitié du lit double était le dernier indice de sa présence. Un indice sans véritable trace. Un vestige bien lissé.

Il va de soi que Cheng s’abstint de s’enquérir de ce M. Rubinstein. Au lieu de cela, il jeta un coup d’œil dans le petit cabinet qui se trouvait derrière la chambre à coucher et qui donnait sur le couloir. Dans le temps, Cheng y avait entreposé toutes sortes de choses pour libérer le reste de l’appartement de ce bric-à-brac. L’ancien débarras était devenu une parfaite chambre d’enfant. Douillette, gaie, colorée et bien équipée, mais pas de cette gaieté colorée qui vous donne le vertige au bout de cinq minutes.

Cheng vit les habituels posters de chevaux et de chanteurs et se demanda pour quelle raison les filles de cet âge se nourrissaient en général d’une passion simultanée pour les chevaux et les chanteurs. Cela ne pouvait être un hasard. Quand deux choses se côtoient en ce monde, ce n’est jamais par hasard.

Pendant un court instant, Cheng se tritura la cervelle : chevaux ? Chanteurs ? Crinières ? Corps trempés de sueur ? Regards éteints ?
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Je ne connais rien aux serpents. Celui-là était vert, assez mince, et il devait mesurer dans les deux mètres cinquante, pour autant que l'on puisse évaluer la longueur de ces créatures qui ne se tiennent jamais droites. Comme la plupart des petits acteurs et des petits politiciens, qui préfèrent le mouvement continuel ou la courbure équivoque. Ces gens ne paraissent pas plus grands qu'ils ne sont, mais leur petitesse reste toujours dissimulée par le brouillard de leur vitalité et de leurs contorsions.
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La chambre de Cheng était quasiment vide. Sur un parquet immaculé était posé un matelas avec sa literie et dans un coin végétait un caoutchouc. En dehors de cela, il y avait juste un petit dispositif installé au sol, comprenant deux écuelles, plusieurs boîtes de nourriture pour chien, deux os empaquetés, une couverture repliée et un petit animal en plastique. L'animal en plastique, Oreillard n'en avait pas besoin. Le reste convenait très bien. Oreillard n'avait jamais joué, même dans sa jeunesse. Ce genre d'activité lui avait toujours paru une expression de désespoir. Or jamais il ne s'était senti assez désespéré pour se mettre à courir après des objets inertes.
Se nourrir, c'était autre chose. Se nourrir était une nécessité qui ne prêtait pas à discussion même si elle créait beaucoup de malheurs dans le monde. C'est avec la pitance que naît la folie qui consiste à tuer et à se faire tuer, la folie de l'inquiétude permanente, de l'obligation de regarder autour de soi, d'être vigilant, envieux, avide, rusé, nerveux, instable. On mange toujours trop ou trop peu et même une honnête quantité laisse une sensation de vide. Mais, comme on l'a dit, impossible d'y renoncer si l'on veut rester en vie. Et Oreillard voulait rester en vie. Renoncer à soi-même lui apparaissait comme la chose la plus désagréable qui fût. Comment pouvait-on à ce point se prendre au sérieux ?
Cela étant, Oreillard n'était pas un glouton. Lorsque Cheng eût rempli une écuelle de viande, il resta immobile devant sa platée, s'abstenant dans un premier temps de faire quoi que ce soit. Son museau ne se plissa pas, ses glandes salivaires ne s'activèrent pas plus que d'habitude. Il resta là, tout simplement, comme le premier chien venu, comme un véritable fossile. Et puis lorsque quelque chose comme une petite auréole menaça de s'allumer au-dessus de ses robustes oreilles, il baissa la tête, ouvrit la gueule à la façon d'un casse-noix et planta des crocs étonnamment bien conservés dans une viande d'une tendreté inconvenante.
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