Du sang sur la Baltique

Comme tous les polars nordiques, l'histoire prend son temps ; on voit l'intrigue se poser peu à peu et les personnages se dévoiler progressivement. On fait connaissance avec eux, on peut les situer et les mémoriser tranquillement.

Malgré tout l'histoire démarre sur les chapeaux de roue avec un meurtre spectaculaire d'entrée de jeu et qui plus est, perpétré aux vues et aux sus d'un sacré paquet de personnes en plein départ d'une frégate au large de l'île de Sandhamn en Suède.

S'en suit le détail de chacun des possibles suspects et l'auteur nous balade de fausses pistes en petites révélations (à petite dose, point trop s'en faut). On sent bien l'enquête piétiner et faire du sur-place. On suit pas à pas le raisonnement des enquêteurs, on s'embourbe avec eux. Mais loin d'être ennuyeux, ce rythme nonchalant mais persévérant me convient tout à fait.

A l'instar d' Arnaldur Indridason, les enquêtes dévoilent les caractères des personnages qui sont au final presque plus importants que le « crime » en lui-même ; en tous cas nécessaire à la compréhension des différents mobiles des uns et des autres des protagonistes.

Évidemment, je ne le nie pas, pour les adeptes du trash, du gore, des enquêtes menées tambour-battant avec un rebondissement à chaque page, ça risque de les décevoir.

Pour ce qui me concerne et très bizarrement, je suis également une adepte inconditionnelle des Thilliez, des Grangé et autre Chattham, Beuglet, Sénécal et bien d'autres, qui nous laissent essoufflés à chaque chapitre.

Mais, j'avoue que j'aime les changements de genre, de rythme dans les histoires pour ne pas rester dans une routine de lecture et se cantonner à un seul style. Ici on fait plus dans le psychologique à dose homéopathique. Il faut aimer. Moi, vous l'aurez compris, cela me convient.

Pour ce qui est des enquêteurs, Thomas et Nora, ce sont apparemment des personnages récurrents. Je n'ai pas lu le tome précèdent mais ça n'a gêné en rien la compréhension de celui-ci.

Je ne vais pas m'appesantir sur le résumé de l'histoire, la quatrième de couve le décrit parfaitement. Je dirai juste qu'il est question dans cette histoire, de malversation, d'évasion et de paradis fiscaux, de conquêtes féminines, de jalousies, de manipulations et du monde de la mer avec ses magnifiques voiliers qui coûtent une blinde.

Pour ce qui est de la chute, je l'ai trouvé originale et surprenante, même si j'avais deviné quelques petites choses avant. Je dis « surprenante » car peu (voire pas) de polars utilisent ce genre de mobile. Maintenant je n'ai pas lus tous les livres et peut-être que cette ficelle-là a déjà été utilisée, mais c'est une première pour moi. Par contre la scène finale dans la forêt m'a paru un peu trop ... grandiloquente et pas trop crédible, mais ce n'est que mon humble avis.

Pour conclure, je dirai que je suis très contente d'avoir découvert cette auteure mais que je ne ferai pas de ses romans mes livres de chevet. Je lirai par contre volontiers à l'occasion un autre livre d'elle pour voir si elle saura ne pas tomber dans les récurrences systématiques et développer la psychologie de ses personnages fétiches que sont Thomas set Nora.

J'ai entendu dire également qu'il y avait une adaptation TV qui existait. J'irai voir aussi volontiers si elle est convaincante. A suivre…